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Introduction
Certains livres finissent dans l’âtre d’une cheminée, doucement consumés par la brûlure de l’abîme. Leurs cendres tombent lentement, lambeaux par lambeaux, emportant les mots frappés à l’encre noire sur le papier. Et bientôt il n’en restera qu’un amas grisâtre, oublié dans le foyer d’une cheminée.
Je me suis demandée si les auteurs imaginaient parfois cette scène où les pages soigneusement assemblées de leur œuvre finissent embrasées par les souvenirs. Certains livre siègent sur les étagères d’une bibliothèque, sans jamais connaître le fardeau d’appartenir à un souvenir. Ils resteront indemnes, ouverts machinalement dans un automatisme inerte. D’autres finissent dans l’âtre d’une cheminée. Et entre eux, la vie.
J’ai encore une chose à accomplir. Un objet qui ne peut plus m’appartenir. Je cherche machinalement le pendentif dans le petit tiroir de la table de nuit, sans succès. Je saisis alors le pot à lait contenant tous mes objets du cœur et le renverse sur le matelas. Mes doigts s’aventurent entre les bijoux et je retrouve la bague d’une vieille promesse. Entre tous ces souvenirs, le voilà, si petit et pourtant si lourd de sens. Le puzzle d’argent se promenait à mon cou, il y a une éternité maintenant. Je croyais, naïvement, à l’éternel. Mais aujourd’hui je suis la, serrant le pendentif entre mes doigts, prête à rendre à l’éphémère ce qui lui revient.
Les cailloux blancs roulent sous mes pieds et pourtant c’est à l’intérieur que je chemine vraiment. Après quelques pas couverts par le vacarme du silence, j’arrive à l’orée du bois, en quête de sens. Je m’engouffre dans la forêt, caressée par les broussailles d’un chemin jamais foulé. L’herbe est haute et dense, couverte d’orties et de ronces. Je manque de trébucher à plusieurs reprises sur ce sentier glissant avant d’arriver au passage étroit qui me sortirait de la. Ma robe s’accroche aux barbelés qui l’encadre et j’y vois là un dernier sursaut d’espoir, celui qui ne veut pas mourir. Je traverse cette étreinte lentement, les pieds mouillés par la rosée et le cœur encore humide. Le pré s’étend devant moi, uniquement drapé par le bleu du ciel. Quelques pas encore et j’aperçois cette rivière que j’aime tant, qui porte en son lit un temps révolu. Je dénoue mes baskets noires d’où s’échappent mes pieds et j’avance doucement sur la plage de galets. Le pendentif se balance encore entre mes doigts, savourant ses derniers instants d’objet presque vivant. L’eau de la rivière est très froide et s’enroule autour de mes jambes paralysées quand soudain, le puzzle d’argent me glisse des doigts et tombe à mes pieds, entre les poissons qui remuent le silence. Je plonge la main dans l’eau pour le récupérer et le serrer une dernière fois. S’il doit tomber dans cette rivière, ce sera le fruit de ma volonté et pas d’un hasard maladroit. Une dernière respiration m’engouffre dans cet instant suspendu, je serre le poing, prend de l’élan et ... d’un geste rapide, envoie le pendentif le plus loin possible.
La rivière ondule encore contre moi et mes pensées me ramènent dans le passé.