La voilà enfin arrivée à l’aéroport. La route était quelque peu surchargée, surtout aux abords de la sortie en direction de Marignane. Sans compter le ralentissement causé par un accident. Heureusement qu’elle était partie tôt. Elle alla garer sa voiture sur le parking longue durée. Après la discussion avec Robert, il lui avait envoyé un message lui signalant qu’elle pouvait utiliser, si besoin, l’abonnement au parking à l’aéroport de Marignane, qu’il avait pris pour l’entreprise. Tout le monde avait la carte d’accès. Elle le remercia. Elle avait un petit peu de marche à faire avant d’arriver aux terminaux d’embarquement, mais au moins, elle n’avait pas de soucis à se faire pour la voiture. Elle pouvait y rester au maximum trente jours. Elle espérait que d’ici là, tout serait réglé. 

Elle passa tous les guichets et s’installa au Starbucks café pour attendre tranquillement son vol. Elle s’était permis un petit plaisir sucré. Quoiqu’en le regardant bien, ce muffin, qui à s’y méprendre ressemblait à un champignon atomique, n’était pas si petit que ça. Elle mourrait d’envie d’appeler Callie pour lui annoncer qu’elle arriverait le lendemain, mais elle voulait lui faire la surprise. En échange, elle sortit un roman d’amour de son sac. Elle le cachait à tout le monde mais elle rêvait aussi de rencontrer le prince charmant. Elle faisait souvent la morale à Callie, mais d’un autre côté elle l’enviait un peu, elle osait laisser parler son cœur au lieu de la raison « contrairement à moi ». Cela pouvait être douloureux, elle en avait déjà fait les frais ; mais quand on aime….

Elle avait aussi pris un sandwich pour ne pas monter le ventre vide dans l’avion et elle ne savait pas s’ils allaient servir à manger à bord. Surtout pour un vol si court.

Emma était tellement plongée dans son livre qu’elle faillit ne pas entendre l’appel pour son vol. Elle se dirigea vers le comptoir du café pour reprendre un autre muffin.

— Pour l’éventuel petit creux pendant le vol. 

La serveuse lui sourit. 

— Ce n’est pas raisonnable, mais ils sont si bons. 

— Je vous comprends, je les adore aussi. Et de les avoir tous les jours sous les yeux, ce  n’est pas facile pour moi d’y résister longtemps. Mes rondeurs peuvent en témoigner.

— Mais non, vous êtes magnifique, la rassura Emma. Bonne fin de journée. 

— Merci c’est gentil. Bonne fin de journée à vous aussi et bon vol.

— Merci.

Emma sortit du Starbucks et se dirigea vers le terminal d’embarquement. Elle avait choisi la compagnie British Airways. La durée de vol était plus courte qu’avec American Airlines. Dix heures de vol d’écart, ça compte quand même. 

Confortablement installée sur son siège, côté fenêtre, Emma entreprit de continuer sa lecture jusqu’au moment du décollage. A l’annonce du départ, elle rangea son bouquin et boucla sa ceinture. Durant les deux heures de vols la menant à son escale de Londres, elle avait décidé de travailler un peu sur son ordinateur. Elle voulait essayer de rattraper le retard pris, dû à son départ précipité du matin. 

Tout en travaillant, elle ressentait une étrange sensation. Elle avait l’impression qu’on l’épiais . Elle verrouilla son ordinateur et se leva en faisant mine d’aller aux toilettes, tout en regardant le plus discrètement possible les autres passagers. À première vue, il n’y avait personne de sa connaissance. Et pourtant… depuis cet après-midi, elle avait l’impression d’être épiée. C’était comme cette voiture garée en bas de son immeuble qui avait démarrée en même temps qu’elle. Et si c'était un homme de main de ce Green ? Parce que si ça trouve, cette voiture l’avait suivie depuis le bureau. Emma sortit des toilettes et rejeta un petit coup d’œil aux passagers. « Je psychote sûrement ». Elle retourna s’asseoir et se remit au travail. 

L’hôtesse passa pour servir des boissons. Emma décida de se prendre une infusion. « Elle passera très bien avec le muffin ». 

Le vol arrivait à son terme.Seules quelques perturbations atmosphériques avaient causé des sueurs froides à certains passagers.

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