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Chapitre final : L'échiquier atomisé

Chapitre final : L'échiquier atomisé

Veröffentlicht am 20, Nov., 2024 Aktualisiert am 20, Nov., 2024 Biography
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Chapitre final : L'échiquier atomisé

Au moment où je prononce cette phrase, la réalité et la gravité des mots que je venais d’employer me frappent. Comme quand on prononce une pensée et qu’elle se matérialise subitement. Je suspends mon souffle, feignant de respirer les arômes s’échappant du vin rubis que je fais tournoyer dans mon verre, tout en observant l’impact de chaque syllabe. De l’autre côté de notre table aux lumières tamisées avec vue sur le port, je perçois une lueur de joie ou d’exaltation dansant au fond des prunelles d’Emmanuel.

— Tu es vraiment sérieuse, ma chérie ?

Dans sa voix, de la joie teintée de surprise, une once de soulagement et peut-être un soupçon d’appréhension.

— Eh bien oui, pourquoi pas ? Je pense que je devrais prendre un maximum de distance avec William. Fleur est en petite section ; à cet âge, je pense que les conséquences sont moindres. Le souci, ben... C’est lui… Mais j’ai regardé sur Internet, et c’est faisable ; son droit d’accueil serait défini différemment. Il faut que je consulte Moreau, bien sûr, et ça risque d’être très compliqué, voire de complètement foirer ; il fera tout pour. Et, bien évidemment, si jamais ça met en péril mon droit de garde de Fleur, je ne le fais pas… Mais j’ai l’impression que tu n’auras jamais cette mutation et moi, je pense, justement, pouvoir me faire muter à Levallois. Alors, je me dis, on tente et on voit si ça passe ?

Il se lève et m’embrasse les mains, puis les lèvres par-dessus nos verres amoureux. Je souris, heureuse de m’autoriser à caresser l’espoir nouveau d’une vie reconstruite. Ce soir, je ne sais pas vraiment si ce que j’ai lancé se produira réellement, mais sur l’instant, j’ai envie d’y croire. D’oublier Rennes et toute cette fange, et me laisser envoler vers de si jolies hypothèses.

LE LUNDI SUIVANT – 9H03

En arrivant au bureau, je suis concentrée. Si Fleur et moi décidons de partir à Paris avec Manu, je veux qu’elle puisse y faire sa rentrée en moyenne section en même temps que tout le monde. Autrement dit, il faudrait qu’on y soit fin août. Hors de question de lui faire vivre un déménagement sauvage. Il fallait que tout soit carré, mais avant de s’emballer, la première chose à faire était de vérifier la faisabilité du projet. Je badge en vitesse, je me mets en indisponibilité sur le tableau de bord de mon ordinateur avant de glisser dans une salle de réunion déserte. Je compose le numéro du cabinet d’avocat, expose ma demande à la secrétaire et demande s’il est possible d’obtenir un rendez-vous en urgence, avant d’être mise en attente avec Vivaldi en fond sonore. Mon expérience précédente m’avait légèrement échaudée et je craignais de ne pas tenir le coup nerveusement si les délais étaient aussi longs que pour le divorce. Ou alors ce serait pour l’année prochaine, mais qui savait ce qu’il pouvait advenir en douze mois ? Je ressentais une forme d’urgence, je n’oubliais pas les paroles de mon ancienne collègue Virginie, qui m’avait mise en garde dans la galerie commerciale. William préparait un nouveau coup. Une voix féminine coupe brutalement la mélodie. Ce n’est pas l’assistante. Ça me surprend, c’est ma future cavalière blanche en robe d’hermine de l’autre côté de la ligne. Au bout de quelques questions, elle chamboule son agenda et me cale un rendez-vous en fin d’après-midi, ce mercredi. Cette femme est une bénédiction et je ne sais pas encore à quel point.

Mercredi 18H47 :

Quand je sors du rendez-vous avec Maître Moreau, je navigue dans le brouillard. Dans son bureau aux couleurs violettes et noires, nous avons longuement envisagé les choses. Il est nécessaire de saisir un juge aux affaires familiales en référé pour demander le droit de faire déménager Fleur, et cela risque de poser des problèmes si William s’y oppose. Et je sais qu’il le fera. Non pas par amour pour sa fille, mais plutôt par haine envers moi. Je devrais prouver qu’il est instable ou même dangereux, en d’autres termes, fournir des éléments à charge, des attestations décrivant son état psychologique ou ses addictions. Je devrai le salir, mais pourrais-je seulement lui faire ça ? Le mérite-t-il vraiment ? Pourrais-je me le pardonner ? Je rentre, enveloppée dans une brume de pensées, et après une longue réflexion, je téléphone à Johana. Durant des heures, nous revenons sur chaque détail, chaque nuance, chaque mouvement sur l’échiquier à taille humaine qui me retient prisonnière mais je me souviens surtout d’une de ses tirades :

– Y’a pas de divorce propre Juliette. Et encore moins avec lui. Si tu ne prépares pas la guerre, tu ne pourras jamais avoir ta paix. Fais faire des attestations, moi, je t’en fais une dès demain. Demande à tout le monde. Si tu n’en as pas besoin, tu ne les sors pas. Mais au moins tu les auras. Promets-moi que tu vas le faire ?

Quand je raccroche, je sais qu’il me reste une dernière chose à faire avant d’enclencher le compte à rebours me séparant du prochain impact : parler à Fleur. Je la retrouve le jeudi soir, à la sortie de l'école, mais je retiens mes mots, consciente de son besoin de sérénité avant d'aborder des sujets aussi lourds d’implications. Son retour de chez Will la laisse souvent éteinte, silencieuse. Elle se contente d'un goûter frugal avant de s'évader dans sa chambre, sur son tapis nuageux, pour se confier à ses poupées et à son doudou. Mon cœur se serre face à son besoin d'intimité, mais je m'efforce de le respecter. J'aimerais percer chaque secret de son monde intérieur, mais je ne veux pas la brusquer – elle doit naviguer dans un océan de loyautés contradictoires, trop complexe pour son jeune âge. Puis, après ce dialogue silencieux, elle émerge, cherche refuge dans mes bras, et réclame l'étreinte maternelle familière. Dans un ballet aérien, je la fais danser dans les airs, suivant un rituel que nous connaissons par cœur. Ensemble, nous préparons des crêpes colorées, et peu à peu, la douce symphonie de notre quotidien reprend le cours de sa mélodie.

SAMEDI - 15h42 :

Le four ronronne doucement, anticipant les douceurs à venir. Dans le saladier, la pâte à gâteau au yaourt repose, patiente, tandis que je prépare le moule en forme de cœur, le chemisant avec soin pour accueillir son délicieux contenu. À mes côtés, une petite fée coiffée d'une toque de cuisinière brodée à son prénom s'adonne à ses malices enfantines. Avec un sourire espiègle, elle subtilise une lichette de pâte crue, prétextant l'envie de “goûter” le mélange. Je souris, complice, sachant pertinemment que je laisserai, exprès, un peu plus de pâte que nécessaire adhérer aux parois de la céramique – c'est notre petit plaisir coupable : s'enduire les doigts de

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