Il est de par les âges un amour cruel et séculaire,

celui d’un magicien et d’une guerrière qui protègent notre Terre.

Une impossible union qui barre le chemin des démons,

Un puits de vide et de souffrance qu’il est temps que nous contions.

Il y a bien longtemps de cela, dans les plaines du nord,

Ragnarök et ses démons vivaient encore.

Lors d’une ultime bataille décidant de notre destinée,

Ce fut un simple mortel qui parvint à les endiguer.

Par un ultime sacrifice, il ouvrit en grand son âme,

Et absorba toute la haine, la colère et les larmes.

Privant ainsi tous les démons de leur force vitale,

Les armées de Ragnarök ne purent que reculer dans leur dédale.

Aucun humain, une telle rage ne pouvait contenir,

Mais aucun Dieu ne jugea bon d’intervenir.

Le magicien sombra alors peu à peu dans la folie,

Et pour ne pas libérer les démons, décida de mettre fin à sa vie.

Le plus noble sacrifice, mais pour Odin la pire des lâchetés,

Car dans un combat intérieur ne sonne pas le glas des épées.

Le Dieu dépêcha la plus royale des Valkyries : Kara,

Pour interdire au magicien les portes du Valhalla.

Mais la guerrière, émue par tant de courage,

Ne put se résoudre à exécuter sa charge.

Et pour soulager le magicien de sa peine,

Elle lui accorda le baiser d’une reine.

Le souffle divin le ramena à la vie,

Sa perception nouvelle lui permettant de voir la Valkyrie.

Subjugué par tant de radiance,

Il en trouva la force de lutter contre la démence.

Mais sur son trône, Odin, trahi et jaloux,

Décida de leur réserver son pire courroux.

Il concocta une terrible malédiction,

Qui de nos jours tient encore bon.

Le magicien semi-mortel renaitra à chaque génération,

Sans aucun souvenir de son fardeau ni de sa passion.

La valkyrie sera condamnée à devoir l’observer,

Sans jamais pouvoir, à lui, se révéler.

Car s’il devait retrouver la mémoire,

Ce serait pour les démons de Ragnarok un déversoir.

Et si un mortel venait à lui prendre la vie,

Tout lui reviendrait, et il sombrerait dans la folie.

Ainsi, si elle lui déclare sa flamme,

C’est toute l’humanité qu’elle condamne.

Mais à ses côtés, dans l’ombre, elle doit rester,

Pour que rien ne lui arrive, pour le protéger.

Tandis que lui doit renaitre sans passion,

Pour vivre une vie hantée par ses démons,

Tandis que son vide infini, son agonie,

N’est que le nom manquant sur le visage d’une Valkyrie.

Kara…