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L'Enfant de Rosporden - 3/6

L'Enfant de Rosporden - 3/6

Veröffentlicht am 22, Dez., 2022 Aktualisiert am 22, Dez., 2022 Kultur
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L'Enfant de Rosporden - 3/6

Une nouvelle  publiée dans mon recueil "Adagio Affetuoso"

Chapitre 3

Peu de temps avant d’arriver à Paris-Montparnasse, le contrôleur revint à la voiture 18 et s’adressa à la jeune fille.

— J’ai réussi à avoir le bureau de police de la gare Montparnasse. Ils ont pris contact avec l’ASE et une assistante sociale va venir récupérer le bébé. Ils vont aussi lancer des recherches à Auray et à Rosporden pour retrouver cette femme qui signe « Sandrine ».

— C’est quoi l’ASE ? Questionna la jeune fille.

— Oui, pardon. C’est l’Aide Sociale à l’Enfance. Enfin, avant, c’est ce qu’on appelait la DASS.

Le bébé commençait à s’endormir, la tête reposant sur la poitrine déjà forte de Stéphanie, sa petite bouche rose mimant la tétée avec un sourire d’ange. Stéphanie le regarda avec tendresse puis jeta un regard aimable à Marc qui lui sourit en retour. Malgré la situation impromptue, elle paraissait heureuse.

Le TGV entra en gare lentement. Le contrôleur se tenait près de la porte, prêt à l’ouvrir et à repérer les policiers. Il avait dû indiquer le numéro de voiture car, à peine le train fut-il arrêté, que Marc et Stéphanie aperçurent sur le quai deux policiers encadrant une femme. Aussitôt la porte ouverte et avant même de laisser descendre les passagers, les policiers pénétrèrent dans le compartiment et s’adressèrent à Stéphanie qui venait juste de se lever.

— Donnez-moi ce bébé. Merci de vous en être occupé, dit le premier.

— Je préfère le garder pour descendre, répondit Stéphanie, en resserrant ses bras sur l’enfant et en se tournant légèrement.

Derrière elle, Marc, à qui elle avait confié sa valise, suivait avec le sac de la mère de l’enfant en plus de sa propre mallette. Une fois le pied posé sur le quai, une femme d’une trentaine d’années, aux cheveux châtain clair attachés en chignon, portant des lunettes carrées et vêtue d’un ensemble grisaille s’approcha de Stéphanie.

            — C’est vous qui avez trouvé ce bébé ? Donnez-le-moi. Je suis assistante sociale. Nous allons l’amener à l’ASE et faire tous les examens nécessaires.

            — Mais je ne l’ai pas « trouvé », répondit Stéphanie, agacée. C’est sa mère qui me l’a confié.

Le ton de l’assistante sociale était assez cassant et n’autorisait aucune interruption. Stéphanie hésita un instant, resserrant un peu ses bras sur l’enfant qui sommeillait à demi. L’assistante sociale tendit alors les bras et s’empara du bébé en lui adressant un sourire crispé.

            — Et ce sac, là, ce sont ses affaires ? Ajouta-t-elle en désignant du menton le sac que portait Marc.

            — Heu, oui, répondit Stéphanie. Mais… Est-ce que je pourrai le voir ? Vous comprenez…

            — Bien sûr. Nous allons faire les démarches administratives. Suivez-moi.

Les deux policiers, l’assistante sociale portant le bébé, Stéphanie et Marc remontèrent le train le long du quai en direction du bureau de police de la gare.

            Lorsque Marc et Stéphanie sortirent du bureau de police après avoir décliné leur identité, répondu à quantité de questions sur ce qu’ils avaient vu, sur la mère de l’enfant, sur eux, ils avaient l’air dépité.

            — Je vous invite à prendre un café, ou quelque chose, questionna Marc.

            — Oui. Je veux bien. Je vais appeler mon amie Sandra. Elle va s’inquiéter. Je devais l’appeler à mon arrivée et ça fait déjà 25 minutes.

            — Vous avez l’air triste, Stéphanie. Ne soyez pas inquiète.

            — Mais, je ne suis pas triste. Je suis inquiète. Ça, je vous l’accorde. Vous avez vu ? Ils le manipulent comme un objet, un paquet. Rien de plus pour eux. Et le regard du bébé. Vous avez vu comme il me regardait avec inquiétude. Où va-t-il atterrir maintenant ? Dans une famille ? Une maternité spéciale ? C’est une maman qu’il lui faut.

Stéphanie appela son amie Sandra. Elle commença par lui raconter toute l’histoire, la mère qui avait fui, la façon dont elle lui avait mis le bébé dans les bras, l’accueil froid et mécanique des policiers et leur regard inquisiteur lors de la scène d’identification au bureau de police, l’assistante sociale, tellement sûre d’elle-même, etc.

            — Tu es toute seule, questionna Sandra ?

            — Oui… Heu… C'est-à-dire (elle jeta un regard sur Marc qui lui chuchota « et avec Marc »), en fait non, je suis avec Marc.

            — Marc Tobiac ?

            — Non, tu ne le connais pas. Je t’expliquerai.

— Hé bien, venez tous les deux. Allez, je vous attends, répondit Sandra.

Illustration : Jean-Marie Gandois, chaumière bretonne

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