 
                     
                    Francis Ponge - Le monde muet est notre seule patrie
                                                                                    Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 4 articles da scoprire questo mese.
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Francis Ponge - Le monde muet est notre seule patrie
1961
La fonction de la poésie est de nourrir l’esprit de l’homme en l’abouchant au cosmos. Il suffit d’abaisser notre prétention à domi ner la nature et d’élever notre prétention à en faire physiquement partie, pour que la réconciliation ait lieu. Quand l’homme sera fier d’être non seulement le lieu où s’élaborent les idées et les sentiments, mais aussi bien le nœud où ils se détruisent et se confondent, il sera prêt alors d’être sauvé. L’espoir est donc dans une poésie par laquelle le monde envahisse à ce point l’esprit de l’homme qu’il en perde à peu près la parole, puis réinvente un jargon. Les poètes n’ont aucunement à s’occuper de leurs relations humaines, mais à s’enfonce dans le trente-sixième dessous. La société, d’ailleurs, se charge bien de les y mettre, et l’amour des choses les y maintient ; ils sont les ambassadeurs du monde muet. Comme tels, ils balbutient, ils murmurent, ils s’enfoncent dans la nuit du logos, - jusqu’à ce qu’enfin ils se retrouvent au niveau des RACINES où se confondent les choses et les formulations. Voilà pourquoi, malgré qu’on en ait, la poésie a beaucoup plus d’importance qu’aucun autre art, qu’aucune autre science. Voilà aussi pourquoi la véritable poésie n’a rien à voir avec ce qu’on trouve actuellement dans les collections poétiques. Elle est ce qui ne se donne pas pour poésie.
ner la nature et d’élever notre prétention à en faire physiquement partie, pour que la réconciliation ait lieu. Quand l’homme sera fier d’être non seulement le lieu où s’élaborent les idées et les sentiments, mais aussi bien le nœud où ils se détruisent et se confondent, il sera prêt alors d’être sauvé. L’espoir est donc dans une poésie par laquelle le monde envahisse à ce point l’esprit de l’homme qu’il en perde à peu près la parole, puis réinvente un jargon. Les poètes n’ont aucunement à s’occuper de leurs relations humaines, mais à s’enfonce dans le trente-sixième dessous. La société, d’ailleurs, se charge bien de les y mettre, et l’amour des choses les y maintient ; ils sont les ambassadeurs du monde muet. Comme tels, ils balbutient, ils murmurent, ils s’enfoncent dans la nuit du logos, - jusqu’à ce qu’enfin ils se retrouvent au niveau des RACINES où se confondent les choses et les formulations. Voilà pourquoi, malgré qu’on en ait, la poésie a beaucoup plus d’importance qu’aucun autre art, qu’aucune autre science. Voilà aussi pourquoi la véritable poésie n’a rien à voir avec ce qu’on trouve actuellement dans les collections poétiques. Elle est ce qui ne se donne pas pour poésie.
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