Une vie d'amour - 01 - Tarbes
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Une vie d'amour - 01 - Tarbes
Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous.
Paul Éluard
Une vie d'amour - 01 - Tarbes
C’était elle. Il avait suffi d’un regard. Une plongée un court instant dans ses yeux pour que le monde change. Il changea. Elle n’était restée qu’une poignée de secondes et avait regagné son bureau, laissant dans son sillage sa fragrance, sa signature olfactive. Lui, avait été happé dans un espace temps fermé. Bloqué entre deux dimensions.
Après la courte intervention de cette déesse qui allait devenir sa rédactrice en chef, Gabriel n'avait pas pu réintégrer son corps. Elle était repartie laissant la formatrice poursuivre, mais il n’était plus vraiment là. Ainsi, il flottait dans la salle de réunion en attendant que sa formation se termine et qu’il se retrouve à son étage, mais surtout dans son service et à son service à elle.
Au bout d’une dernière heure interminable, où il n’était que physiquement présent, il était enfin libre de rejoindre celle qui avait suspendu son existence. Pour Gabriel, ça n’était pas un coup de foudre, une envie, un besoin physiologique, un manque exacerbé engendré par une montée d’hormone masculine. C’était une simple évidence. Une réalité logique qui s’impose sans que l’on ait besoin d’y réfléchir. Une couleur sans nuances qui vous fait dire que le rouge est tout simplement rouge. Et, le rouge, était la couleur qui allait empourprer son existence au rythme des battements de son cœur, toujours plus forts et plus intenses chaque fois qu’elle apparaissait.
Il longea la file des travées avant de gagner son secteur. Elle était là, intemporelle, presque irréelle dans son jean ajusté, son petit haut noir, ses bottines, ses bijoux dorés rayonnants en contraste avec sa chevelure noir ébène. Quant à son parfum, persistant comme un rêve érotique, il vous accompagnait autant qu’elle, toute la journée durant. Paul Éluard disait qu’il n’y avait pas de hasard, que des rendez-vous. C’était le cas, c’était le lieu, c’était l’heure de son propre rendez-vous. Il était persuadé qu’il s’agissait aussi de celui de Maria.
— Bonjour, ou plutôt re-bonjour, lança-t-il avec un sourire dans lequel il tenta d’insérer tout ce qu’il avait de plus profond en lui.
— Re, se contenta-t-elle de répondre, tout aussi absorbée que gênée par l’intensité du regard de son nouveau correspondant de presse.
L’échange fut bref, mais pas anodin. Tandis que Gabriel gagnait son propre bureau accolé aux autres dans l’open-space du service de Maria, l’atmosphère changea subtilement. L’air se chargeait d’une intensité électrique palpable. En allumant son ordinateur, il ne pouvait pas se retenir de jeter des coups d’œil vers le bureau principal, deux mètres plus loin, un coup d’œil vers Maria. Leurs regards se croisèrent, elle se détourna subtilement. Un frisson fusa alors au travers de la colonne vertébrale de Gabriel, allumant des feux de joie un peu partout en lui, il avait surpris son regard, car elle le regardait aussi.
Ainsi, durant toute la journée, ce fut un chassé-croisé entre des yeux qui allaient donner le ton de leur collaboration, la naissance d’un lien particulier, bien qu’indéfinissable pour elle comme pour lui. Il l’avait touché, mais lui était tout simplement tombé amoureux. Ça n’était pas un amour ordinaire où l’on est amoureux parce que l'on ignore comment définir un sentiment particulier, en revanche, il ressentait un amour sincère, pur, dénué de toute analyse de cœur ou de raison. L’évidente évidence qu’il avait trouvé son grand amour. Ainsi, la journée passa entre interviews téléphoniques et prises de rendez-vous.
Photo de Elina Fairytale, Pexel
Le lendemain, ils étaient à l’heure pour commencer une nouvelle journée. Pas en avance sur l’horaire de peur de se retrouver seuls tous les deux, pas en retard non plus pour profiter de leur proximité. Aucun des deux n’avait la connaissance de la nuit de l’autre, mais Maria avait peu dormi, comme Gabriel. S’ils avaient un peu sombré dans les bras de Morphée malgré tout, leurs sommeils avaient été agités, peuplés d’incertitude pour elle et d’érotisme torride pour lui.
Dès son réveil, il n’avait eu qu’une envie, c’était de filer au travail, simplement pour la voir, simplement pour respirer sa présence. Ses nombreux rêves qui l’avaient réveillé à maintes reprises cette nuit se répercutaient dans sa tête quand il fila sous la douche. Là, debout dans sa baignoire tandis que l’eau ruisselait sur son corps, il se laissa pourtant aller à l’un d’entre eux. Celui qui l’avait accompagné lorsqu’il s’était couché la veille. Celui qui l’avait réveillé en premier, gêné par une érection incontrôlable. Il fit céder son membre turgescent seul dans la salle de bain, dans le traître silence de la fin de nuit où les oreilles des voisins pouvaient tout entendre.
Elle l’avait convoqué dans la salle de briefing, afin de faire plus ample connaissance, de s’approprier un peu du vécu de l’un et de l’autre. Mais, ils n’arrivaient pas à se parler en se regardant directement. Leurs yeux se cherchaient et se fuyaient tout autant. Lui, le souffle court, le cœur battant la chamade. Elle, les lèvres tremblantes, la joue frissonnante. Les soupirs ponctuaient leurs échanges. Ainsi, ils essayaient sans y parvenir de cacher leurs émotions, multiples, changeantes. La porte de la salle était fermée, mais elle ne pouvait pas être verrouillée. Les vitres opaques laissaient voir des ombres s’agiter, comme leurs hormones dans leurs artères bouillantes de désir. Un désir toujours inexplicable.
Le briefing se terminait, ils se levèrent. Sans le vouloir vraiment, leurs mains se touchèrent et le point de non-retour fut franchi. Elle se tourna face à lui et plongea ses yeux brûlants dans les siens. Elle s’y engouffra avec une force décuplée par la trop longue retenue. Alors, il passa sa main droite dans son dos, la plaqua sur ses reins. Elle accompagna le mouvement d’une cambrure qui colla leur bassin l’un contre l’autre. L’érection de Gabriel ne s’était pas fait attendre, spontanée, massive. Son membre dur à l’étroit dans son jean manifestait son désir de liberté. Maria s’appuyait dessus de tout son poids malgré ses faibles kilos. Elle enroula sa jambe autour des siennes en l’attirant contre elle, comme si elle le pouvait encore, comme si elle pouvait fusionner son corps avec le sien. Leurs lèvres se collèrent instantanément, leurs bouches s’ouvrirent et leurs langues se mêlèrent avec gourmandise, passion, sans aucune retenue. Embrasés par l’étreinte, ils trouvèrent appuis contre la cloison, lentement, pour qu’aucun bruit sourd ne trahisse ce qu’il se passait dans la pièce. Leurs souffles ne faisaient plus qu’un. Les mains de Maria se perdaient dans ses cheveux ras, ne décelant aucune prise tandis qu’il la maintenait de ses doigts sur les reins, les pouces sur les hanches, appuyant lui aussi de son membre tendu contre son pubis. Chacun voulant presser davantage sur le corps de l’autre. La seconde main de Gabriel alla se poser sur sa fine nuque, sans trop de fermeté et lui caressait la peau, accompagnant le mouvement de ses baisers profonds. Puis, toujours sans un bruit, sans échanger une parole, leurs langues se séparèrent, afin de se retrouver et de se séparer de nouveau. Des baisers touchés, goûtés, venaient ponctuer leurs regards enfiévrés. Elle se retenait pour ne pas lui arracher sa chemise blanche. Lui se retenait de l’allonger sur la table. Elle l’attira alors contre sa fine poitrine dont les seins tendus laissaient apparaître deux pointes comme les guillemets à l’écriture _Don’t touch me_ sur son T-shirt moulant. Il pinça de ses lèvres un mamelon au travers du tissu et lui arracha un léger cri de plaisir au milieu de la forge soufflante qui brûlait en elle. Le serrant plus encore contre sa poitrine, maintenant sa tête d’une main, elle posa l’autre sur ses fesses, empêchant ses va-et-vient montants et descendant contre son propre sexe. Il comprit dans son geste qu’elle avait envie, mais que le moment n’était pas des plus propices, ni le lieu.
Collés l’un à l’autre, ils se cramponnaient à cette décision que Maria venait de prendre d’interrompre leur échange. Collés l’un à l’autre, ils s’apaisaient comme un silence après l’orage. Relevant la tête, les yeux de Gabriel se posèrent dans ceux de Maria. Ils échangèrent sans parler tout un flot de sentiments, de désir, d’étreintes envisageables. Mais, pour autant, leurs lèvres ne se touchaient plus. Ils se contentaient de se regarder. Combien de temps cela avait duré, ils n’en savaient absolument rien. Leur respiration reprenait un rythme normal, malgré les pulsations encore rapides de leur cœur respectif. Elle souffla, le sourire aux lèvres. Il souriait aussi, une parenthèse horizontale soulignant son regard de braise. Elle résistait. Dotée d’une force mentale incomparable, elle ouvrit la porte et sortit la première, faisant balancer ses hanches à chaque enjambée. Il la regardait marcher devant elle, et lui emboîta le pas. Son carnet de notes plaqué contre son ventre, son format était juste ce qu’il fallait pour cacher les taches sombres qui témoignaient de l’intensité de leur premier briefing.
C’est à ce moment-là qu’il s’était éveillé, mettant une réalité sur son premier rêve, sa première nuit en solitaire et pourtant avec elle. Il avait rêvé comme jamais il ne l’avait fait. Son mot fétiche « Rêvalité » prenait tout son sens ici tant l’intensité et le réalisme de ce briefing était saisissant. Sous la douche qui n’avait cessé de couler, il se masturba avant de se laver, et de s’habiller. Avant d’aller la voir et d’engranger des souvenirs qui feront l’objet de ses prochains voyages nocturnes, ses trains de nuit, ses prochaines rêvalités.
Pour aller plus loin
Épisode 2