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Conversation avec Eva, André, Bertrand et Pierre sur l’invasion des objectifs

Conversation avec Eva, André, Bertrand et Pierre sur l’invasion des objectifs

Pubblicato 19 ago 2021 Aggiornato 19 ago 2021 Imprenditorialità
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Conversation avec Eva, André, Bertrand et Pierre sur l’invasion des objectifs

Quatre ami(e)s m’interpellent à propos de mon dernier billet : https://panodyssey.com/fr/article/bien-etre/l-invasion-des-objectifs-8vtwu3j5ntvf

Pierre Pradines - ex directeur de formation du groupe Bull : Peut-être faut-il nuancer en fonction de la catégorie d’objectifs.

Bertrand Déroulède - chef de projet formations managériales Cegos : Oui j’aime la sinuosité et l’imprévu source de renouvellement et pourtant Joel de Rosnay qui a également une approche systémique nous dit « les personnes sans objectif sont utilisées par celles qui en ont un »

Eva Matesanz - coach et psychanalyste : En écosystémique familiale l'important est d'exprimer des demandes ce qui revient à donner une forme explicite aux états internes de chacun dans toute leur complexité et exprimer ainsi aussi ce que la réalité partagée imprime chez chacun. Après et seulement après on peut se donner une direction commune et la revoir régulièrement. Autrement dit, ne jamais entamer un projet sans en avoir les ressources nécessaires .

André de Chateauvieux - psychanalyste et enseignant à Paris : D'accord, il y a l'objectif mais – pour peu bien sûr qu'on prenne le temps et puis alors le goût de ça – chaque instant montre, je trouve, que c'est essentiel le subjectif.

Ce que m’inspirent ces interpellations . 

Mon propos, tout en reconnaissant l’utilité des objectifs vérifiables et écologiques est de nous préserver des zones de nos vies sans projets et sans objectifs, et d’y prendre les choses comme elles viennent. Mon approche n’est pas de jeter les objectifs à la poubelle, loin de là. Je pense que l’errance peut être enrichissante. Nous pouvons trouver aussi notre bonheur dans un cheminement sans but et plein de surprises. Je précise que la contradiction ne se résout pas par l’éradication de l’un de ses pôles .

L’un des pôle se résume à  « Tout ce qui n’est pas mesuré n’est pas managé ». Cette école de pensée émerge aux USA au début du vingtième siècle avec le management par objectifs . Elle se renforce avec les méthodes de développement personnel importées d’Amérique dans les années soixante dix. Ces méthodes visent à nous aider à réussir , tant professionnellement que personnellement , à nous affirmer sans pour autant écraser les autres et à trouver notre authenticité. Les mêmes idées sont développées selon plusieurs versions : « sans projets et sans objectifs, point de réussite possible » , « un objectif flou débouche sur une absurdité précise » , « il convient de nous trouver des objectifs communs pour réaliser un grand projet, négocier , coopérer… » Certains thuriféraires des objectifs vont même jusqu’à  affirmer que chaque séquence de notre vie doit être associées d’objectifs contractualisés y compris en couple, avec les enfants, les amis.

La version la plus aboutie aujourd’hui de ces conceptions est l’alignement stratégique consistant à mettre en cohérence dessein, grande cause, valeurs , buts, objectifs, management, organisation, règles du jeu…

L’autre pôle est la sublimation de l’imagination, la créativité, les rencontres imprévues, l’agilité, les découvertes surprises…Le bonheur n’est pas un but mais un parcours certes erratique, néanmoins épanouissant. Par exemple, on engage une conversation sans but précis et pourtant les mots et les phrases s’interpellent , faisant émerger ainsi des idées impensables au départ par les interlocuteurs. C’est aussi laisser une place au hasard, aux évènements, à l’incertitude, aux rencontre improvisées, à la flânerie et au rêve. Les objectifs étant le plus souvent imposés par d’autres, ils empêchent de réaliser tout son potentiel. Plusieurs  dirigeants d’entreprises se sont confiés à moi en avouant discrètement : « Ce n’est pas parce que chaque collaborateur et chaque unité de mon entreprise atteint ses objectifs que mon entreprise se développe et se pérennise ».

Avec une lecture systémique, ces deux paradigmes , s’ils existent remplissent chacun des fonctions utiles. ils nous permettent d’obtenir des résultats. Par exemple, je peux m’enrichir en dépassant les objectifs qui me sont alloués, et aussi en découvrant un produit ou un service non attendu. Je peux penser que je suis un raté quand mon projet majeur échoue , et aussi lorsque je constate qu’à force de vagabonder et de rêver, je n’ai rien fait de ma vie. Je peux me réjouir d’être un gagnant reconnu et adulé, et aussi être heureux en me contentant de peu avec un nombre restreint de relations. 
Une petite provocation en guise de conclusion. L'un affirme : "pour être heureux, qui veut peut", et l'autre " pour être heureux je fais confiance à mon inconscient qui agit pour mon bien".

 

 

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