Faire le vide CHAPITRE IX
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Faire le vide CHAPITRE IX
CHAPITRE IX : LA FIN DES RAVAGES
Vassili attendit que Nastia obéisse, puis partit à la recherche de Manu. La nuit était clarteuse grâce à la lumière de la Lune. La police n’avait pas encore été prévenue. Vassia eut une pensée pour le jeune Loïc qui éloignait les curieux à l’entrée du lotissement depuis le début de la « fête ». C’était grâce à ce jeune homme que les flics n’étaient pas encore sur place. Il avait bien aidé à l’organisation du piège tendu à son ami d’enfance. En même temps, Loïc n’avait pas été difficile à convaincre : il admirait Nastia et il ne voulait pas que Manu lui fasse du mal. Vassili se dit que Loïc serait une excellente recrue pour développer le business en Europe de l’Ouest.
C’était vraiment une bonne nouvelle que la police ne soit pas encore informée, car une fois que les flics mettraient leurs nez dans cette histoire, ça risquait de créer un sacré merdier. Vassili n’avait pas fait dans la dentelle dans la maison de Manu : beaucoup de ses chics invités avaient morflé. Pas encore de morts mais ça ne saurait tarder. Certains perdaient beaucoup de sang : ils avaient reçu des débris divers causés par son engin explosif improvisé. Une entrée fracassante comme il aimait les faire. Après cela, ça avait été facile de rendre les invités dociles et obéissants. Vassia les avait tous bâillonnés et attachés pour éviter les fuyards. Le seul qui avait réussi à se barrer, c’était Manu. L’enfoiré ! Mais il n’irait pas loin : Loïc avait eu l’idée d’encercler le lotissement, et avait placé des hommes jusqu’au cours d’eau au cas où il s’enfuirait. C’est aussi Loïc qui prêtait sa maison. Décidément, ce Loïc serait un atout pour le clan de Vassili. Ce dernier se concentra sur la dernière tâche qui lui restait à accomplir au Bois l’Abbé. Il se rapprochait rapidement de l’endroit indiqué par Loïc : la cabane d’enfance.
Manu cavalait dans le Bois l’Abbé, il cavalait comme si sa vie en dépendait. Sa vie en dépendait, littéralement. Pas de destination. Juste partir, quitter ce putain de carnage. Courir, son palpitant rythmant sa fuite : « pam pam pam ». Ça bourdonnait, du fin fond de ses tympans jusqu’à ses orteils. Il se demanda comment ça avait pu dérailler à ce point. Qui était cet homme qui venait de tout foutre en l’air ? Lorsqu’il était remonté après l’explosion, il avait eu du mal à discerner quelque chose car il y avait beaucoup de poussière dans l’air. En s’approchant du salon, il vit ses invités soumis, tous assis tête vers le mur, mains ligotées pour la plupart. Le cerveau de Manu était en ébullition. Il devait se carapater de là, et vissa ! Aller se cacher, ne pas rester à la merci de ce fou furieux, cet homme capable de défoncer une porte d’entrée avec un engin explosif et ne pas avoir peur du bruit et des ravages que cela pourrait occasionner. Il fallait laisser Nastia et toutes les cibles de sa soirée au sous-sol, tant pis.
Manu fit le vide dans sa tête, puis repensa à l’une des dernières conversations qu’il avait eue avec Loïc.
« Si jamais il y a un problème un jour, on devrait se retrouver quelque part. Pourquoi pas à notre vieille cabane ? » lui avait proposé Loïc.
Oui ! La cabane construite pendant leur enfance ! Il s’y précipita sans trop regarder ce qu’il y avait autour de lui, manquant plusieurs fois s’étaler de tout son long dans les ronces. Lorsqu’il arriva au bon arbre, il grimpa rapidement, s’installa sur les planches les plus sûres, puis observa les alentours. Apparemment, rien à signaler pour l’instant. Aucune alarme de police ou de pompiers. C’était étrange au vu du bruit occasionné par l’explosion. Manu calma sa respiration et tenta de trouver un plan pour dégager de là. Il allait attendre Loïc. Ce dernier n’était pas chez lui mais à l’entrée du lotissement, pour surveiller les entrées et les sorties afin que le quartier reste calme et ne trouble pas le ravage prévu ce soir. Il allait bientôt rentrer et se rendre compte du carnage. Il libèrerait certainement les invités, vérifierait le sous-sol, puis viendrait le rejoindre. Il fallait patienter maintenant. C’est sûr, son fidèle ami allait venir le tirer d’affaire. Pour une fois que c’était dans ce sens, il n’avait pas intérêt à se défiler …
Quelques minutes s’étaient écoulées quand Manu entendit des pas rapides qui se rapprochaient de la cabane. Certainement ceux de Loïc. Il se sentit de nouveau maître de lui-même et dit d’un ton hautain :
« J’ai failli t’attendre ! Putain mais qu’est-ce que tu foutais ? T’as pas entendu l’explosion ? Attends, je descends. »
Pour toute réponse, un grognement de rage.
A peine les pieds sur le sol que Manu reçut un coup de poing entre les omoplates qui le fit se tordre de douleur. Il n’arrivait pas à se redresser. Son adversaire se plaça juste devant lui. C’était l’homme de l’explosion ! Dans le clair de lune, son regard n’était que haine et vengeance. Pour la première fois de sa misérable vie, Manu ne se sentait pas tout-puissant. Il avait peur. Exactement la même peur qui se lisait sur le visage de ses cibles lors des ravages, lorsqu’il les obligeait à se dépraver et à avoir mal ,moyennant finance et chantage. Une peur bleue. L’homme prit la parole :
« Alors petite merde. Tu pensais faire toute ta carrière de petit escroc sans rencontrer le moindre souci ? Tu pensais que Loïc n’allait jamais te vendre sale con ? Tu n’es rien d’autre qu’un parasite. Chez moi, les parasites, on les éradique sale enflure ! »
Manu n’eut pas le temps de répliquer. Vassia lui colla une balle dans chaque genou. Manu hurla de douleur et s’affaissa au sol, tête dans les mains.
« Qu’est-ce que vous voulez ? réussit-il à bégayer.
- Je veux que tu crèves, mais avant cela je veux que tu souffres »