Elle était là. Survolant les lieux. Rapide, agile et l'oeil aux aguets.

Elle avait un objectif précis : retrouver Grand Mage. Mais cela ne l'empêchait pas de profiter de l'instant.

Le soleil était tout d'abord radieux. Après ce long hiver gris, elle trouvait le retour des beaux jours vraiment revigorant. Le ciel était d'un bleu pastel pur. Sans nuage. Infini. Parfait. Une douce brise de printemps la caressait et lui apportait des odeurs d'herbe coupée fraîchement, dans les champs plus bas. Il y avait aussi la mer non loin qui lui lançait quelques reflets d'or. Ses déplacements dans les airs étaient un vrai plaisir dans ces conditions, en plus d'être un jeu d'enfants.

Quand elle aperçut les lignes ennemies, son allégresse disparut instantanément cependant. Ici, sous elle, des hommes des deux camps se battaient, donnaient leur vie.

Son regard redevint de braise. Son cœur, de la glace. Elle était à nouveau cette arme terrifiante et implacable qu'il fallait qu'elle soit.

Elle savait qu'elle était à la vue de tous et ainsi plus vulnérable mais pour le moment chacun était trop occupé à essayer de rester en vie au sol pour lever le nez. Elle devait trouver sa cible, et vite, pour garder cet avantage. 

Elle détaillait ainsi la zone quand elle le vit ! A la lisière d'une forêt de chênes, loin derrière la bataille. L'homme plongea au même instant ses yeux dans les siens.

Il ordonna aussitôt qu'on l'abatte. Mais dans les airs, elle était dans son élément. Elle jouait avec les courants ascendants et descendants comme personne. Elle fondit vers le sol en zigzag et réussit à atterrir pile en face de lui, sans avoir été touchée.

-Dragonne, grinça-t-il entre ses dents.

-Grand Mage, répondit-elle d'un ton grave mais tranchant comme la mort.

Ils se fixèrent en silence le temps d'un battement de cil puis, au même moment, sortirent de leur immobilité. Il savait qu'il n'avait aucune chance contre elle. Il connaissait les légendes à son sujet. Elle était trop forte pour lui… Pour l'honneur, il sortit toutefois son arme et tenta de tirer sur elle.

Mais elle n'était déjà plus là, réalisant un bond dans les airs. Il n'eut le temps de voir qu'un chatoiement rouge devant ses yeux et il sentit la balle traverser sa poitrine. Il s'affalait déjà sur le sol dans une mare de sang quand elle se réceptionna avec légèreté sur ses bottes de cuir.

À terre, l'homme laissa échapper son dernier souffle…

- Mission Grand Mage réussie, déclara-t-elle à son oreillette.

Elle se réarnacha en un éclair et repartit aussitôt, gracieuse dans le vent, l'esprit léger.

À présent, la paix était de nouveau possible.

Texte : Estelle Lahoussine-Trévoux