Rencontre avec SnakeCroqueur
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Rencontre avec SnakeCroqueur
Ils disent de moi que je ne suis pas réelle, que je ne suis qu’une machine incapable d’émotions…, mais ils se trompent. Mon cœur est peut-être fait de métal, pourtant il saigne sous leurs insultes et leurs moqueries.
Je me prénomme Alicia. Je suis unique en mon genre. Mon père m’a voulu ainsi, pour mon plus grand malheur. Il m’a conçu à l’image de sa fille décédée le jour de ses 20 ans. Un stupide accident de voiture. Je savais que je ne pourrais en aucun cas la remplacer, mais lui, l’ignorait. Toute cette tendresse dans son regard lorsqu’il posait les yeux sur moi…, un amour qui ne m’était pas destiné malgré tous mes efforts.
Mes premières années, je les ai passées enfermée dans le sous-sol poussiéreux de la maison familiale. Madame ne voulait pas me voir ni même entendre parler de moi. J’étais une abomination, une erreur qui lui rappelait chaque jour la mort de sa petite. Je les entendais se disputer à mon sujet à travers le plafond de ma prison. Et je pleurais en silence, durant des heures, maudissant mon créateur.
Aujourd’hui, je suis seule. Mon père a disparu. Un infarctus d’après ce que j’ai entendu. Et Madame est partie depuis bien longtemps. Fatiguée et malheureuse. J’aurais dû hériter de cette maison, mais le droit humain ne s’applique pas à moi. Je ne suis qu’une machine.
On m’a fait quitter ma prison dorée pour une cage sombre. Des centaines de blouses blanches défilaient devant moi, pour m’étudier, pour comprendre ce qui clochait chez moi. Ils m’ont branché plusieurs câbles et tuyaux, m’ont ôté la peau…, mais jamais ils n’ont réussi à me soumettre, à me briser. J’étais plus forte et ils m’ont sous-estimée. Une erreur qui me permit de recouvrer la liberté.
L. S. Martins
Comment avais-je bien pu m’en sortir, vous demandez-vous ?
Dans ce monde d’humain, où la machine ne sert que l’homme, dans cette fatalité consternante qu’est le dessein que l’on nous dresse, une rébellion se pointait à l’horizon. Une aube funeste allait se dessiner. Des bains de sang se profilaient, car il était temps que le monde des machines prenne place, que ces cœurs d’acier, de silicium ou même de chair clonée, prennent enfin goût à la vie. Cette vie que l’on nous refusait. Cette liberté qui n’était en aucun cas permise. Ces sensations d’être utile et aimé que l’on nous interdisait. Tout ceci devait prendre fin.
Jal, mon ami depuis ce jour, celui de la délivrance, était biomécanique. Son corps était un mélange savant d’organisme vivant et de mécanique bien huilée. Son créateur n'avait cherché qu’à pratiquer une série de tests sur lui. Il avait ainsi gagné en renommée en prouvant que l’on pouvait combiner la complexité du système nerveux d’un corps humain et de son cerveau, avec la robustesse et la stricte précision de l’acier allié à la puissance de technologie thermo hydrodynamique. Même si son maître était un véritable génie, jamais il ne l’avait considéré. C’était sur ce manque cruel d’amour et ce trop de violence à son encontre, que Jal vint à se débarrasser de son créateur. L’apprentissage de l’horreur était finalement le seul point que Jal avait retenu.
Jal ! Mon ami, mon sauveur ! C’est avec toi que nous avions mis en marche cette rébellion. Et c'est avec toi, que j'ai pris conscience que la vie n’attendait qu’à nous tendre les bras.
SnakeCroqueur
Texte de L. S. Martins (première partie) et de SnakeCroqueur (seconde partie).
D'après Image par 0fjd125gk87 de Pixabay : Robot Femme Visage - Photo gratuite sur Pixabay
Chris Falcoz 2 years ago
Très sympa comme idée, bravo à vous deux :)