Congratulations! Your support has been successfully sent to the author
L'illusion du printemps...

L'illusion du printemps...

Published Jun 2, 2024 Updated Jun 2, 2024 Culture
time 2 min
1
Love
0
Solidarity
0
Wow
thumb 0 comments
lecture 87 readings
3
reactions

On Panodyssey, you can read up to 10 publications per month without being logged in. Enjoy9 articles to discover this month.

To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free! Log in

L'illusion du printemps...

Je m’entêtais à rejeter la réalité qui me sautait au visage. L'espoir m’a dupé. La révolution qu’on disait secouer les plus grandes villes arabes n’a entraîné que chaos et déchirure.

Le chauffeur du microbus est d’une impolitesse insupportable! Il fume au volant sans se soucier des passagers. J'hésite de parler puis je prends mon courage à deux mains et je me lance. Je lui dis gentiment que c’est interdit. Sans me regarder, devinant de mon accent que je suis étrangère,  il hausse le ton et me balance avec sa fumée :

- Nous sommes en pleine révolution !

Ses yeux brillent. Il en est fier. N'as tu pas lu ce que racontent les journaux du monde entier sur nous? Les passagers écoutent sans réagir. Comme pour me provoquer ou me prouver sa force,  il allume une deuxième cigarette. Cette fois, je proteste avec force et sans attendre. Le chaffeur dodu en fume un bout avant de jeter le mégot par la vitre. Et puis il accelère. Je m’accroche à mon siège vétuste qui bouge dans tous les sens en maudissant l’imam qui lit le coran à haute voix. Quand ce n’est pas ces versets intempestifs qui vendent l’enfer et le paradis dans ces satanés minibus, c’est la musique égyptienne populaire qui me pollue les oreilles. 

Nous sommes en plein révolution. Oui. A Alexandrie, les ordures jonchent le sol, à chaque coin de rue. Personne ne veut plus obéir! Le soir, les Alexandrins ne dorment pas, la chaleur les réveillent. Dans le café, en bas de mon immeuble, tous les week-ends, les hommes du quartier jouent aux cartes sous ma fenêtre, jusqu'au matin. Je ne ferme pas l’œil de la nuit! Dans les cafés, les transports publics, dans les rues, tout le monde parle de ces protestations qui secouent Tahrir Square et toutes les rues du pays. Les discussions sont parfois violentes, elle se transforment en cris ou insultes. 

Nous sommes en plein bouillonement. Moi, mes espoirs de voir un monde "arabe" meilleur se brisent.

Le soleil se couche sur Alexandrie, il vient se poser sur ces vagues douces annonçant un autre jour. Une nouvelle illusion. 

Mardi 14 juillet 2014. 

lecture 87 readings
thumb 0 comments
3
reactions

Comments (0)

Are you enjoying reading on Panodyssey?
Support their independent writers!

Prolong your journey in this universe Culture

donate You can support your favorite writers

promo

Download the Panodyssey mobile app