Dan Ron Mafate – Au Coeur de Mafate
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Dan Ron Mafate – Au Coeur de Mafate
L'interieur de l'île de la Réunion ce sont donc 2 volcans (Piton des Neiges, éteint, Piton de la Fournaise, actif) et 3 cirques (Mafate, Cilaos et Salazie).
Des 3 cirques, le cirque de Mafate est le plus enclavé. En effet, aucune route ni aucun véhicule n'y circule. Tout se fait à pied.... ou en hélico. Je vous avais déjà parlé du haut du piton Maïdo de cette grande muraille impressionnante délimitant le contour du cirque de Mafate. Eh bien pour ce week-end, je suis rentré dedans. Et maintenant, j'ai compris ! J'ai compris tout ce qu'on me raconte depuis la France ou depuis que je suis ici, mais qu'il faut expérimenter pour vraiment percevoir et ressentir. J'ai compris ce que randonner au cœur de la Réunion, en beauté et en exigence, veut dire ! J'ai compris aussi combien la Diagonale des Fous... ben c'est vraiment un truc de fous...:-)
Ma pote Eliane est arrivée dans le courant de la semaine sur l'île, et elle était direct motivée pour aller randonner quelques semaines dans les cirques. On a donc convenu de débuter sa route ensemble, moi pour le week-end, en itinérant avec tente et duvets sur le dos. Les sacs sont lourds, surtout le sien ! Mais on a le sourire. On décide d'aborder le cirque de Mafate par son versant Est, en traversant tôt le matin le cirque de Salazie jusqu'à une ligne de crête située entre les 2 cirques, un peu avant le col des bœufs. L'entrée et la route dans Salazie sont rapidement somptueuses ! Les versants sont très abrupts, la végétation très verdoyante (nous sommes dans la partie est de l'île, plus exposée aux pluies), les cascades dégoulinent le long des parois... et la route serpente comme il faut.
Arrivés au parking déjà très chargé de voitures, nous trouvons à nous garer et nous descendons dans le cirque par le sentier scout. Très vite, la vue est magnifique ! Au centre surgit de suite Piton Cabris (1455m) dominant l'intérieur du cirque. Nous en prenons la direction, avec pour objectif de rejoindre îlet à Malheur... Je crois que c'est la bonne occasion pour moi de vous parler de la géographie et des dénominations d'ici.
Les centres des cirques n'ont absolument rien de plat ! Ici, tout est abrupt, tranchant, comme découpé au couteau. Différents reliefs se dessinent, tortueux, tracés par les bras des cours d'eau, qui forment ensuite des rivières qui s'écoulent vers la mer, en creusant dans la roche des ravines. Des cascades se forment, au pied desquelles naissent des bassins. Entre, le relief est très échancré, parsemé de sommets appelés piton. Et à certains (rares) endroits plats naissent des plateaux dans lesquels se sont installés des petits hameaux appelés ilets (prononcer ilette).
L'origine de ces ilets vient du temps de l'esclavage. Certains esclaves, appelés les Noirs marrons, fuyant le joug de leurs maîtres, se sont refugiés loin, très loin, aux cœurs inhospitaliers et inaccessibles des cirques. Petit à petit, sur ces plateaux permettant la culture, ils formèrent des petites communautés, puis des clans, rivalisant les uns avec les autres. De là, des légendes populaires naissent, les noms des héros deviennent associés aux différents lieux du cirque, Mafate étant le nom d'un chef d'une communauté d'esclaves en fuite.
Les îlets aujourd'hui regroupent quelques dizaines de maisons, offrant pour certaines le gîte aux randonneurs, un bar ou une petite épicerie. On peut y trouver également selon une école, un dispensaire, ou un centre de PMI (protection maternelle et infantile). Environ 800 personnes vivent encore aujourd'hui dans Mafate ! Certes, les chemins sont entretenus et les randonneurs nombreux, permettant en partie le désenclavement de ces endroits loins de tout. Mais c'est surtout le ballet des hélicoptères, ravitaillant ces îlets tout au long de la journée, qui rend ces endroits peut être moins perdus et austères !
Revenons à notre rando. C'est donc vers îlet à Malheur que nous descendons par le sentier Scout, magnifique chemin ombragé à la végétation extrêmement riche, arbres, plantes, fleurs, faisant varier d'un moment à l'autre les ambiances, les couleurs et les paysages de manière stupéfiante, et qui fait de la Réunion un écosystème exceptionnellement varié et protégé.
D'îlet à Malheur, petit hameau où se tient un festival de musique pour le week-end, non ! nous ne cédons pas à la tentation d'écouter de la musique tout le week end au milieu des tentes et des litres de bières, nous sommes là pour marcher dans la nature ! et nous reprenons notre route avec un petit pincement au cœur malgré tout.
On descend d'abord dans une ravine où nous nous baignons dans le bassin la Noix, et nous cassons la croute. La remontée en face sur le plateau d'Aurère en post prandial est bien raide ! Le poids des sacs à dos se fait sentir. Arrivés à cet îlet, nous buvons un café au petit bar, avant de définir la suite de notre route.
Direction Cayenne puis Grand Place ! La route continuera de grimper raide jusqu'à bord Bazar, traversant une profonde ravine grâce à une passerelle évitant de nous rajouter du dénivelé supplémentaire, puis chemin de crête avant de redescendre dans le lit de la rivière des galets... pour ensuite remonter jusqu'à Cayenne. Bref. Ca monte...et ça descend..avant de remonter ! La pluie nous accompagne dans l'après midi, parfois fine et légère, parfois plus abondante et un peu préoccupante pour la nuit. Mais entre la transpiration dûe à l'effort dans ce climat chaud et humide et la pluie, on ne sait pas trop de quoi on est le plus trempés !
Le ciel se dégage quelque peu en fin d'après midi, nous laissant découvrir la beauté du lieu, des murailles aux alentours, et des pitons en face de nous. On trouve de quoi boire une bière, poser la tente et bivouaquer pour la nuit.
Réveil le lendemain dans Mafate, et là, ouaouh ! Au petit matin, tout est parfaitement dégagé. Comme je vous l'avais dit au Maido, les condensations nuageuses se forment rapidement dans la journée. On prend le petit dej et on boit le café avec Eliane, avant de se séparer.
Je poursuis donc ma boucle autour du piton du Diable, grimpant jusqu'aux cols, redescendant dans les ravines, afin de rejoindre ilet à Bourse, puis retrouver ilet à Malheur et les festivaliers bien contents de leur week end. L'occasion de boire un bon thé cannelle et quelques delicieux muffins bienvenus après l'effort !
Puis je regrimpe à nouveau la raide montée vers Aurère, pour accéder au sentier Augustave qui rejoint la ligne de crête où j'ai garé la voiture. Très beau sentier longeant à flanc de montagne une canalisation d'eau alimentant Aurère, le sentier Augustave, également bien ombragé, parfois à pic en bord de falaise, offre une balade remarquable. Le début est plutôt plat et tranquille, chose pour le moins inhabituelle quand on ne fait que monter et descendre ! Puis on commence à grimper des échelles, à franchir des passerelles à flanc de paroi. On poursuit en longeant et traversant plusieurs fois la ravine Savon dans laquelle plusieurs cascades et bassins se dessinent (et où bien sur je trouve à me baigner), avant de terminer par une montée bien abrupte pour regagner enfin la route.
Je finis éreinté ! Ereinté mais heureux, séduit après 2 jours de rando par le charme et la variété des paysages fabuleux, fatigué par une cinquantaine de bornes pour entre 2 et 3.000 mètres de dénivelé positif ? (ma super montre est tombée en panne le J2 malheureusement).
Parcours sportif et tout à fait honorable pour un week-end, me direz vous ! Oui, je trouve aussi. Mais si je pense à la Mascareigne (71km, 4000m de D+), au Trail de Bourbon (109 km pour 6260m de D+) et encore pire à la Diag des Fous (165km pour 10.000m de D+ !!!), bien sûr tout d'une traite et dans ce même décor de montée et descente bien raide, je suis vraiment qu'un petit joueur pour le moment !! (Et pour comprendre un peu plus la performance d'Aurelien Dunand Pallaz, le vainqueur du Grand Raid : moyenne 7,3km/h, quand moi je suis entre 3 et 4.km/h.. c'est ma vitesse de descente en montée, et ma vitesse en footing dans la descente... complètement oufff!)