« C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. »

L’Homme se voit maitre, se croit maitre mais, il n’est rien. Il est poussière, comme une fourmi que le très Haut (vous savez Qui, je ne vais pas vous faire un dessin, en tout cas ce n’est pas un mouton, nous ne sommes pas chez le petit prince) pourrait écraser de son divin pas puis, une tâche sur sa divine peau si peau il y a car Dieu n’est peut-être rien, ne laissons pas cette pensée aux oubliettes de notre esprit. Laissons la, bien en évidence, dans un côté, bien rangé, si cela est possible. Je vous épargne ici, la possibilité que même un côté de l’esprit peut ne pas être au final, et que rien n’est. Mais bon, on se complique déjà assez l’existence, non ?

Reprenons…

Quoi qu’il fasse, il (l’Homme) est poussière, tente de se soustraire à sa condition et y revient, allongé comme un vulgaire reptile rampant, froid et immobile, peu à peu dissout dans le phénomène de putréfaction et il suffirait d’une étincelle pour qu’il soit cendre et mélangé à la terre ; confondu à elle, redevenu, ce rien qu’il est finalement et qu’il a cru ne pas être.

Mais il rêve, l’Homme et, dans sa folie, se voit immortel, se prend pour Dieu en conquérant spatial, si du moins un Dieu existe ou alors il y a encore une histoire de rien là-dessous et résoudre alors la genèse d’un rien semble bien infinie et une torture spirituelle à se faire dresser les cheveux, à se casser la tête jusqu’en Chine.

Si l’Homme n’est rien. Si Dieu n’est rien. L’histoire alors est-elle ? A-t-elle eu lieu ? Ah !,  se serait alors moins passionnant de se cultiver sur l’Histoire avec son grand H d’un Rien. Histoire d’un Rien. Abrégé même en rien car seul le rien a une consistance et une essence… Quoi que ! D’ailleurs, qui le ferait, se cultiver sur un Rien, si nous n’étions rien. Pas même un esprit, un regard. C’est à devenir fou. Non, la folie ne peut être également évoquée car rien ne se peut alors. Il n’y a rien et même le terme « rien » ne peut prétendre à une existence. On dirait alors, comme un théâtre dans un théâtre que nous nous enfonçons dans un abîme qui lui-même n’ a pas lieu d’être, incolore, inodore, transparent, une sorte d’image figée sur un rien présent que nous ne pourrions même pas voir, ni même définir, ni même palper si nous étions tout de même. Je vous dis, c’est une histoire de fou. Mais me suivez-vous ?  Non, ce n’est pas une histoire de fou mais c’est une histoire de rien, vous vous souvenez ?  Je vais vous rafraichir un peu la mémoire… L’homme n’est que poussière… Autrement dit, rien. Rien… Rien… Rien… Rien…

Ah, mais vous êtes là ! Vous m’avez fait peur. Je croyais qu’autour de moi, il n’y avait rien. Je me suis égaré, sur un rien d’ailleurs. Cette feuille blanche, barbouillée de mots bleus, abracadabra, n’est plus. A-t-elle été ?

Non, je vous dis que c’est une histoire de rien. Vous ne comprenez déciment rien. Mais rien de rien à ce rien dont je vous parle depuis le début de ce… Rien. Vous me désespérez. Oh pis zut, je dis rien.

Qui suis-je ?

Je suis personne, je ne suis rien comme je suis homme…

L.G.

(texte inspiré par l'idée originale de mon éditeur Daniel Ziv de z4 éditions, d'écrire sur "Rien" et un jour de publier. Ici, ce n'est bien évidemment que le premier jet...  il se gonflera à l'avenir de mots ou de... rien)