Episode 18 : Une nouvelle mission...
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Episode 18 : Une nouvelle mission...
J’en avais marre. Marre de cette enquête à la con qui ne menait nulle part. Marre de cette coéquipière bornée qui passait son temps à me faire chier. Marre de ce système véreux qui ne profitait qu’aux plus riches...
Deux semaines s’étaient écoulées depuis Osaka. Deux putains de semaines à remplir de la paperasse pour expliquer chaque minute de cette mission de merde. Pourtant, il n’y avait pas grand-chose à dire : on a foncé tête baissée dans le piège d’un psychopathe, voilà tout !
Là-bas, nous attendait toute une bande de dégénérés avides de chair fraîche, armés jusqu’aux dents. On a bien failli tous y rester dans cette rue. Ils étaient putain de nombreux et plutôt bien organisés, jusqu’à ce qu’on décide de se séparer. Léila et moi, munis de nos snipers, en hauteur pour shooter tous les immus planqués et les cinq G.I. Joe au sol, derrière des bagnoles pour finir les autres à coup de fusil à pompe. Après presque une heure de lutte acharnée et un paquet de blessures en tout genre, on a enfin réussi à pénétrer le vieux restau pour y trouver cinq civiles ̶ âgés de 13 ou 14 ans max ̶ encore en vie et deux autres morts, éventrés. On les a évacués et conduits jusqu’à notre hélico duquel nous avons demandé du renfort.
Enfin demandé… négocié serait plus juste. Parce que la haute sphère refusait de comprendre que nous ayons besoin d'une assistance médicale et d’un nouveau moyen de transport. Si les pauvres gosses que nous venions de sauver d’une mort ignoble n’avaient pas les moyens de payer, hors de question de les ramener. Quelle bande d’enfoirés ! Pourris jusqu’à l’os ! On ne pouvait pas laisser crever ces pauvres gamins ici… c’était inadmissible. Alors, avec Léila, nous avons engagé notre paye des deux prochaines années pour les sauver. Rien que ça… Je ne savais pas trop comment j’allais vivre, mais je ne pouvais pas rentrer sans eux.
Depuis notre retour, nous étions sans nouvelles d’eux. Nous n’avions pas eu le droit de les voir à l’hosto et pas moyen de savoir où ils avaient été envoyés juste après. Pourtant, le capitaine avait le bras long. Mais malgré ça, impossible de les retrouver. Ils avaient complétement disparu. Comme s’ils n’avaient jamais existé !
Et maintenant cette nouvelle carte sur mon bureau, qui ne cessait de me narguer. Une vue exceptionnelle sur les Fjords de Nouvelle-Zélande, peu de temps après la baisse du niveau de la mer… Aujourd’hui, il n’y avait plus rien là-bas. Seulement une ville fantôme au-dessus de laquelle flottait un nuage toxique. Hors de question que j’y mette les pieds. Je passais mon tour !
– Alors, il dit quoi aujourd’hui, ton taré ?
Perdu dans mes pensées, je ne l’avais pas entendu arriver ! Léila. Toujours aussi furtive et imprévisible… Elle se vautra dans la chaise devant moi pendant que ses deux molosses me sautaient dessus en bavant partout. Quelle horreur !
– Hax, Rex, vous êtes dégueu ! Allez dégouliner ailleurs, putain…
– Sympa, l’accueil ! Comme toujours… Je croyais qu’avec tout ce qu’on venait de vivre, tu te serais déridé un peu, le bleu !
– Ça va…, fais pas chier, Léila… C’est une photo de la Nouvelle-Zélande, cette fois. Mais sans moi. T’as qu’à y aller toute seule puisque tu aimes tant bosser en solo.
Elle se redressa et m’arracha la carte des mains. Après une longue observation, elle lut à voix haute les quelques mots qui m’étaient adressés : « Alors, le bleu ! Votre petit voyage vous a plu ? Mon petit cadeau aussi, j’espère. Merci de les avoir ramenés parmi nous. Et que pensez-vous de cette vue ? Magnifique, non ? Elle donne envie d’y faire une balade ! »
– Petit cadeau ? Il parle du groupe de gamins ?
– Faut croire, oui…
J’étais tout aussi perplexe que Léila. Nous en savions très peu sur ces jeunes. Ils avaient beau être en bonne santé, ils étaient totalement épuisés et avaient dormi les vingt heures que nous avions passé ensemble.
– Pourquoi il te remercie, le bleu ? C’est comme si on lui avait rendu service en les sauvant. C’est quoi son délire ?
– Comment veux-tu que je sache ? J’ai appelé le capitaine, il n’a pas encore réussi à les localiser. Personne ne semble savoir ce qu’ils sont devenus.
– Quelle merde !
Elle se mit à tourner en rond sous le regard amoureux de Rex et Hax. Pour une fois, j’étais bien d’accord avec elle. Toute cette histoire était vraiment moche et quelque chose me disait que nous n’étions pas au bout de nos peines…
– Et là, il nous envoie où tu dis ? En Nouvelle-Zélande ? L’IAC a localisé l’endroit précis ?
– Pas besoin, je connais cette ville… Tu vois la porte qui surplombe la vallée ?
Léila me fit un simple « oui » de la tête, sans relever les yeux de la photo.
– C’est tout ce qu’il reste d’un vieux palace. Avant que les continents ne bougent à cause de ces putains d’attaques, c’était un hôtel pour riches avec vue imprenable sur le Fjord.
– Ok, laisse-moi deviner : tu y passais tous tes étés quand tu étais môme. C’est ça ?
– Arrête tes conneries ! J’ai tout juste 26 ans, bordel. Réfléchis un peu… j’étais même pas né quand la planète s’est fait attaquer !
Elle fit une étrange grimace, mais je ne relevai pas. Elle avait accès à mon dossier, elle n’avait qu’à vérifier si elle ne me croyait pas !
– OK. Si tu l’dis. Mais tu le connais comment alors ce tas de pierres ?
– Les livres, ça te dit quelque chose ?
Elle bâilla avant de s’étirer. Très humain comme attitude… Puis elle sauta sur ses deux pieds avant de m’envoyer balader :
– Tu m’fais chier tes explications à la mords-moi le nœud, le bleu. Bouge ton cul, on y va.
– Bin, voyons ! Depuis quand tu commandes ?
– Depuis toujours, le bleu…
– Pas cette fois ! Je laisse ma place à un autre. Tu peux peut-être respirer tranquille dans un nuage toxique, mais pas moi. Il me faut tout un costume à la con, pas compatible avec le port des armes et le combat rapproché. Trouve-toi un autre abruti qui acceptera toute cette histoire.
Elle me fit un clin d’œil et sortit. Elle n’avait pas entendu ce que je venais de lui dire. Ou plutôt, elle n’en avait assurément rien à foutre. Elle était bien décidée à suivre les petits cailloux laissés par ce taré, malgré tout ce qu’il lui avait fait subir. J’avais du mal à la comprendre…
– Moridan !
Super. Le capitaine venait de faire son apparition dans mon bureau et semblait furax. Ils étaient tous décidés à m’en faire baver. J’en pouvais plus…
– Oui, chef ?
– Léila m’a fait un topo sur le nouveau message. La Nouvelle-Zélande ? Une bien belle destination…
– Vous déconnez, chef ? On ne va pas accourir chaque fois qu’un taré nous envoie une lettre…
– Et pourquoi pas ? Si cela vous permet de sauver des vies !
– Ouais… parlons-en, tiens ! Plus un rond pendant deux ans pour les voir disparaître à peine arrivés ici... Pas certain que ça en vaille le coup !
– Tout est réglé pour vos salaires, j’ai pu arranger les choses auprès de l’administration. Je n’allais pas laisser mes deux meilleurs agents dans la merde.
Il s'empara de la carte posée sur mes vieux dossiers et sourit en admirant la vue.
– Plus aucune raison de vous plaindre, Moridan. Léila est déjà en train de préparer la mission. Plusieurs gars se sont porté volontaires. Il ne manque plus que vous.
– J’ai pas le choix ? C’est ça ?
– Vous avez tout compris. Je ne sais pas pourquoi il vous a choisi, Moridan, mais ce doit être pour une bonne raison. Rien de tout cela ne serait arrivé sans vous.
– Quelle chance ! Et vous savez ce qui nous attend cette fois ? Aussi bien, vous nous envoyez à notre propre mort.
– J’en doute. S’il avait voulu vu tuer, il l’aurait fait depuis bien longtemps. Croyez en mon expérience !
J’étais le mec le plus poissard jamais vu. Et me voilà embarqué dans une affaire qui me dépassait complétement !
Texte de L.S.Martins (45 minutes chrono, sans relecture).
Image par Enrique Meseguer de Pixabay : Paysage Fantastique Fantaisie - Photo gratuite sur Pixabay