Les escalades symétriques sont elles irréversibles ?
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Les escalades symétriques sont elles irréversibles ?
L’actualité internationale me remémore une conférence de René Girard , anthropologue et auteur de plusieurs ouvrages dont « la violence et le sacré ». C’était en 1987, lors d’un séminaire pour dirigeants d’entreprises que je coordonnais.
Il nous expliquait que pour marquer nos différences, nous sommes tentés d’employer les mêmes termes et actes violents que nos adversaires nous infligent. Nous ratons ainsi notre but puisque nous devenons ainsi semblable à l’autre. Les liens nous unissant lors d’une escalade symétrique tissent un miroir mimétique.
Par exemple, l’un de vos collègues que vous n’appréciez pas vous apostrophe en public à la cafétéria : « faut vraiment être nul pour avoir retardé ce projet comme tu l’as fait ! ». Vous vous sentez alors humilié et traité de manière injuste , le projet ayant été retardé à cause de circonstances imprévisibles. La moutarde vous monte au nez et vous êtes tentés de lui répondre du tac au tac : « tu es vraiment un abruti en te fiant aux apparences sans analyse intelligente ! »
Le ton monte , les échanges deviennent de plus en plus agressifs. L’un dit à l’autre : « pas étonnant que ta femme soit partie avec un autre ! » Nous sommes à un doigt d’en venir aux mains. Une grande stupeur règne dans la cafétéria. Les deux protagonistes sont dévalorisés aux yeux de témoins de la scène.
Une escalade débute le plus souvent sur une représentation erronée ou exagérée d’un fait . Non stoppée, elle dégénère en conflit portant sur les valeurs personnelles, et le cas échéant en violence physique.
Pour sortir d’une escalade symétrique, le mieux est de ne pas s’y engouffrer. Des que vous ressentez les émotions exacerbées susceptibles de vous submerger, ralentissez vous et prenez de la distance. S’offrent alors plusieurs options.
- Poser une question : « Quel est ton but lorsque tu m’interpelles comme cela en public ? »
- Refuser : « Je ne veux pas m’engager dans une escalade avec toi »
- Relativiser : « Quel est le lien entre être nul et avoir un projet en retard ? »
- Adopter un profil bas : « Oui, le projet est en retard »
- Ignorer : ne rien répondre.
- Adopter une posture empathique : " En quoi est-ce important pour toi ? Qu'est ce que cela t'apporter ? "
- Remercier : « Merci de me dire en public que je suis nul »
- Caricaturer : « Ah ! tu me tues » en accompagnant ces propos par un geste de harakiri
- Faire preuve de pédagogie : « Donc, tu m’attaques en public. Si je me laissait emporter je te répondrais du tac au tac . tu aurais ainsi envie d’en rajouter à ton tour. Et puis cela déraperait en conflit de valeurs , voire en violence . Est ce cela que tu veux ? »
Et pléthore d’autres options que vous êtes en mesure de trouver en mode lent et distant.
Alexia Monrouzeau 2 years ago
Plus précisément, la petite vidéo: https://www.rene-girard.fr/57_p_44429/le-bouc-emissaire.html
Jean Louis Muller 2 years ago
Merci