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De la Start up à la SMART'UP made in EU

De la Start up à la SMART'UP made in EU

Pubblicato 11 feb 2023 Aggiornato 12 feb 2023 Imprenditorialità
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De la Start up à la SMART'UP made in EU

L’esquisse d’une université d’ingénieurs-entrepreneurs

La révolution industrielle, à la fin du XVIIIème siècle, a conduit à ré-imaginer l’université en créant des nouveaux acteurs, que ce soit en France, par la création des Grandes Ecoles, ou dans le monde anglo-saxon en créant les universités humboltiennes.

Alors que les Grandes Ecoles françaises ont été conçues autour de la réalisation de grands chantiers d’état, Wilhelm von Humboldt, philosophe, ministre prussien de l’éducation, créateur de l’Université de Berlin posait les bases de l’université moderne, deux principes éducatifs (l’unicité de la formation et de la recherche, la liberté de la Science) et trois infrastructures favorisant les échanges interdisciplinaires et l’innovation (le restaurant ou le savoir manger ensemble, la bibliothèque ou le savoir se cultiver ensemble, le stade ou le savoir jouer ensemble).

Les classements internationaux montrent la suprématie du modèle humboltien. La révolution post-industrielle insufflée par les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Sciences Cognitives), en faisant émerger une « Société de la Connaissance » bouleverse tous les métiers, et, en particulier le monde universitaire.

L’université doit se réinventer, sans doute sur ses fondamentaux, mais en exploitant son nouvel environnement.

L’université doit être un lieu d’émancipation et d’innovations. Afin de former son intelligence, sa vision et son dessein, l’étudiant à besoin d’alterner des périodes de formation de son cerveau droit, donc de divergence, de travail collaboratif, de rêves, de rebellions, de confrontations, de débats, d’écoute et des périodes de formation de son cerveau gauche, c'est-à-dire de convergence, de méditation, d’écoute de soi, de construction de Soi.

Les MOOC (Massive Open Online Course) permettent de repenser la « bibliothèque », le savoir se cultiver ensemble, et surtout permette à l’université d’être universelle et ouverte à tous. En effet un diplômé de l’enseignement supérieur doit savoir se reformer tout au long de sa vie, et devra donc savoir utiliser les MOOC.

La première période de formation universitaire consiste à construire un contrat initial d’objectifs avec l’université qui, en fonction d’un premier dessein (aimer-faire) définirait les MOOC devant être validés pour fournir les bases fondamentales à la formation souhaitée. Cette période permettra aussi à l’université, au cours des forums des MOOC, d’évaluer les capacités humaines de l’étudiant, capacité de travail en équipe, leadership, générosité, altruisme, créativité, d’audace, etc.

La seconde phase consiste en un affinage du contrat d’objectifs et à la définition des modules d'être des modules de "formation-action", allant de la mission de terrain jusqu’au travail de recherche, devant être réalisés. En fonction des besoins, de nouveaux MOOC peuvent être validés. Et, si maintenant, on veut définir l’université comme un incubateur adossé à des centres de recherche, on s’apperçoit, que de manière duale à la dématérialisation de la connaissance, l’université peut être dématérialisée et faire son « coucou » dans toute la société. Par exemple, pour illustrer, une mission de terrain peut être réalisée en regroupant les tuteurs et les étudiants dans une maison d’hôtes, ou un travail de recherche peut être effectué dans une entreprise, ou une entreprise peut être créée dans une technopôle, etc.

La formation est alors une alternance de périodes de méditation pour affiner son contrat de formation et de challenges collaboratifs nécessitant l’acquisition et la production de connaissances. On devine donc que progressivement, en affinant son dessein, l’étudiant se construira un parcours qui lui sera sans doute plus utile que son diplôme, et il pourrait construire toute sa carrière sur ce modèle.

On conçoit aussi que ce type d’université est très adapté au personnes disruptives, mal adaptées aux formations peu émancipatrices, donc, à des personnes aptes à explorer de nouvelles voies, à créer de l’activité et de l’entreprise à moyen long terme. En particulier, elle pourrait être un lieu de réhabilitation de « rebelles » à fort potentiel, exclus du système éducatif, devenus délinquants, et ayant montré leurs talents en organisant un casse ou un trafic. On peut aussi espérer, que l’université étant ouverte à tous, ces jeunes du secondaire choisiront très tôt d’intégrer l’université pour échapper très tôt au lycée. C’est dans doute dans cette population que l’on trouvera les meilleures élites, ceux qui pourront penser autrement, ceux qui osent imaginer d’autres avenirs.

Ce ne sont que de premières réflexions, voire interrogations sur ce que serait une "Université" adaptée à la société de la connaissance délivrée.

Les concepts de Wilhelm von Humboldt, qui ont montré leur efficacité, doivent sans doute être conservés et les nouveaux outils numériques et cognitifs devraient permettre de concevoir une université universelle, ouverte à tous, et favorisant l’émancipation des individus et l’émergence d’activités et de desseins nouveaux.

Histoire d’une école d’ingénieurs-entrepreneurs

L’école d’ingénieurs-entrepreneurs d’Alès est née d’une double problématique, d’une part : celle d’un besoin de financement de la défense du pays par son développement économique grâce au transfert des technologies de défense, d’autre part celle de la reconversion d’un ancien bassin minier.

Cela a conduit en 1987, la Délégation Générale de L’Armement a initier une réforme de L’Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs en Constructions aéronautique basée sur une pédagogie de l’innovation dont l’objectif était de faire émerger quelques projets de création de produits, et éventuellement d’entreprises. Le projet a buté sur plusieurs obstacles, dont l’incapacité de l’école à créer un incubateur, la culture de grands projets de l’aéronautique et du spatial, l’attractivité trop forte de ce secteur pour les élèves.

D’autre part, cela a conduit, en 1988, le Ministère de l’Industrie a créer à l’Ecole des Mines d’Alès un incubateur d’entreprises dont l’objectif était d’accueillir des jeunes ingénieurs sortant d’écoles d’ingénieurs. Le projet a buté sur le manque de candidats.

Problématiser devient le maître mot et enseigner à
problématiser devient une mission essentielle qui, en
elle-même, est un apprentissage de liberté pour
l’esprit.

Edgar Morin

En 1992, sur la suggestion du Directeur Général de l’ANVAR, les deux projets ont été fusionnés au sein de l’Ecole des Mines d’Alès dans le but de combiner une pédagogie de l’innovation à la capacité d’accompagnement de projets innovants au sein d’un incubateur.

En Novembre 1994, l’Ecole des Mines d’Alès a organisé le premier colloque européen sur l’entrepreneuriat « Education, Enseignement supérieur et Création d’entreprises ».

Ce premier colloque a permis de dégager quelques premiers concepts, mais surtout de créer un « club » de réflexion international regroupant l’Ecole des Mines d’Alès, l’Université de Cambridge, HEC Montréal, l’Université Polytechnique de Catalogne et l’Université d’Ifrane. Des réflexions menées au sein de ce club, l’Ecole des Mines d’Alès a retenu les concepts qui lui semblaient pertinents au vue de l’objectif suivant :


« Favoriser la création d’activités et d’entreprises par les jeunes diplômés et contribuer au développement économique local ».

Il faut quatre conditions sine qua non pour qu’un cluster se développe sur un territoire :


1 – Il faut que ce territoire soit attractif par sa qualité de vie et sa culture.


2 – Il faut que ce territoire soit connecté aux réseaux de communication.

 
3 – Il faut que ce territoire possède des racines technologiques adaptées à son terreau.

 
4 – Il faut qu’il existe une culture entrepreneuriale et une volonté commune de développer l'esprit d'entreprendre

 
Si une de ces conditions n’est pas remplie, il n’y a pas de cluster, et un cluster est d’autant plus dynamique que ces quatre facteurs sont importants.

Pour cela, l’école a restructuré ses centres de recherche (matériaux de grande diffusion et environnement sur Alès, intelligence artificielle et gouvernance des systèmes complexes sur Nîmes), et créé, avec les acteurs économiques locaux, deux technopoles (Myriapolis sur Alès avec trois pôles : mécanique, environnement, et biotechnologies avec l’INRA ; NRCT sur Nîmes avec deux pôles : technologies de l’information et de la communication et eau avec BRL.

Un bilan de ces pôles pourrait être instructif. Seuls les pôles mécanique et biotechnologies ont vraiment décollés, mais le pole biotechnologies s’est développé sur Nîmes.

L’école a aussi toujours préconisé le désenclavement routier et numérique d’Alès. Le manque d’attractivité d’Alès et son enclavement sont restés des handicaps. De plus, le bassin alésien est industriel, mais il est peu entrepreneurial. Il détient un avantage certain, celui d'être agricole. L’école peut miser, en complément, sur le territoire rural certainement plus attractif, et sur les activités agricoles et touristiques plus entrepreneuriales.

Quel que soit le territoire, agglomération urbaine ou archipel de villages, c’est en créant le terreau et le climat favorables à l’émergence de nouvelles activités que peut se concrétiser un cluster de développement dans le Gard, sans doute sur Nîmes, Alès et le rural, ensemble.

Peut-être, tout simplement, était-ce le bon territoire pour créer une école d’ingénieurs-entrepreneurs pour montrer l'exemple à des territoires qui aujourd'hui réclament ces démarches en voie de développement.

L’école d’ingénieurs-entrepreneurs


Une telle école doit vivre en osmose avec son cluster, et donc contribuer à la croissance des racines technologiques et culturels de son territoire, et à favoriser l’émergence d’activités nouvelles, notamment par la création d’entreprises par ses jeunes diplômés.

En 1995, il a donc été décidé de former des ingénieurs-entrepreneurs.

Pour l’école, il s’agit de former des personnes avec :

- Une tête : c’est-à-dire qu’il faut leur apprendre à développer leur intelligence pour s’émanciper et pour donner un dessein à leur vie.

Pour cela, ils doivent se cultiver et développer leurs sens : l’observation de leur environnement, l’écoute des autres, le flair des opportunités, le goût du risque, leurs capacités à s’interroger, à douter, à se rebeller.

Ils devront aussi cultiver leur créativité et leurs capacités d’innovation.

Leur sont nécessaires :

- des tripes, c'est-à-dire qu’il faudra les protéger et leur donner confiance pour qu’ils aient le courage de conduire leur projet

- un cœur, c'est-à-dire la générosité de partager les fruits de leur passion et de leur réussite.

Alors que pour une école classique, le processus consiste surtout à augmenter le savoir-faire, pour concevoir la pédagogie d'une école, il d’abord cultiver l’aimer-faire pour oser explorer des nouvelles voies.

Tout projet innovant, en rupture, passe toujours par trois phases : une phase de « folie », une phase de danger, une phase d’évidence. Si un projet n’est jamais passé par la première phase, c’est-à-dire, qu’il n’a jamais été qualifié de fou, impossible, utopique ou débile, ce ne peut pas être un projet d’innovation de rupture.

L’école a voulu s’associer à une école de commerce ou à une école de design, soit aux deux pour concevoir sa pédagogie. Cette pédagogie devait alterner des périodes de formation du cerveau droit, de divergence, de travail en groupe avec des périodes de formation du cerveau gauche, d’écoute de soi, de méditation et de construction de son dessein. La pédagogie-action d’HEC-Entrepreneurs à été choisie.
Elle a permis d’introduire des missions de terrain, exercices de cinq semaines à cinq personnes : un tuteur industriel apportant un chalenge à relever, un co-tuteur enseignant, et trois élèves. Le travail effectué est évalué par un jury de professionnels. En particulier la mission « innovation » était fondamentale, mais difficile à mettre en œuvre dans une école d’ingénieurs. Cependant, la théorie de l’innovation TRIZ, rationnelle, informatisée même, était culturellement plus acceptable que les outils de créativité appliquée à l’innovation. C’est une clé du succès de cette pédagogie pour atteindre notre objectif.


En 2002, bien que l’école ait bien progressé dans les classements, bien que les élèves et les industriels étaient de plus en plus enthousiastes, bien que l’incubateur soit devenu le plus grand d’Europe, les élèves ne se précipitaient pas encore vers la création d’entreprises. L’école était en échec sur son objectif, et il fallait trouver les causes de cet échec et imaginer des solutions pour les encourager !

2003 : solutions imaginées mais non mises en œuvre

Deux causes principales pouvaient expliquer l’échec : le manque de culture entrepreneuriale de l’école et le ciblage du recrutement.
L’idée, à long terme, est simple mais radicale. Elle consiste à transformer toute l’école en un vaste incubateur de projets, adossé à des centres de recherche, et à concevoir toute la pédagogie au sein de cet incubateur.

Le diplôme est obtenu grâce à réalisation d’un contrat de formation au recrutement et par validation du profil de l’élève.
Le recrutement se fait alors progressivement sur projet en ciblant les élèves « disruptifs », dans les prisons, dans les lycées et à l’international.
Notre système éducatif pour des raisons d’efficacité, coupe les deux bouts de l’omelette, les décrocheurs et les rebelles, et les oublie pour se concentrer sur les personnes ayant une capacité à apprendre. Cela est un véritable drame, c’est sans doute comme cela que nous construisons une pensée unique. Nous devrions, au contraire, porter beaucoup plus d’attention sur ces bouts de l’omelette. Sur les décrocheurs d’abord car c’est notre devoir de protection et que c’est ce qui diminuera les injustices de demain. Et surtout sur les rebelles, les turbulents, les contestataires, en un mot les disruptifs car c’est sans doute nos meilleures élites potentielles que nous détruisons et nos meilleurs délinquants que nous préparons.
Dans un premier temps, il était donc envisagé de recruter 24 élèves dans les prisons. En effet, un jeune, à fort QI, marginalisé car non adapté à notre système éducatif, et qui avait organisé un casse ou un trafic semble avoir le potentiel pour devenir un ingénieur-entrepreneurs.

Cette proposition a l’avantage de provoquer le débat sur le recrutement et la formation et la création des Smart'up, qui sait ?!

SMART is the new deal !

Cet article est un témoignage des Pères de l'Entrepreuneuriats par la voix de Gérard UNTERNAEHRER, accompagné lors de ces créations en constantes évolutions par nos générations par Edmond FISCHER, Rachid BELMOKHTAR, Robert PAPIN, Peter HISCOCKS, Bernard-René FRANCOIS pour inspirer le monde actuel et les clusters d'entrepreuneuriats de tous les territoires

 

 

 

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