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Cinq minutes

Cinq minutes

Veröffentlicht am 12, Jan., 2024 Aktualisiert am 13, Jan., 2024 Kultur
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Cinq minutes


Photo de Nathan Dumlao sur Unsplash

 

Cinq minutes

Que feriez-vous, là, maintenant, si vous aviez cinq minutes ? Un petit café ? Un petit tour aux toilettes ? Une petite cigarette pour tuer le temps qu’il nous reste ?
On va compliquer un peu les choses : vous feriez quoi, là, maintenant, si vous n’aviez plus que cinq minutes, à vivre ?

Réfléchir c’est déjà perdre son temps et le temps, lorsqu’il ne reste plus que 300 secondes, vous donne des coups de marteaux avec la rigueur irritante d’un métronome. Le temps de lire ces mots, et de commencer à réfléchir, il ne vous reste déjà plus que quatre minutes. Sentez-vous monter la panique ? Il ne reste même plus le temps de la chanson de Natacha St-Pier et Pascal Obispo, et si l’on devait mourir demain, et bien demain, c'est dans trois minutes.

À quatre heures du matin, un dimanche, la question m’a été posée au sortir d’une apnée de sommeil probablement. Rien de bien méchant. Juste assez pour me dire qu’il me faudrait consulter un mardi, jour de repos, car le rhume descendait vers les bronches. Vers 6 heures, je n’avais plus que cinq minutes à vivre.

Ma bouche grande ouverte offrait à ma chambre le spectacle d’un masque tribal orné d’un trou béant entre les lèvres, un trou sur le vide. J’avais envie de respirer, de toutes mes forces. Mes mains ne m’étaient d’aucun secours, pas plus que mes yeux exorbités, comme si en s’ouvrant grand, ils pourraient m’être d’une quelconque aide pour m’apporter un peu d’air. 

L’instinct de survie prend alors le pas sur la réflexion. J’ai vu sur ma table de nuit ce flacon de gel hydroalcoolique. Nous étions en pleine pandémie de la covid et ce genre de produit était aussi répandu qu’un aérosol de betamimétiques chez un asthmatique. Ainsi, j'ai vu le flacon et j’ai vu le stylo bille. Oui, j’ai pensé à me perforer, à me badigeonner la gorge avec le gel, me perforer la gorge et y planter le tube du stylo. Une trachéotomie à la MacGyver. 

Pas d’air, des mains qui grattent désespérément le torse comme pour y creuser un puits, une cage thoracique enflammée à l’image de celle de Smaug, juste avant de souffler sur les ruines de mes poumons transformés en ville de Dale dévastée par un gigantesque incendie. Une idée comme une autre, une idée de survie qui n’aurait rien changé puisque le problème venait de mes poumons. Deux flasques fermées comme un vieux ballon de baudruche laissé au soleil et dont les parois se seraient soudées. 

Cinq minutes s’est sacrément long, le doigt coincé dans une porte. C’est sacrément court lorsque l’on cherche une issue à la fatalité d’une mort aussi ridicule que certaine. 

Heureusement, l'air est revenu. Vous n’en doutiez puisque j’écris ces lignes. Adrénaline ? Douleur ? Peu importe, j’avais un répit. Il n’était plus question d’attendre mardi. J'avais une seconde chance avant cinq nouvelles minutes. Alors, j'ai pris le téléphone. Urgence. Pas le temps de discuter. Juste celui d’articuler en chuchotant pour garder un débit d’air convenable. Nom, prénom, quinte de toux, adresse, mon numéro affiché est le bon, quinte de toux, silence. 
— Monsieur ? Monsieur ?
— Oui, je suis là. 
Chuchotement : détresse respiratoire, code d’entrée, étage, gauche, fond couloir, gauche, porte. Je vais déverrouiller la porte.
— Les secours arrivent.


Photo de Mat Napo sur Unsplash

Les secours arrivent. Est-ce nécéssaire ? Je ne sais plus. Je me sens tellement plus léger d’un coup. Savoir que les secours arrivent ou ne plus me sentir tout simplement me rend plus serein. Un flash, je suis nu. Sans doute mettre un survêtement serait approprié. Quel drôle d’idée pour un naturiste qui se fout bien de la nudité. Le temps de le mettre. Épuisant. Prendre mes papiers, carte vitale, carte mutuelle, carte d’identité, téléphone. Puis, je ne sais plus.

Des bruits, la porte, des hommes, une femme. Des gilets jaunes, pas ceux des rond-points. Des secouristes, des pompiers, des médecins ? Je n’en sais rien. Des gros sacs, un brancard, puis, de nouveau des lambeaux de brumes.
Ils sont quatre. Trois gaillards, une femme. Je porte un masque sur le visage. Ils me parlent, mais j’ai l’impression qu’ils parlent à un gars derrière moi. Je réponds à sa place, mais j'ignore à quoi. Des voix dans mon salon : « il y en a qui appellent pour rien, mais lui, c’était juste ». C’est marrant comme l’esprit s’attache à de petites phrases. C’était juste. Une fugace pensée vient se glisser dans mon esprit. C’était juste, comme si j’allais m’en tirer. Espoir.

Ils m’emmènent. Étrange déplacement aérien dans les couloirs. L’impression d’être avec des spationautes en combinaisons, destination la Lune. Je flotte dans une dimension parallèle. Tout est au ralenti. Dehors, la nuit, elle aussi, touche à sa fin. Les gyrophares, l’ambulance, mais plus aucune sensation. Pas de froid, pas d’odeur, pas de saveur. Juste du noir et des rayons de lumières tournoyants.

La route, je ne m’en souviens pas. Seulement le bruit mat d’un sac tombé pendant le voyage. Toujours ces petits détails qui ne servent à rien, qui ne sont rien, mais auxquels on s’attache ; ils sont les témoins de notre existence. Descente. Urgences de Tarbes. « Votre nom ? J’en sais rien. Vous êtes monsieur Moujard ? » Il me semble. Je dis oui. Parler est un luxe. Un mot par respiration, c'est énorme, c’est déjà un effort inouï pour respirer.


Photo de National Cancer Institute sur Unsplash

Salle trois. Où sont mes cosmonautes ? À la place, de superbes créatures penchées sur moi. Elles me parlent et je dois répondre, sûrement, mais je ne m’entends pas. Il y a comme un décalage dans l’espace et le temps. J’ai vraiment l’impression d’être l’intermédiaire entre un gars coincé en dessous et moi.

Ça pique. Veine, artère, main. Je n’en sais rien. Tout semble bon pour y enfoncer une aiguille, une voie centrale, une autoroute pour les substances de l’industrie pharmaceutique. Des électrodes sur le corps, un tube dans le nez ou dans la gorge, je n’en sais rien, je ne ressens pas grand-chose. Un masque ? Il me semble.
— Vous revenez, monsieur Moujard. Vous étiez gris, maintenant, vous êtes blanc. 
Autrement dit, je suis passé du stade zombie au stade gisant d’albâtre. Mais, apparement, je suis encore quelque chose. C’est rassurant. Pourtant, je repars. Un oubli de l’autre côté ou la volonté d’y retourner.

Ouverture des yeux sur la machine qui me toise. J’ai dû glisser sur le lit, je suis tout de travers. 6-3. C’est un score de set de tennis ça, pas une tension artérielle ! 6-3, mais ça remonte. On me replace comme il faut.
Perfusion en place, oxygène, dilatateurs bronchiques et les bruits me parviennent de nouveau avec une réelle signification. Les bipbips du contrôle cardiaque, celui de la valve de l’oxygène. Mes poumons sont toujours des braises. Mon cœur, lui, cogne un peu partout dans mon corps. Dans les mains, dans le nez, simultanément entre et dans les yeux, les oreilles, la gorge. Je plafonne à 120 par minutes en permanence, ma tension est remontée et oscille vers les 15-7. Aurais-je un soupçon d’inquiétude.
— Détendez-vous. L’anxiété ne vous aide pas pour respirer.
Sans blague. Ça n'est pas comme si j’étais quasiment parti faire un tour avec la faucheuse, n'est-ce pas ! 

Je me suis déjà vu mourir plusieurs fois, enfant, ado. Deux « presque » noyades, une dans un lac, une autre dans un talus. Une rencontre perdue d’avance entre une Renault Fuego jaune et mon corps d’adolescent. Mais, on oublie, on calfeutre. Je n’avais alors pas souvenir de m'être regardé mourir comme spectateur. C’était une première que cette fois-là. Je croyais être prêt, mais j’ai tellement à écrire encore. Pour moi, pour mes enfants, pour celles et ceux qui aiment me lire.

Je suis stable, mais sous surveillance, porte ouverte sur un monde d’urgence. Les machines me surveillent. Le personnel soignant aussi. Le monde reprend son emprise sur mon corps et mes sensations. De l’eau, une chemise d’hôpital, le froid, ma veste de survêtement au-dessus. Des sourires, des plaisanteries, je vais bien dans ma tête. Je pense de nouveau, sans avoir besoin de l’interprète entre moi et les filles en blouse, aux petits soins, mais la mine soucieuse.

Destination radio des poumons. Je ne suis pas là pour passer le temps. Surtout après ma fantastique entrée par les urgences. Il faut écarter le grand K, entre autres saloperies.
— Ne respirez plus !
Humour de merde ! Je bloque ma respiration, et ça me déclenche une quinte de toux genre flush royale qui me met au tapis. Tousser quand on n’a pas respiré, c'est possible, mais ça fait un mal de chien et ça fait saigner.

Retour au lit. Elle a beau avoir le charme des pays de l’Est, je vois bien qu’elle est soucieuse, mon interne. La saturation en oxygène ne monte pas.
— Vous avez un problème avec votre sang qui fixe mal l’oxygène.
Les gaz du sang. Ça me revient. Les piqûres, analyses de sang. Selon les résultats, les hémoglobines font la grève du transport en oxygène, mais le cœur compense et fait tourner la boutique pour le moment. Autre chose ?
— Vous allez passer un scan, mais en attendant, vous n’avez pas le droit de vous lever, ni vous assoir.
— 15 % de risque d’y passer par embolie pulmonaire.
— C’est ça. Vous savez ?
— Dans une autre vie, c’était un peu mon élément, la pneumo.
Caresse, sourire. 
— Ça va aller.

Pas le choix de toute façon. Reste à attendre dans le couloir cette fois, car les urgences se remplissent et ma salle trois a été réquisitionnée pour un vieil homme qui donne du fil à retordre aux urgentistes. Pas de pronostic vital selon les infos, mais ce n’est pas son point de vue à lui et le Lasilix® qui lui fait se faire dessus n’arrange pas sa complaisance.

Déjà huit heures que les urgences sont mon repos dominical. Ma cheffe est prévenue pour lundi, comme mes amis. Les réseaux sociaux en messages privés ont une utilité, parfois.
Mon chauffeur arrive pour me faire visiter les plafonds de l’hôpital. J’en profite pour signaler l’erreur sur mon nom. Avec mon humour à la con, j’aimerais que l’étiquette sur mon gros orteil soit au bon patronyme, au cas où, et donc y écrire Mojard et non Moujard. Pour la bureaucratie, ça peut faire toute la différence. À tel point qu’au scanner, j’ai failli avoir mon passage dans le tunnel annulé pour ça. Finalement, le scan d’abord, la paperasse à rectifier après. Chance.
— Ne respirez plus, ne bougez plus.
Merde, encore.

Retour sur le circuit plafonnier avec un brancardier tout aussi sympa que le premier. Un voyage au pays des faux plafonds. Il n'y a personne qui songe à les décorer un peu ? En évitant les anges et les trucs du genre, vous y êtes presque, merci.
Mon couloir près de la salle trois. L’attente, les sourires, les caresses. Oui, je suis toujours là et je crois que je vais bien. Puis la bonne et la mauvaise nouvelle. Pas de cancer, pas de risque d’embolie pulmonaire, ça me suffit. La mauvaise ? Il fallait s’y attendre, la saturation toujours dans les choux, la respiration contrainte, les poumons toujours à couvert, prêts à s’enflammer à la moindre occasion. Le « On vous hospitalise » n’est pas une piètre nouvelle, c’est une évidente évidence. J’ai gagné mon ticket pour le service pneumo. J’espère juste ne pas devenir l’homme qui traine sa bouteille d’oxygène sur son petit charriot.


Photo de Ketut Subiyanto

Chambre 105 avec vu sur les Pyrénées, chance ! Enfin, chance, quand la masse nuageuse dans mes poumons daignera libérer la voie aérienne.
— Monsieur Mojard ?
— Oui, c’est moi. 
Victime de la pub, je pense à Cacharel®. En tout cas mon nom est corrigé sur les papiers. Ensuite, on me change les bracelets de poignet et de lit. Le temps de troquer ma bouteille contre le branchement au mur pour l’oxygène, de vérifier ma perfusion et c’est reparti pour des mesures de saturation avec un petit plus : le peak flow challenge. Je rigole intérieurement. Je connais l’instrument, nous nous sommes tellement amusés avec en formation, à tenter de faire péter le score. Mes six litres de capacité pulmonaire ne me serviront à rien, ma force de souffle non plus. 
— Je, garanti pas. Mais vais, essayer.
— Oui, c’est pour commencer. On m’a dit que vous étiez en réseau pneumo, vous savez faire ?
— Oui, le DEP.
Démonstration et heureusement le ridicule ne tue pas : pas le moindre petit pet buccal. À la place, un déferlement de toux et le réveil de Smaug.
— On verra plus tard pour le Peak Flow.
Assentiment visuel. Je ne peux pas faire plus. Un peu d’eau. Des larmes. Et, une fatigue monumentale après dix heures de lutte pour respirer, malgré les produits, malgré les flux.

Le plateau repas, apporté en dehors des heures, est une bénédiction. Les lasagnes sont excellentes. Je suis le plus jeune du service et quel service ! À croire qu’ils passent des castings pour le personnel. J’ai l’impression d’être au cœur d’un épisode de docteur Mamour. Même l’infirmier est un beau mec.
— Ça va aller ?
— Oui. J’ai juste l’impression d’être un poisson hors du bocal. On me fait respirer, on m’asperge les branchies, mais ça va.

Chambre duo, je n’ai plus la mutuelle des laboratoires pharmaceutiques. Chance, je suis seul pour le moment, bien que ça reste un grand mot. La porte est ouverte en permanence, surveillance du bonhomme oblige.
Tension, rythme, saturation, perfusion, antibio, bêta 2 mimétiques, corticoïdes inhalés, oraux. Une journée passe en alternance avec la cantine, remarquable, je l’avoue, et la chimie dans mon sang.

Quelques échanges sur mon ancien job et c’est le retour du Peak Flow. Une réussite pour le geste, un flop pour le score : 400. On est loin, très loin des 640 que je devrais faire selon mon gabarit. C’est un début. Chaque voyage commence par un premier pas. Mon premier pas est un petit pas pour ma part, mais c’est celui de mon humanité.
Je me gère seul, ça donne du temps au personnel en sous-effectif pour s’occuper des patients qui méritent une attention plus importante que la mienne désormais. À l’image de la chambre d’à côté qui a nécessité une réanimation et un décalage forcé des soins pour tous les pensionnaires. Les gestes héroïques quotidiens de ce personnel qui n’a que la reconnaissance de l’ombre.

Je vais mieux. Les nuages se sont dissipés. J’ai une amie qui vient me voir et son temps est pour moi des plus précieux. Lorsqu’on est passé si près de ne plus en avoir, on mesure que le plus beau des cadeaux, c’est ce temps que l’autre vous donne ; du temps emprunté sur son propre capital et qu’il ne retrouvera jamais.
Merci.

Je vais mieux donc. J'ai un voisin de chambre. Quitte à mettre des centaines d’euros de ma poche, je préfère des vacances à Arna plutôt qu’au CHR de Tarbes, je reste ainsi en chambre double. Je suis crevé, à moi de faire de l’humour noir. Les poches sous mes yeux sont aussi caverneuses que mes orbites. Je me suis vu dans la glace. Du moins j’ai vu l’oncle Fétide de la Famille Addams.
Pourtant, il y a toujours pire que soi, et le pire, c’est justement mon voisin. Mon interne est inquiète et moi aussi. On en parle. Je le surveille. Après tout, si l’on est incapable d’aider son voisin de chambre en pareille situation, on ne mérite pas les soins qu’on nous prodigue.

Le repas est servi pour moi comme pour lui. Je préfère le mien. Mon boudin purée est plus appétissant que son eau gélifiée. D’ailleurs, il n’y touche même pas. Comment le pourrait-il, vu son état, sa seule nourriture est celle de ses sécrétions.
Je lui propose mon aide qu’il refusera pour mieux l’accepter une fois l’évidence de son impossibilité acquise. Quarante minutes pour le nourrir d’un petit godet. On reparle du manque de personnel ? Comment voulez-vous que ce soit possible ? Les aides-soignantes, les infirmières, les internes me remercient. D’autant plus que le réanimé qui avait nécessité la mobilisation d’un maximum de personnel est en trains de s’enfoncer.
Je m’occupe donc de mon voisin de chambre. Quarante minutes, ça m’a laissé tout le temps de le regarder, de le scruter. Sa famille est passée. Surprise au début de constater que c’était le malade du lit d’à côté qui s’occupait de le nourrir. Mais, ils ont vite vu et compris. Quelques échanges avec eux m’en apprennent davantage sur ce monsieur.

Mon interne en pneumo est là. Son visage, son prénom sont de petits soleils. On parle de mon voisin pendant qu’elle s’en occupe et que je prépare mon mélange de produits pour une séance respiratoire sous masque. Cependant, avant de mettre mon groin, je lui raconte mon échange avec la famille de mon compagnon de chambre. Elle le trouvait enflé, je confirme une dent mal soignée, voire aucunement. Je pense à un abcès qui lui entrave les voies respiratoires. Lui-même infirme un souci dentaire. Je certifie la parole de la famille et le fait qu’il est fier, buté et sujet à des oublis.
D’avoir parlé avec elle de mon ancien job, le fait de m’avoir vu encadrer moi-même mes soins m’a apporté une certaine crédibilité. Mon assurance a achevé de la convaincre. Elle va en parler au pneumologue.

Sauf qu’avec le pneumo, ce n'est pas gagné. C’est même raté. Ego, quand tu tiens. Elle me regarde, navrée. Je soutiens son regard. Tout se passe dans nos yeux. Le pneumo part avec des consignes d’aspiration régulière pour le patient.  Elle appelle alors un ORL qui débarque tranquillement avec son interne. Il n’a pas atteint le lit qu’il déclare déjà la cellulite dentaire. Il va droit au but. Sans ménagement, insère l’abaisse-langue et soulève le coin de la bouche, libère les gencives et fait mal au patient pour son plus grand bien. Le clin d’œil de mon interne sera ma plus belle récompense de ma vie.


Photo de Carmel Nsenga, Pexel

Mon voisin n’aura été mon voisin que l’espace d’une journée. Son voyage en urgence à Toulouse va lui être salvateur contre sa cellulite dentaire et pour la libération de sa trachée. C’est pour moi un coup de boost incroyable.
En récompense, les membres du personnel soignant me laissent la chambre double pour moi seul, pour le maximum de temps qu’ils pourront. Je refuse, ils insistent, j’accepte.

 Je récupère. Les petites attentions se multiplient. On me passe en chambre simple, sans supplément. Quelques salutations, comme ça, en passant, viennent ponctuer mes journées. Des biscuits, des tisanes le soir. Le temps passe, celui du rétablissement. Prendre mes douches à l’autre bout du couloir reste un parcours du combattant, mais c’est un champ des possibles que je n’imaginais plus.

Les heures passent en emportant les jours. Les lits sont pleins, le service déborde dans les autres. Ma chambre va devoir servir. Le pneumo vient en discuter. Je suis apte à me soigner seul. À faire mes bilans, les communiquer. Bref, il me demande si l’hospitalisation à domicile me conviendrait. Banco.
C’est donc l’heure de la valise, des au revoir avec le personnel. Même une infirmière se fait un peu remettre en place, tandis qu’elle ne lâche pas ma main une fois le cathéter enlevé. Elle maintient la pression sur ma veine qui ne cesse de saigner. L’aide-soignante s’en amuse un peu : « Il peut se comprimer seul, je crois ». Et moi de le faire, sans quitter le sourire de l’infirmière et sans que son pouce quitte le mien. Je la libère. Elle sourit et sort.

Mon interne en pneumo, à son tour, vient me dire au revoir. Elle vérifie une dernière fois que j’ai assimilé les recommandations, prépare les papiers de sortie, de traitement, d’arrêt de travail. Le tutoiement, les tapes sur le bras et les épaules, puis vient le départ. La solitude reprend sa place, renforcée par ses regards des uns et des autres, sans qu’un mot ne vienne, sans polluer les images qui vont rester gravées dans les souvenirs de chacun.

À domicile, ce sera dur. La réalité du quotidien. La cuisine à faire, ses odeurs et mes poumons qui n’en peuvent plus, avant même d’avoir recommencé à sentir le graillon. Il va y avoir du changement dans ma façon de cuisiner et d’envisager la suite. Il y aura du changement dans ma manière de penser, de concevoir les choses et les autres.

Ai-je été là, presque mort, porté par une aile de papillon, juste pour venir en aide à mon voisin de chambre ? Combien d’autres ont été là, presque mort ou pas, uniquement pour me venir en aide sans que je m'en aperçoive ? Nous sommes tous reliés, entremêlés les uns aux autres et nos décisions, nos actes, influent l’existence de tout ce petit monde qui peuple notre belle et seule planète.

J’avais cinq minutes pour mourir, combien en ai-je à vivre désormais ?

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Déjà, la mise en page est parfaite !

Cela donne vraiment envie de lire... Une bel écrin, c'est important surtout sur le web.

Je mets çà dans ma boîte à lire numérique sur Panodyssey. Et dans ma boîte à promouvoir dont une Newsletter Panodyssey Pro 😀

Fantastique tout cela 🔥

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Jean-Christophe Mojard vor 9 Monaten

La mise en page est bien dictée par le petit tableau en haut à droite lorsque l'on rédige. C'est la petite touche Panodyssey qui fait le job !
Si l'on associe à cela à l'épuration du traitement de texte, on va à l'essentiel sans surcharge.
Sur Panodyssey, place au texte, place au plaisir.

En fait l'idée est de proposer une IA bientôt qui pourra améliorer la mise en page lorsque l'auteur le souhaite. Pour lui faire gagner du temps et du confort pour le lecteur.

Nous sommes sur le sujet, on cherche une technologie et des comptabilités, l'air de rien, c'est pas si simple.

En terme IA pour moi, c'est le besoin prioritaire mais je me trompe peut-être.

Ensuite le suivant, c'est l'intégration de la traduction pour les formas longs avec une intégration de type DeepL qui fera un bon boulot et la génération automatique de X nouvelles pages web avec ses images et tags et mise en page.

Perso, j'ai en ai besoin par exemple que je ponds un communiqué de presse.

Par ex. je n'ai toujours pas publié mes dernières annonces en Es It et De car pas le temps de faire les copier / coller - mise en page et tout le tralala donc si j'ai un bouton qui me permet de le faire même si c'est imparfait, ce sera déjà çà. Car je perds du temps précieux pour informer mes petites communautés EU.

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Jean-Christophe Mojard vor 9 Monaten

C'est à cela que peut effectivement servir l'IA, nous faire gagner du temps en allégeant la charge de travail et non faire à notre place.

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