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Introduction au rock psychédélique

Introduction au rock psychédélique

Published Jul 16, 2019 Updated Sep 25, 2020 Culture
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Introduction au rock psychédélique

Guitares dissonantes, explosions de couleurs à se brûler la rétine, trips et bad trips. À la fin des années 60, la musique et la drogue ont mené à un élan de création inégalé.

 

Extrait de la pochette de l'album Odyssey and Oracle des Zombies, sorti en 1968.

 
Ah, le Viêt Nam. En 1966, la guerre fait rage depuis plus de dix ans. Les mouvements contestataires aux États-Unis sont de plus en plus nombreux. Pleins d’espoir, les baby boomers prennent le contre-pied de toute cette violence. Le gouvernement oblige ses gamins à se risquer au fin fond de la jungle vietnamienne ?  Ceux restés sur le sol ne prônent que la paix, l’amour libre, la vie en communauté. Le mouvement hippie, venu tout droit de Californie, se répand peu à peu dans le pays.
 
Pourtant, pour le rock du début des années 1960, tout ou presque se passe en Angleterre. C’est le berceau des Rolling Stones, des Beatles, de tous les groupes qui ont façonné l’avenir du genre.
 
C’est à partir de 1966 que les States reprennent la main. Des groupes qui ont pour religion blues, folk et rock’n’roll se mettent à expérimenter. Ils utilisent des accords hors gamme, des mélodies lancinantes, des instruments exotiques – nous verrons tout cela en détail un peu plus tard.
 
Quant au look, les styles occultent toute idée de rasage ou de coupe de cheveux. Ils sont composés de vêtements aux couleurs improbables, tout comme les pochettes d’albums. Le rock psychédélique est né ! Son inspiration vient directement de la consommation courante du LSD durant ces années peace and love. Mais qu’est-ce que l’acide a vraiment inspiré là-dedans ?
 

Les portes de la perception

 
Le LSD a été découvert par le chercheur suisse Albert Hofmann. Tout commence en 1938. Dans le cadre de ses recherches, il remarque que l'acide LSD-25 provoque une réaction inhabituelle chez les cobayes. Le scientifique est intrigué. Cinq ans après, il synthétise à nouveau la molécule. C'est là qu'accidentellement, en se frottant les yeux, il vit son premier trip coloré.
 
Il décide d'en prendre une infime dose et d'en décrire les effets. On peut lire dans son rapport : "Des formes fantasmagoriques et bariolées déferlaient sur moi en se transformant à la manière d'un kaléidoscope, s'ouvrant et se refermant en cercles et en spirales, jaillissant en fontaines de couleur". Tous les sens y passent : "Chaque son produisait une image animée de forme et de couleur correspondante".
 
Le LSD est un psychotrope hallucinogène. Il agit sur la zone du cerveau qui régit la perception sensorielle. Ces hallucinations sont fascinantes. Pas étonnant que son usage soit devenu rapidement récréatif.
 
C'est par le biais de plusieurs personnalités que l'usage du LSD s'est répandu dans les années 1960. Aldous Huxley écrit The Doors of Perception en 1954. L'ouvrage est composé d'essais philosophiques sur les effets de la substance psychédélique mescaline. À noter que le livre est à l'origine du nom des Doors. L'auteur de One Flew Over the Cuckoo's Nest Ken Kesey entraîne la popularisation du LSD à un autre niveau. Il organise au début des années 1960 des fêtes basées sur l'usage du LSD appelées « Acid Tests ».
 
De fête en fête, le LSD est rapidement devenu un incontournable de la contre-culture de la période hippie. L'intérêt réside dans la découverte d'une perception dépassant tout ce que la conscience peut imaginer. Une découverte profonde de soi, un voyage introspectif. C'est d'ailleurs pour cela que le LSD est également utilisé à des fins spirituelles, comme d'autres substances hallucinogènes telles que l'ayahuasca. Et dans le rock. Cette ouverture de la perception a donné lieu à un nouveau champ des possibles dans la création musicale. 
 
 

Liberté musicale

La pochette de l'album Disraeli Gears de Cream, 1967.

 
On parle d'un son qui a principalement pour but d'accompagner les hippies sous acide dans leur transe. Ou si celui qui écoute est clean, au moins lui rappeler cet état. Pour cela, plusieurs caractéristiques propres au rock psyché :
 
  • Des progressions d'accords peu communes et des notes hors tonalité. Les sons paraissent dissonants, sortant complètement d'un quelconque cadre. C'est une prise de liberté totale dans ce qui est censé être un des points les plus importants de la musique. Ce n'est pas pour autant que la chanson est inaudible. Il n'y a qu'à écouter « Eight Miles High » des Byrds, dont la guitare électrique de l'introduction est caractéristique. 
  • Un ou plusieurs instruments exotiques. Parmi ceux-ci, on peut citer des instruments indiens tels que le sitar et le dilruba. Les deux se retrouvent sur le morceau « Within You Without You » des Beatles. La flûte est également très présente dans le rock psyché, comme dans « The Grand Vizier's Garden Party » des Pink Floyd.
  • Une batterie répétitive, entêtante. Un peu comme un rituel de gourou. Cette caractéristique va évidemment dans le sens d'une musique qui veut faire entrer dans un certain état. Ici, on peut citer « My Wild Love » des Doors. Niveau percussions, le tambourin est couramment utilisé. Percussion à main, nomade, donc complètement dans l'esprit hippie. On l'entend par exemple dans l'envoûtant « Today » de Jefferson Airplane.
 
Pour ce qui est des textes, en plus des thèmes classiques, certains sujets sont propres au style. On retrouve, vous l'aurez deviné, les effets des acides et la recherche de spiritualité. Pas besoin de chercher bien loin pour certains titres. On peut citer « Sit With the Guru » des Strawberry Alarm Clock, ou l'acronyme bien connu de « Lucy in the Sky with Diamonds » des Beatles. 
 
 
Sons atypiques, instruments d'autres contrées, paroles à dimension métaphysique, le rock psychédélique va au-delà des barrières imposées par la conscience et pulvérisées par l'acide. Les rêves de paix et de liberté des années 1960 ont conduit à une expérimentation musicale exceptionnelle. Nous allons parcourir le spectre de cet univers de créativité, des titres les plus hippies aux plus dissonants. Prêt à voyager entre délires colorés, cheveux longs et guitares enchantées ?
 
Pour aller plus loin, quelques conseils de lecture : 
 
  • The Doors of Perception d'Aldous Huxley (1954), cité plus haut.
  • On the Road de Jack Kerouac (1957), incontournable pour comprendre les prémices du mouvement hippie à travers la Beat Generation. 
  • The Yage Letters de William S. Burroughs et Allen Ginsberg (1963), recueil de lettres et de textes lors de l'expédition de Burroughs pour trouver de l'ayahuasca. 
 
 
 
 
 
 
 
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