

Chapitre 2 _ Le lien perceptible
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Chapitre 2 _ Le lien perceptible
Le matin suivant, ils marchèrent côte à côte. Aucun rendez-vous n’avait été fixé.
Mais ils s’étaient retrouvés, comme si la direction elle-même avait plié l’espace pour les faire se croiser.
Ils ne parlaient pas.
Mais la marche était une forme de dialogue.
Pas symétrique. Pas coordonnée. Mais accordée.
Elle s’arrêta un instant, le pied posé sur une racine.
— Tu sens ? demanda-t-elle.
Il ferma les yeux.
Le vent n’avait pas changé. Le sol non plus.
Mais quelque chose s’était déplacé. Pas dans le monde, dans leur entrelacement.
— Oui, dit-il. C’est… plus mince. Comme si le fil s’était étiré.
Elle ne répondit pas.
Elle posa simplement deux doigts sur son propre plexus, puis les retira.
— Le ressenti donne l’illusion de la réalité, murmura-t-elle.
— Tu veux dire que je me trompe ?
— Non. Je veux dire qu’il crée la réalité pour ton corps. Et c’est ça qui compte.
Il hocha la tête. Puis :
— Alors quand je te sens loin, c’est vrai ?
— C’est vrai en toi. Mais ce n’est pas forcément une absence.
— C’est quoi alors ?
— Parfois un retrait. Parfois une torsion. Parfois un mécanisme ancien qui s’enclenche et veut fermer la porte.
Il s’arrêta à son tour.
— Alors c’est ça être ensemble ? Apprendre à sentir les décrochages ?
Elle le regarda. Pas pour répondre. Pour être là.
Puis, doucement :
— Être ensemble, c’est accepter que l’autre disparaisse sans nous quitter.
— Et qu’il revienne sans prévenir ?
— Sans justification. Sans rattrapage. Juste… parce que le fil a repris corps.
Il leva les yeux vers elle.
— Et si moi je me déconnecte d’abord ?
— Tu le sentiras. Une tension dans les hanches. Une densité derrière le sternum.
— Et toi ?
— Une vibration qui perd son axe. Comme un vertige intérieur, mais sans chute.
Un silence. Il voulait demander : "Et qu’est-ce qu’on fait alors ?"
Mais la question tomba d’elle-même.
Parce qu’il comprit que ce n’était pas une affaire de faire.
Il tendit la main.
Elle la prit, sans pression.
Le lien n’était pas doux.
Il était net.
Sans histoire, sans promesse, sans fusion.
Mais profondément réel.
Ils marchèrent encore.
Cette fois, il sentait chaque pas comme un écho.
Et il savait que la connexion n'était pas un état fixe, mais un rythme perceptible, qu’on pouvait apprendre à entendre.

