Le fantôme de mes pensées
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Le fantôme de mes pensées
Là, assis seul sur mon lit, les yeux embrumés, les joues tout juste humides, mes pensées divaguent à nouveau. Dans quelques jours, nous fêterons tous cette fête censée apporter joie et bonheur, celle où tout le monde est impatient d’ouvrir son lot de cadeaux.
Je vois d’ici les enfants excités à l’idée d’avoir la dernière console au goût du jour, ou un robot destructeur de monde, voire la poupée qui te répond quand tu la cajoles. Leurs yeux brillants devant tous ces paquets emballés, qui renferment des mines de trésors, plus fabuleux les uns que les autres. Je vois aussi d'ici ces enfants compteurs de cadeaux, qui se contrebalancent de la qualité des jouets qu'ils contiennent, ni du cœur à l'ouvrage qu'il a fallu pour qu’ils soient offerts à ces ingrats. « Momyyy, pourquoi j'ai le même nombre de cadeaux que l'année dernière !? ».
C'est aussi dans quelques jours que la journée la plus triste de mon existence recommencera, encore et encore, comme un anniversaire que l'on ne souhaiterait surtout pas fêter. C'est peu après ma naissance que je reçus un cadeau qui empoisonna le reste de ma vie. Trois ans, trois. Y a-t-il vraiment un meilleur moment pour que l'on nous gâche la vie ? Non, sûrement. Mais j'ai mal démarré la mienne et je n’avais rien demandé. On dit que l'on mérite les mauvais faits de son existence, une histoire de chakra semble t-il. Mais qu'avais je pu faire à trois ans qui mérite un tel châtiment ? Peut-être avais-je payé d’avance pour les futurs mauvais choix que j’allais faire ?
Oui, en effet, je n'ai pas toujours été un ange, j'ai même contribué aux larmes de ma mère. Quel fils indigne je fais ! Et pourtant, je ne me sens pas si coupable que cela. J'ai eu ma crise d’adolescence, comme tout le monde. Ce moment de confrontation où les cris, la colère, l’incompréhension sont souvent de mise. Oui, j'ai vécu. Normalement. À peu près. Chacun sait qu'il y a toujours des hauts et des bas dans la vie, et, tout ça, est censé se compenser. Un équilibre. Cependant, ce vide perpétuel au plus profond de mon cœur n'a jamais pu trouver cet équilibre. On ne remplace pas une perte par autre chose.
Pourquoi a-t-il fallu que tu le fasses six jours avant cette fête, symbole de jours heureux ? Qu'avais-tu dans le crâne, à part ce foutu plomb que tu as décidé de t’y loger ? N’avais-tu pas mieux à transmettre à ton fils ?
Toute ma vie durant, je n'ai su s'il fallait t'aimer ou te détester. S'il fallait te rendre fier ou t’oublier ? En même temps, comment aurais-je pu le faire, avec le fantôme de mes pensées ?