Episode 30 : En cavale
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Episode 30 : En cavale
On était en cavale ! Comme des putains de fugitifs… Depuis le dernier coup de l’autre enfoiré, on vivait planqué, loin de toute civilisation, coupé de tout.
Le capitaine avait contacté Léila sur leur canal privé, peu de temps après notre macabre découverte. L’appel avait duré quelques secondes et ses ordres étaient clairs : on devait faire les morts pendant une dizaine de jours. Le temps pour lui de faire la lumière sur cette affaire de merde. Florigan avait vendu la mèche et envoyé les coordonnées du vaisseau au poste. Bien sûr, il nous avait tout mis sur le dos… Quel enfoiré !
On avait à peine eu le temps de dévaliser les vivres de la colonie et de me trouver une putain de combi avant que la cavalerie ne débarque. Heureusement pour nous, dans l’un des hangars de ce tas de rouille de l’espace, un véhicule vieux comme le monde nous attendait bien sagement. Il ne nous mena pas très loin. Le moteur nous a lâchés en cours de route, mais c’était suffisant pour échapper à tous les flics du coin et surtout à cette purée de pois toxique qui nous enveloppait.
Sous les conseils du capitaine, on avait tracé vers le sud. Direction le désert de Moahico. Du sable sur des milliers de kilomètres, pas un pet d’air, un soleil de plomb et une chaleur de fournaise. Un véritable enfer… Et pour couronner le tout, on avait trouvé refuge dans une vieille baraque en bois. Une ancienne station essence, vestiges d’un lointain passé.
Je devenais fou. J’étais comme un dingue enfermé entre quatre planches avec pour unique distraction un vieux magazine de pêche et une synthé sans aucun sens de l’humour. Je tournais en rond, guettant ce qui se passait dehors avec anxiété :
– Fait chier ! On va rester combien de temps enfermé ici ?
Léila venait de faire son apparition. Elle était partie, il y a moins d’une heure. Pour faire un tour, elle m’avait dit… pour essayer ce fichu deux roues qu’elle avait réparé hier.
– Encore 24 heures, le bleu. Calme-toi ! On doit laisser passer cette putain de tempête. Crois-moi, tu ne veux pas rester coincé là-d’ssous !
– Et tu crois que ce taudis va tenir le coup ?
– Pas le choix…
Elle regardait par la fenêtre quasi-opaque de crasse le ciel s’assombrir. Le vent était de plus en plus fort. J’avais entendu dire que dans cette zone de la planète, les nuages étaient chargés de sable qui sous cette température se fige en cristaux de verre… et visiblement, ce n’étaient pas de conneries !
On devait encore patienter vingt-quatre heures avant de pouvoir enfin repartir. Mais au moins, cette tempête avait du bon : elle soufflait direction plein nord. De quoi nous offrir un peu de répit en retardant nos poursuivants.
– Au fait, j’ai eu de nouvelles de l’enquête…
– Quoi !? Quand ?
– Quand j’étais dehors… le capitaine m’a contacté. Ils ont sorti les deux cents corps du vaisseau et ont commencé les autopsies. Mais pas de mystère. La balistique est déjà sur le coup et aucun doute possible, ils ont tous été descendu avec nos armes de service… Le capitaine essaie de calmer l’affaire, mais ça pue !
– Bien sûr que ça pue ! Tu crois quoi ? Tous ces trous du cul de la haute sphère ne veulent qu’une chose : nos têtes… Ils n’ont pas apprécié mon acharnement sur le meurtre de mon crétin de beauf ! Ils me donnent envie de gerber…
– Du calme. Tout n’est pas perdu…
– Tu te fous de moi ?
– Pas du tout… tu ne connais pas bien les synthés, j’me trompe ?
– De quoi tu parles, encore ?
– De mon super pouvoir… et de mon disque dur haute capacité ! J’ai tout enregistré. Tout ce que nous avons vécu. Depuis notre rencontre avec l’araignée dans les Fjords jusqu’à la lecture de la lettre de ce taré de Florigan. Et lorsque le capitaine m’a contacté la première fois, j’en ai profité pour lui envoyer les vidéos. Il les fait analyser en ce moment même pour tenter de nous disculper.
– Vraiment ? Et tu pouvais pas me dire ça avant ?
Je n'espérais aucune réponse de sa part. Je la connaissais par cœur. Un haussement d’épaules, les yeux au ciel et un sourire en coin. Voilà tout ce qu’elle me réservait.
Je sortis en courant de cette bicoque. J’avais besoin de me défouler sur quelque chose. N’importe quoi ! Et le mobilier miteux de la terrasse faisait parfaitement l’affaire. Après avoir envoyé valser les deux tabourets, j'empoignai la table par le pied pour la balancer le plus loin possible. Elle alla s’écraser sur le sol, à quelques mètres de la vieille station essence, se brisant en plusieurs morceaux. Mais je n’étais toujours pas calmé…
Un cri strident retentit. Un hurlement de rage et de désespoir qui sortait tout droit de mes poumons. Je gueulais comme un dingue, à m’en faire mal. À m’en faire pleurer… Je tombai à genoux, épuisé et soulagé. Priant pour que toute cette histoire soit bientôt derrière moi.
Texte de L.S.Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image par Joe Bennett de Pixabay : Station-Essence Années 1950 Mixeur - Photo gratuite sur Pixabay