Une Bourgade aux Enfers
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Une Bourgade aux Enfers
Salutations !
Voyez la cité d’Alborough, non pas comme un assemblage de pierres et de béton, mais comme un spectre vivant, un rêve halluciné où chaque coin de rue palpite d’une lumière malade et d’ombres affamées. Ici, la nuit n’est pas l’absence de jour, elle est une entité sourde et carnassière qui s’accroche aux immeubles, se glisse sous les portes, et murmure aux passants des vérités qu’ils auraient préféré ignorer. Alborough n’est pas construite, elle est née, arrachée à la substance même des cauchemars et des désirs humains.
Entrez !
Dans ses rues trempées d’une pluie acide, les flaques reflètent des cieux inexistants. La lumière des lampadaires stroboscopiques y danse comme une blessure ouverte, projetant des reflets verdâtres et violets qui ondulent, serpents de lumière tissant une toile hypnotique. Les murs suintent d’une humidité anonyme, une sueur froide qui les habille comme une seconde peau, oscillant entre le concret et le viscéral. Les façades, battues par le vent et les restes d’orage, vibrent comme si elles respiraient, exhalant une haleine rouillée, lourde, presque vivante.
Restez un peu !
Les bâtiments eux-mêmes ne se contentent pas d’être. Ils semblent hésiter entre le monde des hommes et celui des bêtes. Les angles se plient comme des membres disloqués, les fenêtres se ferment seules sur des hurlements absents. Certains disent que les murs avalent ceux qui ne respectent pas leurs frontières invisibles, les happant dans des boyaux de béton où même les cris s’éteignent avant de naître. D'autres prétendent avoir vu ces structures muter, se recomposer en silence, comme un organisme cherchant sa forme parfaite. Mais Alborough ne connaît pas la perfection, seulement le désordre éternel.
un peu d'air !
À ses marges, un bois entoure la cité, une forêt qui n’a rien d’idyllique. Ses arbres torses, semblables à des griffes noires, se contorsionnent sous des vents absents, tandis que le sol respire sous vos pas, molle promesse d’un monde qui ne veut pas être dérangé. Le bois ne protège pas, il observe. Ses ombres dansent sur des rythmes inconnus, et chaque pas qui s’enfonce dans ses entrailles semble provoquer une réponse : un froissement de feuilles trop humaines, un bruissement d’ailes jamais vues.
Quelques Loqueteux !
Les Citoyens eux-mêmes, spectres errants dans les labyrinthes d’Alborough, sont à l’image de leur environnement. Leur peau semble absorber la lumière, leurs pas glissent sans bruit sur un sol trop glissant pour être vrai. Ils ne regardent pas, ils évitent. Leurs ombres sont trop longues ou trop courtes, jouets de ces lampadaires dont les intentions semblent être dictées par un architecte fou, un démiurge jouant à l’apprenti sorcier avec le spectre d’une ville qu’il a cessé d’aimer.
Les Affranchis, tout simplement !
Les Éveillés, eux, sont les véritables maîtres de cet opéra grotesque. Leur regard ne traverse pas la rue, il la transperce. Ils ne marchent pas, ils avancent, conscients que chaque pierre leur doit une part de son existence. Mais eux aussi, malgré leur arrogance, se plient à la danse macabre d’Alborough. Ils savent que la ville n’appartient à personne, qu’elle se nourrit de leurs luttes, de leurs passions, et qu’elle les recrachera dès qu’ils auront cessé de l’amuser.
Alborough est une symphonie déchirée, une partition impossible où chaque note est un cri, un écho, un souffle retenu. Les lumières n’éclairent pas, elles blessent. Les ombres ne cachent pas, elles avalent. Ici, le temps lui-même se tord, ralentissant au point de briser les esprits. Ce n’est pas une ville qu’on visite, c’est une ville qui vous dévore.