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Chapitre 7

Chapitre 7

Pubblicato 3 dic 2024 Aggiornato 3 dic 2024 Young Adult
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Chapitre 7

Je suis coupée dans mon élan en voyant la scène. Amia soutient difficilement Francine qui a l'air de lutter contre la fatigue. Je me précipite vers elles pour les soutenir. Je prends Francine par un bras, et d'un accord tacite, Amia se saisit du second pour l’installer sur le canapé. Je demande ensuite avec inquiétude :

- Qu'est-ce qu'elle a ?

- Je n'en sais rien, je l'accueillais, et tout d'un coup, elle a dit avoir du mal à respirer et elle s'est effondrée ! Comme si elle n'avait plus de force dans les jambes !

Son stress est encore plus important que d'habitude. Il faut que je réagisse au plus vite. Je me laisse conduire par mes instincts et prends la première couverture à ma portée. Je recouvre Francine et vérifie qu'elle respire.

- Francine ? Vous m'entendez ?

Je crois que je l'ai entendue me répondre par un raclement de gorge. Si elle est trop faible, il faut appeler les pompiers. Sans me retourner, j’indique à Amia :

- Appelle le 18.

J'entends dans mon dos des pas précipités, alors je continue à parler pour éviter que Francine tombe dans l'inconscience.

- Je suis Sacha, une amie de Amia. On s'est déjà vues à sa pré-rentrée vous vous souvenez ? Elle est très gentille, vous savez, et elle vous aime beaucoup. Je sais que ce n'est pas moi à qui vous voudrez vous adresser, mais Amia s'occupe d'appeler les pompiers, une fois qu'ils seront là plus rien ne pourra vous arriver, d'accord ?

Je ne me souviens plus pendant combien de temps j'ai parlé ainsi. Quand elle est enfin prise en charge, j’aperçois le regard désespéré de Amia. Les pompiers nous ont aussi amenées à l'hôpital.

C'était horrible de ne pas savoir comment Francine allait et cette attente était l'une des plus longues de ma vie, alors je n'imagine même pas ce que devait ressentir Amia. Ma mère a même eu le temps de venir après que je l'ai informée de ce qu’il s’était passé. Je ne voulais pas partir, mais à 22h30 nous n'avions toujours pas de nouvelles alors ma mère ne m’a plus laissé le choix. J'ai fait un long câlin à Amia qui était en pleurs et je lui ai serré la main jusqu'au dernier moment. Cette soirée-là, j’ai passé mon temps à lui écrire des messages de soutien, malgré les cris de mon père qui ont accompagné notre retour à la maison.

- Ça ne va pas de revenir à cette heure ? On ne t'a pas autorisée à sortir chez une amie pour y rester toute la soirée. !

Je baisse la tête pour ne pas pleurer. Entre le stress, la tristesse et l’appréhension, je n'ai vraiment pas besoin qu'il me crie dessus !

- Sa tutrice a dû aller à l'hôpital.

- Je n'en ai rien à faire de savoir ce qu'il s'est passé ! Quand on te donne un horaire, tu le respectes !

Ma mère s'approche de lui pour essayer de le calmer.

- Ne sois pas si dur avec elle, elle soutenait son amie. C'est déjà assez compliqué pour elle.

Il la repousse violemment.

- Tu trouves que c’est dur pour elle ? Parce que peut-être que pour nous ce n’est pas dur de voir notre fils s'amuser avec son identité ? Ce n’est qu'un bon à rien qui ne veut pas s'accepter comme il est.

Je sens mon cœur se serrer comme à chaque fois que mon père fait ce genre de remarque. Je sens mes larmes monter. Il ne peut pas essayer de me comprendre ? Cette fois, je n’en peux plus de l’écouter sans répondre.

- Tu crois que c'est simple pour moi ? De ne m'être jamais sentie moi-même parce que je suis née dans le mauvais corps ? Et bien, non ça ne l'est pas ! Surtout quand tu ne fais aucun effort pour comprendre mon point de vue et que je dois respecter tous tes désirs pour ne pas que ta réputation soit entachée ! J’en ai marre de ne pas pouvoir révéler mon passé aux autres. Si maman n'avait pas été là, je serais encore coincée dans l'autre collège à mentir à tout le monde sur mon identité de "garçon" ! Je sais que ma transidentité te dégoûte et que tu ne m’aimeras jamais à cause de ça, mais je ne te laisserai pas détruire ma première amitié digne de ce nom ! Quand est-ce que tu vas comprendre que je ne serai jamais comme toi ?

Je me précipite ensuite dans ma chambre, sans attendre sa réponse. Toute mon énergie s'est envolée en même temps que mes paroles.

En passant, je croise mon reflet dans le miroir et la dysphorie de genre me frappe de plein fouet. Ma peur de voir une barbe pousser revient aussi au galop. Il faut absolument que j’obtienne des bloqueurs de puberté au plus vite. Ça devient vital. Le problème, c’est qu’il faut d’abord avoir l’autorisation de mon père, et vu ce qu’il a dit aujourd'hui, ça va être compliqué de le convaincre. Je suis vraiment dans le pétrin.

Comme je sens les larmes au coin de mes yeux, je décide de m'installer dans mon lit. Je sors mon téléphone de ma poche et me concentre sur ma discussion par textos avec Amia pour me changer les idées. Après tout, ce n'est pas la première fois que mon père me fait une crise, c'est même plutôt habituel. Et ma mère qui ne fait jamais rien pour me défendre... Elle préfère essayer de calmer mon père plutôt que de lui reprocher de faire croire à tout notre entourage que je suis un garçon ! J'en ai assez de devoir cacher qui je suis et de ne pouvoir être moi-même qu’au collège. Et encore, sans dire que je suis transgenre ! Je ne supporte plus ces mensonges à répétition et de devoir endosser cette double vie. Je voudrais simplement vivre ma vie sans problème avec les personnes que j'ai choisies et qui m’aiment pour qui je suis.

À ce moment-là, ma mère entre dans ma chambre. Je ne veux pas la voir. Même si je sais qu'elle fait de son mieux pour m'aider, elle préfère au final s'effacer devant l'avis de mon père.

Je me tourne dans mon lit vers le mur pour bien lui faire comprendre que ce n'est pas le bon moment pour discuter.

Elle ne semble pas capter la subtilité puisqu'elle s'assoit à côté de moi.

- Je suis désolée pour ton père…

- Si tu es si désolée, arrête de le dire et prouve-le, répondé-je sans la regarder.

- Tu sais bien comment est ton père, ajoute ma mère comme si elle n’avait pas entendu ma remarque. Ça lui passera.

Cette fois, je me tourne vers elle pour voir son visage. Elle paraît croire ce qu’elle raconte et ça me met hors de moi.

- C’est totalement faux et tu le sais ! Ça fait deux ans que j’ai fait mon coming out et ça n’est toujours pas passé. Tu ne crois pas qu’il aurait dû faire des efforts depuis ? S’il n’a pas changé depuis ce jour-là, je ne vois pas pourquoi il changerait plus tard. Je ne sais même pas s'il connaît le mot de “remise en question”. Il est trop persuadé que c’est moi qui vais changer d’avis !

Ma mère reste silencieuse face à ma remarque. Elle sait que j’ai raison.

- Tu sais, ton père t’aime. Il le montre simplement d’une manière différente de la mienne.

Ça ne sert à rien d’insister, je me rends bien compte que la discussion tourne en rond. Je décide donc d’aborder le sujet qui me préoccupe le plus :

- J’ai vraiment besoin de bloqueurs de puberté. J’ai quatorze ans et ma voix va bientôt muer si je n’en prends pas dans les plus brefs délais.

Ma mère soupire.

- Je sais que tu es pressée de commencer ton traitement, mais tu es encore jeune. Tu n’as pas encore eu le temps de…

- Mais tu dis la même chose depuis des années ! Vous n’allez donc jamais comprendre que ce n’est pas un caprice ou une lubie ? En plus, les bloqueurs de puberté sont réversibles. Ce n’est pas comme si je vous demandais d’être opérée ! Ça fait maintenant très longtemps que je vois le psychiatre et il m’a autorisé à en prendre, qu’est-ce que vous voulez de plus ?

Malgré tous mes efforts pour la persuader que je sais prendre des décisions par moi-même, elle ne veut rien entendre. Rien qu’à la vue de son expression crispée, je comprends qu'elle va rester sur ses positions.

- Sacha, je t’ai déjà dit ce que j’en pensais. Attendons encore un peu.

- Mais attendre quoi au juste ? Qu’un jour, vous décidiez que je sois enfin assez mature selon vous ? On sait toutes les deux que ça n’arrivera jamais. Tu dis être de mon côté, mais finalement, tu es pire que papa. Au moins lui, il assume de ne pas m’accepter comme je suis plutôt que de me le suggérer à demi-mot !

Après mon explosion de rage, ma mère semble s’être pris une claque. Elle se lève lentement et sans se retourner, elle sort de la pièce. Même si je ne voulais pas lui parler au départ, je me sens quand même mal de la voir partir de cette façon. Je suis moi-même choquée de mes paroles tant elles sonnent justes. Je crois que je viens de la blesser, mais j’espère que ça l’aura aidée à réaliser ce qu’elle me fait endurer sans s’en rendre compte.

Sans le remarquer, je me suis mise à pleurer. Je m’en veux malgré tout de lui avoir asséné des paroles si crues. Je suis maintenant quasiment certaine que je n’aurai jamais leur permission pour acheter des bloqueurs de puberté. Sauf qu'il me les faut impérativement. Je ne peux plus continuer sans eux. Alors avec ou sans leur permission, je vais me les procurer coûte que coûte.



Je me réveille le lendemain, encore épuisée malgré mon sommeil profond. J'ouvre mon téléphone. Le dernier message envoyé à Amia apparaît. Je me souviens alors que je me suis endormie en lui parlant ! J'espère que Francine va bien. Je me dépêche de demander des nouvelles en espérant que Amia ne soit pas en colère de l'arrêt subit de mes messages la veille. Je ne pense pas qu'elle aille au collège aujourd'hui, et je peux comprendre. Au moins, elle n’a personne pour l’obliger à s’y rendre contrairement à moi. Même quand je suis malade, mon père me force à venir en cours pour montrer à mes camarades qu'il ne fait pas de privilèges... Je suis sûre que c'est surtout une excuse pour me punir de ne pas être le fils modèle qu’il attend.

J'envoie vite un message à Amia et me prépare en espérant une réponse de sa part.

Pourtant, quand j’arrive au bus, je n’ai toujours rien reçu. Est-elle encore endormie ? Ou ne veut-elle juste plus me parler ? Mon cœur se serre rien qu'à cette idée. En quelques semaines, Amia est devenue quelqu'un de très important pour moi. Sa présence me fait du bien et sans elle, la journée va être interminable...

Le fait qu’elle soit loin de moi, même pour une seule journée, me fait rendre compte à quel point elle m’est chère. Bien plus que n’importe quel ami que j’ai eu par le passé. Je pense à elle en permanence, je la trouve magnifique, douce, attentionnée, forte… Ce que je ressens pour elle est un sentiment que je n’ai jamais connu auparavant. Ce qui est sûr, c’est que je l’aime plus qu’en amitié. Est-ce que c’est ça l’amour ? J’aimerais en avoir le cœur net et partager mes pensées avec elle, mais elle n'a certainement pas la tête à ça. Entre ses problèmes de famille, Francine qui est à l'hôpital et son intégration au collège, je ne vais pas lui ajouter une préoccupation à sa liste.

La journée passe avec lenteur sans Amia, et je me sens soulagée quand sonne enfin la dernière sonnerie. C'est dingue comment une seule personne peut bouleverser une vie au point de ne plus se souvenir comment on faisait sans elle auparavant ! Heureusement, elle m'a envoyé un message dans l'après-midi pour me signaler que Francine était de retour à la maison et qu'elle reviendrait au collège le lendemain. Je voudrais lui demander plus d'informations sur la situation de Francine et surtout qu'est-ce qui lui était arrivé, mais je ne veux pas la brusquer. Je suppose que si elle ne m’en parle pas, c'est que tout va mieux. À la place, je lui ai proposé de se revoir pour l'exposé, mais je pense qu'elle ne voudra pas quitter d'une semelle Francine, ce que je comprends très bien.

Finalement, elle me répond qu'elle viendra la semaine prochaine. Rien qu'à cette pensée, ma journée reprend toutes ses couleurs. J'ai si hâte de la revoir !


Une semaine plus tard, le grand jour est arrivé ! Amia est assise à côté de moi dans le bus. Je lui ai proposé une balade dans le parc avant d'aller chez moi, parce que je n'ai vraiment pas envie qu'elle rencontre mes parents tout de suite. Pendant qu'on marche, elle doit sentir mon stress, car elle me demande :

- Tu t'entends bien avec tes parents ? Tu ne me parles presque jamais d'eux...

Je réfléchis avant de répondre en essayant de détourner la conversation.

- Disons que ce n'est pas l'amour fou. Mais c'est certainement mieux que d'avoir tes parents !

Elle me regarde avec un air de surprise.

- Je comprends que tu dises ça pour ma mère, mais je ne t’ai jamais parlé de mon rapport avec mon père.

Mince ! Je ne peux pas lui dire que j’ai lu la lettre qui était dans sa chambre. Il faut que j’essaie de trouver une explication plausible.

- Disons que, au vu de ce que tu vis, j'ai... supposé que ça ne se passait pas bien.

J’observe sa réaction avec appréhension. Heureusement, elle semble ne pas douter de mon raisonnement.

- C’est vrai. Je n’ai pas une relation idéale avec mes parents. Après, je ne me suis jamais fait battre donc ça aurait pu être pire. Pour faire court, je n'ai jamais connu mon père qui est parti avant ma naissance et ma mère m'utilisait comme sa boniche avant que je parte, sans parler de ses remarques désagréables. Elle est aussi alcoolique donc ça n'arrange pas son caractère.

- Oh non ma pauvre ! C'est pourtant interdit par la loi de te faire travailler comme ça ! Tu sais que tu peux porter plainte ?

- Plus besoin. Depuis que j'habite chez Francine, tout va bien. Et toi, comment sont tes parents ?

Je sens qu’elle ne veut pas s’étaler sur le sujet, ce que je peux comprendre. Moi non plus je n'aime pas m'attarder sur ma relation avec mes parents.

- Je pense que tu vas trouver mon histoire ridicule par rapport à la tienne, mais mon père ne m'a jamais aimée pour qui je suis... Comme je ne corresponds pas à ses critères, il n’arrête pas de me reprocher des choses que je ne peux pas contrôler. Et c'est comme ça depuis des années ! Je ne peux pas avoir une seule discussion normale avec lui sans qu'il ne me rappelle que je ne suis pas assez bien pour lui. En ce qui concerne ma mère, et bien... Elle ne fait rien pour m’aider. Elle attend juste que ses humeurs passent sans prendre position. J'ai abandonné d’essayer de leur faire comprendre ce que je ressentais.

Elle me regarde intensément, comme si elle hésitait à me poser une question. Je prie pour qu'elle ne demande pas plus de précisions, mais bien sûr, je ne peux pas passer outre.

- Et qu'est-ce qu'ils n'acceptent pas chez toi ?

Une sueur glacée dévale mon dos. Et si elle réagissait comme mes parents ? Il faut à tout pris que je trouve un moyen de faire tourner cette situation à mon avantage.

- Je ne te le dirais que si...

Je me creuse les méninges pour trouver un bon compromis... Ça y est, j'ai trouvé !

- Si tu me dis aussi un de tes plus gros secrets. Parce que c'est un des miens. Et surtout, tu dois promettre de ne rien dire.

- Quel genre de secret ?

- Pourquoi tu as changé de collège, par exemple.

Elle regarde au loin, sans doute pour évaluer ma proposition. Je vois bien qu'elle n'a aucune envie de me parler de son passé. J’espère que je n’ai pas dépassé les bornes.

Soudain, elle se tourne vers moi, déterminée.

- Je te raconte pourquoi j’ai dû quitter mon établissement, et toi pourquoi ton père ne t'aime pas. Et on emporte ces secrets dans notre tombe, dit-elle en me tendant sa main.

- Deal.

Je serre sa main pour conclure notre pacte. Je n’arrive pas encore à croire qu’elle ait accepté de s'ouvrir à moi ! Avec le partage d’un de mes secrets, certes, mais c’est déjà bien ! Elle me prend alors la main. Instantanément, je rougis. J'espère qu'elle ne va pas le remarquer ! Elle m'emmène vers un banc en m'expliquant :

- Ça va sûrement durer un long moment alors autant se mettre à l'aise.

On s'installe en silence. Je me prépare à lui annoncer la nouvelle. Et si elle me rejette ? Pourvu que ce soit elle qui commence à parler, là, je ne suis pas prête ! Je la regarde en attendant qu'elle dise quelque chose. Elle évite mon regard. Aucune de nous n’a envie de démarrer la conversation.

- Qui commence ? demandé-je.

Voyant qu’elle ne réagit pas, j'inspire un grand coup pour me jeter à l'eau, sinon on ne va pas avancer.

- Alors, ça va être un peu brutal comme annonce... Je suis transgenre.

C’est cru, mais je ne sais pas comment l'annoncer autrement. Je m'interromps pour voir sa réaction. Et elle... me sourit ! C’est bien la première personne qui a une telle réaction à cette annonce !

- Je m'en doutais, dit-elle avec malice.

- Sérieusement ?! Comment t'as su ?

- Tu es vraiment la Sacha du terrain de foot, n’est-ce-pas ? Tu n’avais pas vraiment l’air dans tes baskets en garçon. Et puis, quand je t'ai revue au collège, tu avais l'air de me reconnaître et... Tes yeux.

- Mes yeux ?

Elle n’arrive pas à soutenir mon regard.

- Je n'aurais jamais pu les oublier. Alors je me suis dit que la seule possibilité qui restait, était que tu sois transgenre. Et je ne me suis pas trompée.

Je suis époustouflée, elle le savait depuis le début ! Et moi qui stressais tellement de lui avouer ! C’est le meilleur coming out de toute ma vie !

- Tu m'as démasquée ! Depuis toute petite, alors qu'on me considérait encore comme un garçon, je ne me suis jamais sentie comme les autres. Je voyais les filles de mon école, et je voulais être comme elle. À chaque fois, je me déguisais en princesse, j'essayais le maquillage de ma mère et ses talons en cachette. Quand je l'ai avoué la première fois à mes parents, j'avais 9 ans. Mon père a dit que je ne savais pas ce que je racontais. Je me suis sentie reniée et incomprise. Je ne me sentais pas bien dans mon corps et je savais que ce n'était pas juste une phase. Pendant des mois, mes parents faisaient comme si rien ne s'était passé, mais mon mal empirait. Je n'en pouvais plus, alors j'en ai parlé à nouveau. Cette fois-là, ils ont arrêté de nier, mais dès que j'avais le dos tourné, ils commençaient des confrontations violentes pour savoir ce qu'il fallait faire. J'ai fini chez le psychologue qui a bien acté que j'étais transgenre malgré la réticence de mon père. Après deux longues années de suivi, j'ai voulu passer à l'étape supérieure. Je voulais faire mon coming out au collège et prendre des bloqueurs de puberté. Sauf que mon père ne voulait pas que ça se sache. En échange d'être transférée dans un nouvel établissement et de me définir comme une fille, il m'a imposé de faire semblant d'être un garçon au foot et lors des réunions de famille. Depuis, je me bats pour obtenir des bloqueurs de puberté. Pour l'instant, je ne leur ai pas encore parlé de mon intention d'être opérée, cela n'envenimerait que la situation. Dès que je serais majeure, je commencerai la procédure. Bref, tout ça pour dire que ce n'est pas la joie à la maison.

Après avoir tout déballé comme ça, je me sens vidée d'énergie. Un silence plane quelques instants avant que Amia ne me dise :

- Je ne sais pas ce que tu dois ressentir en traversant tout ça, mais je te trouve incroyable et très courageuse. Ça doit être si dur de garder ce secret pour toi.

Mes joues s'enflamment à cette remarque et mon cœur qui s'emballe.

- Merci. Toi aussi, t'es incroyable.

Et puis pour ne pas montrer mon emballement, je dis :

- Bon, maintenant à ton tour.

Son expression change instantanément et elle doit inspirer un grand coup pour se lancer.

- Pour commencer, j'étais dans un collège où on m'a harcelée jusqu'au point où j'ai dû être emmenée à l'hôpital. Et tout ça a commencé parce que j'ai dit à mon ancienne meilleure amie que je l'aimais et que j'étais lesbienne. Sauf qu'elle l'a raconté à tout le monde et on a commencé à me regarder autrement. Mes harceleurs ont pris ce prétexte, ainsi que ma couleur de peau, pour faire de ma vie un enfer. Je les ai dénoncés à plusieurs personnes, dont ma mère. Ils n’ont jamais rien fait pour m’aider, surtout ma mère qui n'a jamais accepté que je sois lesbienne. Elle a même essayé de me "raisonner” à faire “le bon choix”. Voilà.

Face à son récit, je suis trop choquée pour répondre quoi que ce soit. Je n'arrive pas à croire que l'homophobie et le racisme soient encore si présents au vingt-et-unième siècle ! La colère monte en moi contre ses agresseurs qui sont le fruit d'une société pleine de préjugés intolérants. J'ai envie de leur faire regretter d’avoir fait du mal à Amia, une personne si fantastique. Amia, quant à elle, semble observer ma réaction et se tromper sur son sens, car elle commence à paniquer et ses paroles s'enchaînent de plus en plus vite.

- Dès que je l'annonce, j'ai l'impression que les autres me voient différemment, comme si j'étais un monstre. Alors, je me suis promise de ne rien dire cette fois.

Maintenant, elle tremble. Je lui prends doucement la main. Elle évite à nouveau mon regard.

- Amia, regarde-moi.

Elle me jette un œil hésitant, mais ne soutient pas mon regard.

- Moi, je t'aime comme tu es.

- C'est vrai ? Tu ne trouves pas que je suis bizarre ?

- Bien sûr que non ! Tu es la plus belle personne que j’ai jamais rencontrée ! Tu ne sais pas à quel point tu es importante pour moi. Depuis que tu es arrivée dans ma vie, elle n’est que plus belle. Tu es la seule à qui je me suis confiée sur qui j'étais vraiment à part mes parents. Je crois que tu ne te rends pas compte à quel point tu es unique et spéciale. Surtout à mes yeux. Je t’aime tellement.

Je marque une pause, indécise avant d'ajouter, le cœur battant :

- Et pas qu'en amitié. Je t'aime de façon romantique.

Pendant ma déclaration, je n'ai pensé à rien, sauf à dire ce que j'avais sur le cœur. Maintenant que j'ai arrêté de parler, j'observe plus attentivement son visage si beau et si doux. Elle a une expression indéchiffrable avant de se mettre à pleurer. Je suis déboussolée. Elle pleure de joie ou de tristesse ? Si elle ne dit rien, je crois que je vais devenir folle ! Entre ses sanglots, elle finit par me dire :

- Désolée... Je suis juste tellement surprise... Et heureuse !... Moi aussi, je t'aime romantiquement.

J'ai l'impression que mon cœur va exploser de joie ! Elle ne m'a pas rejetée ! Je la prends dans mes bras et j’éclate en sanglots, tant je suis heureuse. On finit par rigoler en même temps que de pleurer.

Après un moment, on se lève main dans la main, pour nous rendre à ma maison. Je me sens si heureuse et légère. Je me dis alors que plus rien ne peut m'atteindre tant qu'Amia reste à mes côtés.

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