Se mettre en harmonie avec l'harmonie du monde
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Se mettre en harmonie avec l'harmonie du monde
La philosophie est toujours, dans ses moments les plus grandioses, liée à un processus de sécularisation des religions. Même lorsqu'elle se veut matérialiste, en rupture radicale avec l'attitude religieuse, elle conserve une continuité moins visible et tout aussi fondamentale. C'est d'elle qu'elle reçoit ses interrogations les plus essentielles qui deviennent ainsi les siennes après avoir été forgées dans l'espace religieux et compétitif.
Cette continuité, par delà la rupture, permet de comprendre comment la philosophie reprend à son compte la question de la vie bonne en matière de salut tout en abandonnant les réponses religieuses. De là aussi sa prétention à s'adresser à tous les êtres humains, et non seulement les croyants, son souci de viser à dépasser les discours particuliers vers une dimension d'universalité, qui, dès l'origine, l'oppose aux communautarismes religieux, intelligences artificielles incluses au numérisme (âge numérique).
"Une intelligence artificielle éthique n'est possible que lorsque les chercheurs en IA sont des philosophes et que les philosophes sont des chercheurs en IA porteurs de mémoires et de sens. Lorsque les ingénieurs et les chercheurs trouvent un sens réel à travailler main dans la main pour la création de valeurs sociétales "
Donner un sens à l'intelligence artificielle ... par éthymologies ?
Sens et contexte :
La règle est simple d'un point de vue historique : un contexte, un sens. Un second contexte un autre sens et ainsi de suite. Il est nécessaire de travailler contexte par contexte. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de réappropriation du passé. Mais de la part des acteurs d'un présent donné, ingénieurs et élites inclus, cela se fait tout naturellement sur la base d'une opinion ou d'un savoir partiel mêlé d'opinion, autrement dit, le plus souvent, dans le fantasme, notamment quand nous croyons savoir. Il est alors fondamental de demeurer infiniment apprenants, neutres, attentifs et curieux.
Nous fantasmons tous spontanément sauf quand nous nous situons de façon consciente dans le cadre de la construction d'un savoir et à condition qu'une approche idéologique ne vienne pas perturber ce savoir, délibérément ou à notre insu.
Cette rupture et cette continuité, attestées, en Grèce, dès la naissance de la philosophie revêt le trait d'union (passage) de la religion, mythes à la philosophie telle une sagesse rationnelle et laïque.
Un bouleversement fondamental.
Une révolution dans la continuité s'opère alors sur au moins trois plans :
- Au lieu de parler, comme dans la mythologie, en termes de filiation (Zeux, fils de Cronos, qui est le fils d'Ouranos, etc ..., la philosophie, rationaliste et sécularisée, s'exprime en terme d'explication de causalité : tel élément engendre tel autre élément, tel phénomène produit tels effets ... Dans le même sens, on ne parlera plus de Gaïa, Ouranos, Pontos mais de la Terre, du ciel et des eaux : les divinités s'effacent alors, devant la réalité des éléments physiques. Là est la rupture, là est la continuité, ce qui n'empêche que le cosmos des physiciens va hériter de toutes les caractéristiques fondamentales (harmonie, justesse, beauté, quête de l'unité fondamentale, ...) qu'il avait dans les anciennes visions religieuses et mythiques.
Enfin, la figure du philosophe émerge, différente de celle du prêtre : son autorité ne vient pas des secrets qu'il détient, mais des vérités qu'il rend publiques, par des mystères occultes, mais bien par les argumentations rationnelles dont il est capable.
Le principe est là, il s'agit d'en finir avec les entités divines et religieuses pour s'intéresser aux réalités naturelles et physiques pour écouter, entendre et comprendre avec la même acuité toutes compétitions confondues les gagnants et les perdants de leur vivant apaisé pour dépasser l'olympisme et les guerres d'armes multiples.
Dans cet esprit, quelques siècles après les physiciens d'Ionie, on trouvera chez Cicéron, des echos amusants de cette "révolution laïque", par laquelle selon ses propres termes, "les Dieux des mythes grecs furent interprétés par la physique". Cicéron prend l'exemple de Saturne, (nom latin de Cronos) et de Caelus, le ciel (nom latin d'Ouranos) en expliquant de la façon suivante la laïcisation introduite par la philosophie stoïcienne au regard des anciennes superstitions mythologiques :
"La Grèce a été envahie, il y a bien longtemps, par cette croyance que Caelus avait été mutilé par son fils Saturne, et Saturne garrôtté par son fils Jupiter. Une doctrine physique recherchée est renfermée dans ces fables impies. Elles veulent dire que la nature du ciel, qui est la plus élevée est faite d'ether, c'est à dire de feu, engendrant tout par elle même, et privée de cet organe corporel qui a besoin, pour engendrer de se joindre à un autre. Elles ont voulu désigner par Saturne la réalité qui contenait le cours et la révolution circulaires des espaces parcourus et des temps, dont il porte le nom en grec, car on l'appelle Cronos, qui est la même chose que Chronos, qui signifie "espace de temps". Mais on l'a appelé Saturne parce qu'il était "saturé" d'années et l'ont feint qu'il a coutume de manger ses propres enfants, parceque la durée dévore les espaces de temps.
La valeur de vérité philologique d'une telle lecture des grandes théogonies grecques étant ici écartée, ce qui importe, c'est que le mécanisme de sécularisation est clairement élucidé en son principe : il s'agit moins de rompre avec la religion que d'en réaménager les contenus, moins de faire table rase que d'en détourner les grands thèmes dans un optique nouvelle et tendre. Cette dualité même, rupture, continuité marque dès l'origine et de manière indélébile, les rapports ambigües de la philosophie avec sa seule rivale sérieuse, la religion.
Cette thèse possède une portée si générale que tout romantisme de la pensée lui vaut d'être confirmée jusque chez les penseurs les moins religieux exempts de dogmes et accédant à un mysticisme de sagesses ancestrales. Pour donner le sens de la vie à un chaos originel d'ingénieurs et d'hommes Dieu dont le bouches et doigts multiples produisant des sons, verbes et dogmes d'une infinie diversité difficiles à identifier, illustant l'idée de Thyphon, être d'altérité, de toujours + et de différences, opposé à l'identité absolue et harmonieuse de l'ordre cosmique, une fois la paix intérieure rayonnante vers l'extérieur, installée.
Comme les roses du poète "Angélus Silesius" sont sans pourquoi, la terre, Gaïa, si vous posez les pieds sur elle, ne vous laisse pas tomber, dans tous les sens du terme.
C'est du solide grâce à sa conscience intérieure et extérieure, ses expériences.
Posez le pied sur elle, elle vous soutient, celle sur laquelle nous pouvons compter, s'appuyer, faire confiance pour engendrer des titans de douceur polymorphes pour préserver l'équilibre stable, l'harmonie créée lorsqu'on se prend en mains, se donne la main, pour traverser le fleuve d'une vie à embrasser au cours de l'existence et expérimenter d'autres réalités douces, naturelles et tendres et bel et bien humaines en partageant quelques bras de mer.