Vous pensez certainement que le Père Noël est le personnage le plus adoré des enfants. Détrompez-vous. Santa Claus a un rival de poids - même si la comparaison entre les deux gabarits prêterait à rire – qui a l’immense avantage d’œuvrer 365 nuits par an et non une seule. Il s’agit bien entendu de la Petite Souris.

Quel enfant ne l’a pas attendue, à l’heure du coucher, la dent soigneusement calée sous l’oreiller, espérant être témoin d’une permutation fugace, avec comme unique preuve une pièce de monnaie sonnante et trébuchante. Vous vous en doutez, derrière la Petite Souris s’active toute une congrégation de gentils rongeurs qui ont prêté serment pour le bien-être des enfants. Ces bénévoles honorent leur mission chaque nuit, avec la plus grande fierté. L’apprentissage est strict et la sélection implacable. Ne devient pas Petite Souris qui veut. La dangerosité du poste, les aptitudes physiques et le mental sans faille requis exigent des candidats hors pair. Il y a beaucoup de prétendants pour peu d’élus. Certains recalés se sont reconvertis dans le cinéma et y ont rencontré un certain succès. Parmi eux, Mickey (ne lui en parlez-pas, il déteste qu’on lui rappelle cet échec), mais également Gus (qui, pour les yeux de Cendrillon, aurait tout lâché).

A l’origine de cette communauté, trois souris inséparables qui, au cours d’une soirée un peu trop fromagée, ont eu l’idée de raviver une légende du Moyen-Age qui raconte qu’une fée, métamorphosée en souris, aurait arraché les dents d’un roi malfaisant. Evidemment, leur projet était bienveillant et salutaire. Le concept était simple : troquer la dent de lait fraichement tombée contre une pièce de monnaie. Si toutes les étapes de la mission furent définies avec rigueur et précision, de l’alerte d’une dent chancelante à l’intervention in situ, les modalités de financement restent encore obscures aujourd’hui. Le trio se démenait chaque nuit. Le bouche à oreille entre les enfants fut très efficace et l’extension du périmètre devint nécessaire. Les vagues de recrutement commencèrent et la réputation de l’école de la Petite Souris dépassèrent les frontières.

Le premier objectif était la joie des enfants. Cependant, l’idée d’accumuler assez de dents pour construire un palais était séduisante, même si aucune des souris fondatrices n’était ni architecte, ni maçon. Au fil du temps, touchés par la cause des éléphants et par un sentiment de culpabilité grandissant (non, la musophobie des éléphants n’est pas qu’un mythe), ils décidèrent d’utiliser les dents comme matériau pour la fabrication de prothèses destinés aux pachydermes amputés de leurs défenses, victimes de braconniers sans scrupules.

Tout n’a pas toujours été facile et il y a eu des loupés. L’embauche d’un marchand de sable venu du Québec a failli mettre en péril le dispositif. A son arrivée, le nouveau était très perturbé par le décalage horaire. Il arrivait très tard dans la nuit, compromettant la mission de la Petite Souris en poste. Cette dernière pénétrait dans la chambre alors que l’enfant était encore éveillé. Plusieurs Petite Souris ont ainsi failli être démasquées ou même attrapées par le chat, qui reste aujourd’hui l’obstacle majeur au bon déroulement des interventions.

Une autre menace a manqué d’anéantir la Petite Souris, celle d’un rat cruel et sans âme. Il se faisait appeler Captain Knox. C’était un comédien raté, frustré de ne pas avoir été choisi pour le 1er rôle de Ratatouille. Sa rancœur et sa méchanceté n’avaient pas de limite. Son plan était diabolique : arracher et voler les dents des enfants, avant même qu’elles ne tombent. Heureusement, les Petite Souris lui tendirent un piège formé par les mâchoires d’un chat doublé d’un chasseur redoutable. On n’entendit plus jamais parler du méchant rat.

Aujourd’hui, la tradition continue et les Petite Souris travaillent sereinement, chaque nuit, pour le plus grand bonheur des enfants.... et des éléphants.

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