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A la Moldue - Chapitre 4 : L'élément perturbateur

A la Moldue - Chapitre 4 : L'élément perturbateur

Pubblicato 9 nov 2020 Aggiornato 9 nov 2020 Cultura
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A la Moldue - Chapitre 4 : L'élément perturbateur

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La chaleur étouffante de l'été ne parvenait pas à percer son âme. Il faisait brûler en continu un feu vif dans l'âtre du salon, faisant atteindre aux températures des sommets infernaux. Pour autant, enfoncé profondément dans son gigantesque fauteuil, ses mains aux longs doigts emmêlés sous son menton, Lord Voldemort frissonnait. Son corps entier restait rigide et glacé, son sang coulait lentement dans ses veines, et son pouls ne cessait de battre à une allure erratique, l'essoufflant continuellement. Depuis cette nuit dans le cimetière, où il était revenu à la vie, Voldemort ne parvenait pas à ressentir à nouveau sa pleine puissance. Il se sentait diminué, incomplet. Comme si son âme morcelée disparaissait peu à peu, drainée avidement par une paille invisible. Il se sentait épié, comme une paire d'yeux braquée en permanence sur sa nuque. Il avait la désagréable impression d'être accompagné d'une présence indésirable, nichée vicieusement dans sa chair. Il avait ordonné à son misérable rat de compagnie de garder ses distances, et même si Queudver ne fouinait plus dans son environnement, le mage noir ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement des coups d'œil craintifs aux alentours. Il se redressait au moindre bruit, tirant sa baguette à chaque craquement de bois, vérifiant sa solitude pour chaque mouvement d'air. Mais, il ne parvenait jamais à retrouver un semblant de quiétude, son ventre se contractant résolument, et un frisson d'effroi saisissant immanquablement sa colonne vertébrale. Il n'avait pour seules pensées que le souvenir d’un faisceau de magie brute le reliant à une autre baguette. Il revoyait chaque soir la nuit de son retour, se focalisant invariablement sur cette image : lui et Potter, tentant de prendre l'ascendance sur la magie de l'autre. Était-ce parce qu'ils partageaient désormais le même sang ? Cette question tournait sans cesse dans son esprit, torturant chaque jour un peu plus le sorcier. Chaque nuit, il revoyait ce faisceau, il entendait le chant du phénix, il entendait la voix de son maître des potions :

« Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... »

Un nouveau frisson, plus violent encore, ébranla alors le corps du plus grand mage noir de ce siècle. Pour la première fois de son existence, Voldemort identifia clairement cette sensation : c'était de la peur. Et il détesta la ressentir.

A la Moldue fanfiction Harry Potter

La nuit était tombée depuis deux bonnes heures, accompagnée d'une pluie battante qui s'écrasait avec fracas sur les vitres du train. Un silence confortable s'était installé entre Jane et Snape, leur laissant un moment de répit bienvenu, avant le second acte de cette intense journée. La jeune femme s'amusait à présent avec son chat, débordant d'énergie dans le compartiment, sous le regard faussement désintéressé d'un Severus qui s'ennuyait. Une corne de brume s'éleva trois fois dans la nuit, et les roues du Poudlard Express grincèrent sur les rails, à mesure que l'engin ralentissait.

« Il va me falloir métamorphoser vos vêtements, Miss, annonça simplement le Professeur de Potions.

— Trop Moldus ?

— Exact, nous arrivons en Gare de Pré-au-Lard, un village non loin de l'école, peuplé exclusivement de sorciers. » Expliqua-t-il en sortant sa baguette d'ébène.

L'homme en noir la pointa vers elle, réfléchissant un instant, avant d'effectuer un élégant mouvement de poignet. L'instant d'après, Jane se retrouva habillée d'une robe noire simple, cintrée au buste, à col haut, et au jupon descendant sous les chevilles. Un autre mouvement de baguette, et ses cheveux se retrouvèrent relevés en un chignon serré, lui donnant l'air d'une matrone du dernier siècle.

« Putain ! C'est clairement plus impressionnant que David Copperfield ! s'exclama Jane estomaquée.

— Je vous saurais gré de surveiller votre langage, Miss, et de ne pas proférer de telles inepties Moldues.

— Veuillez accepter toutes mes plus plates excuses, Professeur Severus Snape, répondit-elle en tentant de s'incliner malgré le corset. Je ne souhaitais que mettre en lumière l'extraordinaire impression que vous…

— Ça suffira, Miss Smith ! » Coupa le sorcier d'une voix forte.

La jeune femme n'en prit pas ombrage et tenta de s'admirer dans le reflet de la vitre. Peu habituée par le port du corset, elle s'amusa à se tordre dans tous les sens pour estimer sa liberté de mouvement.

« Quand vous aurez fini de vous prendre pour un singe acrobate, Miss…

— Vous les avez créés ? demanda-t-elle pensive.

— Précisez votre pensée, Miss. Si, toutefois, vous en êtes capable, rétorqua Snape d'une voix hargneuse.

— Mes vêtements, les avez-vous créés ou avez-vous transformé ceux que je portais ?

— Cela s'appelle une métamorphose, Miss.

— Serait-il possible que cela soit un réagencement des atomes composant la matière ? » Demanda-t-elle une nouvelle fois, tout en continuant de tournoyer sur elle-même.

Snape ouvrit la bouche, sans piper mot. Quelle étrange question. Il fronça les sourcils, tout en gardant le silence, et Jane enchaîna :

« Les atomes, Professeurs, sont de toutes petites choses invisibles qui…

— Je sais ce que sont les atomes, Miss Smith. Je réfléchissais à votre théorie ! »

Le train s'ébranla, puis s'arrêta. Et Jane se tourna alors vers le sorcier, les mains sur les hanches, avec une moue boudeuse :

« Bon, alors, c'est ça la métamorphose, oui ou non ? demanda-t-elle, impatiente.

— C'est… C'est possible, répliqua un Severus, toujours concentré sur la question.

— Personne n'a jamais évoqué cette possibilité ?

— Peu de sorciers connaissent cette notion, Miss, c'est Moldu.

— Et alors, vous la connaissez, non ? Vous ne vous êtes jamais demandé ce qu'il en était ? »

Snape ne répondit pas immédiatement. Évidemment que la question de la magie lui avait effleuré l'esprit à son arrivée à Poudlard. Pour autant, jamais il ne s'était penché véritablement dessus, préférant prendre à bras le corps les nouveaux enseignements dispensés et le pouvoir que cela lui octroyait. Il avisa la demoiselle et finit par rétorquer :

« Vous poserez cette question au Professeur Mc Gonagall, c'est elle qui enseigne cette matière !

— Ah. Donc, vous ne savez pas. »

L'homme se renfrogna, vexé qu'elle le remette ainsi en question. Il passa devant elle sans lui accorder un regard et ouvrit brutalement les portes du compartiment, laissant à Jane le loisir de porter sa lourde valise à la main. Merlin observa la scène, reporta son attention sur sa maîtresse et miaula.

La gare était déserte, les quais glissants et recouverts d'une fine pellicule d'eau qui reflétait la lumière des réverbères. Jane descendit maladroitement du train, traînant sa valise d'une main, et tenant Merlin de l'autre. Titubant dans son accoutrement inhabituel, elle trébucha en se prenant les pieds dans les pans de sa robe, Merlin miaula de protestation en lui sautant des bras, et sa valise retomba mollement entre le train et le quai. La jeune femme jura une nouvelle fois avant de sentir une poigne ferme l'enserrer à la taille. En relevant la tête, gênée, elle croisa le regard furibond d'un Snape, dont les épaules avaient été prises en otage par le chat, qui refusait ostensiblement de poser une patte sur le sol mouillé. Le Sorcier la remit sur pied avec brusquerie, et fit léviter la valise détrempée d'un coup de baguette. Il ne dit rien, se contentant de renifler d'un air dédaigneux et d'ouvrir la marche en direction d'une calèche sans attelage. Lorsque Jane ouvrit la bouche pour poser une énième question, Snape lui lança un regard si menaçant, qu'elle la referma aussitôt, préférant s'abstenir de provoquer davantage la colère de l'homme. Il ouvrit la porte de la voiture, monta dedans sans galanterie, l'animal toujours tremblant accroché à sa nuque, et grogna en guise d'invitation.

Le trajet se déroula dans un silence tendu, que même Merlin n'osa perturber. La voiture finit par s'arrêter, et Snape descendit en premier, bravant la tempête, son sans avoir remis à sa propriétaire l'animal hydrophobe. Malgré sa mauvaise humeur, le sorcier eut la grâce de continuer à faire léviter la valise. Et, lorsque Jane posa un pied sur le sol rendu boueux par les flots, il tourna son attention vers la jeune femme pour saisir toute son expression faciale : trempée jusqu'aux os, le chignon s'aplatissant à vue d'œil sous la pluie, Jane avait les yeux et la bouche grands ouverts dans une expression d’ébahissement presque enfantin. Son regard ne cessait d'aller et venir sur chaque recoin de l'immense château qui se découpait dans la nuit. Elle semblait ignorer le froid et l'humidité, et même Merlin, qui se débattait pour retourner dans la calèche, ne la tira de sa rêverie. L'homme avança en direction des portes, et Jane eut le sentiment qu’elle entrait dans un nouveau monde.

A la Moldue fanfiction Harry Potter

Un verre se brisa, répandant au passage l'excellent vin sur un tapis vieux de plusieurs siècles. Face à un Directeur qui attendait patiemment la fin de la tempête, Severus Snape respirait comme un buffle, le visage presque coloré, et les pupilles dilatées.

« Ce n'est même pas la peine de l'envisager, Monsieur le Directeur, reprit le sorcier d'une voix à peine audible et tremblante de colère.

— Pourquoi cela, mon garçon ? Sa compagnie est-elle si déplaisante ?

— Dépl… Déplaisante ? DÉPLAISANTE ? Vous me l'avez collé dans les jambes, avec son piaillement incessant ! » Hurlait à présent le si habituellement taciturne Maître des Potions. Il prit une voix de fausset avant de poursuivre : « Et pourquoi on ne peut pas faire apparaître de la nourriture ? Et pourquoi la métamorphose perdure-t-elle ? Est-ce que vous avez déjà songé à coupler les théories Moldues et sorcières ? Est-ce qu'un Moldu serait capable de faire une potion ? »

Albus dissimula un sourire derrière ses mains, mais il ne put empêcher ses yeux de pétiller d'amusement, agaçant davantage son protégé. Il devait admettre que Jane Smith était une mine de pourquoi. Cela faisait maintenant presque quinze jours que la jeune femme était à Poudlard, et elle déambulait dans les couloirs à la recherche de réponses. Il n'était pas rare de la voir arrêtée en haut d'un escalier, posant mille et une questions aux tableaux accrochés sur les murs. Et si Merlin semblait s'être facilement accoutumé à son nouvel environnement, la demoiselle, elle, tenait à rappeler l'accord passé : aucune question sans réponse immédiate. C'est ainsi que l'incident s'était produit, au bout du troisième jour. Le premier d'une longue liste, à n'en pas douter.

Dumbledore n'avait pas collé Jane dans les jambes de Severus. Il avait demandé à son Professeur d'être son guide, le temps qu'elle prenne ses marques. Ayant été élevé une partie de son enfance dans le monde Moldu, Snape était un choix tout naturel aux yeux du vieil homme. Et, il devait l'avouer, il préférait savoir son protégé à Poudlard, entouré, plutôt que seul et ruminant à Spinner's End. Il avait d’ailleurs largement argumenté sur le fait que cela ne pouvait que lui faire du bien d’être au contact d’un humain de son âge. Mais, assouvir la curiosité de Miss Smith demandait une patience que le Maître des Potions n'avait pas. En résulta, presque fatalement, l'incident : c'était un mardi matin. Jane avait, une fois de plus, réussi à forcer Snape à sortir des donjons, pour la suivre, alors qu'elle continuait son exploration du château. Après l'avoir questionné sur le sortilège mis en place sur les armures animées, faisant suite à une question sur l'étendue de la personnalité des portraits ; après lui avoir demandé si les elfes se déplaçaient via des tunnels souterrains pour ne pas être vus ; et enfin, après avoir voulu connaître le sort qui empêchait la cire des bougies flottantes de la Grande Salle de couler ; Jane subit avec fracas le courroux de l'ancien Mangemort. Il la planta en plein milieu d'un couloir désert, non sans un « Merde ! » peu élégant, et Dumbledore retrouva la jeune femme quelques heures plus tard, rendue muette depuis que sa langue s'était collée inexplicablement à son palais. Albus décida de ne pas se mêler de cette histoire, préférant observer la suite des événements. Et c'est l'attitude de son Professeur, au petit-déjeuner suivant, qui le conforta dans la légitimité de son choix. Severus arriva en trombe dans la Grande Salle, les bras chargés d'une pile indécente de livres, qu'il posa sans ménagement devant une Jane ahurie, le tout, avant de repartir dans un bruissement de cape furieux. Cela permit au sombre Professeur de bénéficier d'un répit d'une grosse semaine, et à Jane, d'avoir enfin ses réponses. Pourtant, une question restait en suspens, et le Directeur savait qu'il lui faudrait y répondre lorsqu'elle aurait terminé sa lecture de « L'Histoire de Poudlard ».

Il reporta son attention sur l'homme qui ne décolérait pas. D'un coup de baguette, il fit disparaître les bris de verre et la tache de vin, avant de resservir son employé qui lui jeta un regard mauvais.

« Mais pourquoi diable vous ne demandez pas à Minerva de s'en charger ?! éructa le Maître, qui refusait obstinément de s'asseoir.

— Severus, je vous l'ai déjà expliqué : Minerva est actuellement en visite dans sa famille, sa grande tante vient de décéder, répondit patiemment Albus en buvant une gorgée de vin.

— Naturellement, la vieille était obligée de claquer cet été !

— Mon garçon, ce n'est pas correct de dire une chose pareille, elle ne pouvait pas savoir… ! pouffa le Directeur, non sans humour.

— Et Mme Pince ? Elle ne pourrait pas s'en charger, elle ? Ne devrait-elle pas être déjà là pour la former aux sciences de la mise en rayons… ?

— C'est à propos de cela que je vous ai fait mander, Severus, répondit le vieux mage redevenu sérieux. Asseyez-vous, je vous prie. »

Snape obtempéra, surpris et inquiet du ton grave que prenait son mentor. Albus le regardait avec attention, les yeux durs et le regard perçant. L'espion frissonna, s'interrogeant sur ce qui pouvait autant perturber le vieux Directeur.

« Charity m'a remis sa démission par Hibou, ce matin.

— Elle…, commença Snape avant d'être interrompu.

— Elle a expliqué brièvement dans sa missive les raisons de son départ. Elle et son époux sont actuellement en train de quitter l'Angleterre. »

Severus accueillit la nouvelle d'un air sombre. Nous y étions. Le départ de Charity Burbage n'était que le premier d'une longue série. La nouvelle guerre commençait comme la précédente, le monde sorcier se divisait alors en trois catégories : Les combattants de la Lumière, ceux des Ténèbres, et enfin, la malheureuse majorité : les gens. Les gens qui pouvaient fuir, trahir ou collaborer. La malheureuse majorité silencieuse. Il but cette fois-ci la moitié de son verre, continuant de réfléchir aux implications de cette nouvelle.

« Donc… Lorsque vous me demandez de faire de cette fillette une parfaite sorcière accomplie…

— Une fillette qui a pratiquement votre âge, Severus.

— Une fillette ignorante et sans magie, donc. Vous me demandez de la former pour un remplacement ?

— C'est cela, Severus. Miss Smith n'aidera pas Mrs Pince à la Bibliothèque.»

Severus soupira. En définitive, il s'était trompé : c'était à lui de répondre à l’appel de l’aventure.

A la Moldue fanfiction Harry Potter

Jane jura une nouvelle fois : elle venait de faire une belle tache d'encre sur le parchemin. Lorsque Severus lui avait confié cette petite bibliothèque de livres à lire, il lui avait également donné un carnet, une belle plume d'oie et une bouteille d'encre noire.

« Cela, afin que vous notiez silencieusement toutes les questions que vous aurez à me poser, Miss. » Lui avait alors déclaré implacable le Professeur d'un air rogue.

L'idée était excellente, mais peu pratique. Jane avait trouvé très amusant, au début, d'apprendre à écrire « comme nos grands-parents ». Mais, très vite, elle regretta les bons vieux stylos à bille, et c'est avec des mains tachées comme celles d'un écolier, qu'elle tentait de gratter ses « Pourquoi ». Cela étant, c'était un bien maigre désagrément au regard des journées qu'elle passait à Poudlard. L'école était vide de ses élèves et professeurs. Seuls Dumbledore et Snape restaient encore, à veiller sur elle. La jeune femme passait donc le plus clair de son temps à lire, vagabonder et à discuter avec les portraits et les fantômes. Elle s'amusait également à tenter de surprendre les elfes de maison.

Elle tourna précautionneusement une page de l'Histoire de Poudlard, en évitant comme elle put de tacher le livre. Elle était absolument fascinée par cet univers et cet endroit. L'Histoire qui l'entourait était des plus incroyables ! Dire qu'elle y prenait part, sans qu'elle ne comprenne encore comment, l'excitait au plus haut point. Mais Jane avait beau être en ces murs une enfant émerveillée, elle n'oubliait cependant pas les mystères qui entouraient sa venue. Elle relut sa liste de questions concernant l'ouvrage, tentant de déchiffrer parfois son écriture malhabile et tâchée. Parmi ces questions figuraient « Pourquoi personne ne sait où est la Chambre des Secrets ? », « Pourquoi la maison Serpentard existe toujours malgré la querelle ? » et enfin : « Pourquoi c'est le chapeau de Gryffondor et non les bottines de Poufsouffle qui répartit les élèves ? ». Mais il demeurait une question sur Poudlard qu'elle ne comptait pas écrire, mais bien poser directement à Albus Dumbledore au cours de l'entretien qu'elle allait avoir.

La pendule qui se trouvait dans son petit salon se mit à tinter, signifiant qu'il était onze heures du matin. Jane jura, elle était en retard. Elle se releva rapidement, referma le bouchon de l'encrier, récupéra son cahier et partit précipitamment de ses appartements. Elle ne se repérait toujours pas dans l'école. Bien qu'elle sache où se trouvait la Grande Salle, et qu'elle connaisse le trajet qui séparait ses lieux de ceux du Professeur de Potions, Jane marchait le plus souvent à l'instinct, se perdant à l'occasion. C'est essoufflée et échevelée qu'elle arrivât face à la gargouille qui gardait l'accès au bureau du Directeur. Elle fit la moue et pâlit légèrement : elle avait oublié le mot de passe. Soupirant, mais ne se décourageant pas, elle tenta :

« Poudlard !

— …

— Merlin l'enchanteur !

— …

— Albus Dumbledore !

— …

— Stupéfix ! Accio ! Expelliarmus ! lança-t-elle, ravie de commencer à retenir certains sorts.

— … »

Elle continua une bonne dizaine de minutes comme ça, lançant tout ce qui lui passait par la tête. Elle finit par renoncer, s'asseyant à même le sol, furieuse d'avoir oublié quelque chose de si important. Jane avait maintenant vingt belles minutes de retard. Elle lança un regard mauvais en direction de la gargouille, avant de lui vociférer, inspirée :

« Je t'ordonne de t'ouvrir ! Moi, l'héritière de deux maisons – dont j'ignore le nom, je te le concède – te donne l'ordre de libérer ton passage afin de me laisser aller à ce rendez-vous de la plus haute importance ! » Elle termina cette phrase en bombant le torse, certaine de son effet.

Elle ne réussit qu'à faire grincer la gargouille qui tourna son hideuse tête en pierre dans sa direction. Jane crut un instant avoir trouvé la solution, mais la créature resta de marbre. Jane jura pour la septième fois de la matinée. Deux minutes passèrent encore, lorsque la gargouille pivota, révélant un escalier en colimaçon et un Severus Snape dédaigneux :

« J'ai cru comprendre que l'héritière de deux maisons – dont elle ignore le nom –exigeait que le Directeur la reçoive. » Articula lentement le Professeur en se délectant du rougissement de honte que sa phrase provoqua. Jane hocha imperceptiblement de la tête et Snape s'écarta pour lui laisser le passage, non sans lui rappeler : « Vous avez vingt minutes de retard, Miss Smith. »

C'est une Jane Smith, penaude, qui arriva dans le bureau du Directeur. Snape avait le don de lui faire sentir qu'elle était de retour à l'école, et elle s'attendait presque à être punie. Le vieil homme ne fit aucun commentaire sur l'horaire, et l'accueillit avec un sourire rayonnant, l'invitant à s'asseoir. Jane allait se poser sur le fauteuil de droite lorsque le grognement du Maître des Potions, couplé à son regard menaçant, la fit changer d'avis. Non, Severus Snape ne prêtait pas son fauteuil préféré. Le mage continua de sourire, et fit apparaître une théière fumante, des tasses, et une coupe pleine de bonbons.

« Un bonbon au citron, Miss ? » Demanda-t-il, plein d'espoir.

Jane ouvrit la bouche interloquée et jeta un regard interrogatif au Maître des Potions qui releva un sourcil surpris. L'écrivain éclata alors de rire, et Severus, comprenant soudainement, ne put empêcher la venue d'un rictus.

« Non, merci, Monsieur le Directeur, c'est mauvais pour le Diabète. » Répondit alors la jeune femme d'un air malicieux.

Albus sembla profondément déçu et se tassa sur sa chaise, au plus grand bonheur de son collègue. Il retrouva quelque peu sa contenance lorsqu'il se mit à servir le thé. Chacun touilla sa tasse religieusement, soufflant de temps à autre sur le breuvage, mais aucun ne se lança. Ce fut, le vieux Directeur qui ouvrit alors la discussion :

« Vous vous plaisez à Poudlard, Miss Smith ?

— Oh, beaucoup. C'est un endroit magnifique.

— Les journées ne sont pas trop longues ?

— Nullement, j'ai beaucoup de choses à apprendre !

— Et Severus est aimable avec vous ? demanda le vieil homme en arrachant un soupir de la part du susnommé.

— Épouvantablement aimable, répliqua Jane, non sans un sourire goguenard à l'égard du Maître des Potions.

— Bien. Très Bien, Miss. »

Snape fit tinter sa cuillère sur les rebords de sa tasse, et toussota, en lançant un regard lourd de sens au Directeur. Albus se tordit les mains, choisissant avec soin ses mots :

« Miss Smith… Il est peut-être temps d'aborder certaines questions vous concernant. Commença-t-il d'une voix mal assurée.

— Mes aïeux ! s'exclama Jane en soupirant. Il était temps que vous en parliez, j'en avais assez de vous laisser un peu de marge et de ronger mon frein ! »

Cette réplique fit plisser les yeux du Directeur de Serpentard, qui se questionna une fois de plus à propos de sa future collègue. Albus, lui, n'offrit qu'un pauvre sourire d'excuses, presque gêné par la réponse. Snape hocha imperceptiblement la tête. Il y était : Jane avait laissé le vieil homme venir à elle à son rythme, pour lui démontrer sa grande magnanimité dans leur accord. Bavarde, mais maligne la petite.

« Alors il est temps pour moi de répondre à vos questions, Miss. » Déclara le Directeur en se redressant sur sa chaise.

Cependant, il ne s'attendait nullement à ce que la demoiselle n'ouvre son carnet sur une page maculée d'écriture qui portait la mention : « Poudlard ». Elle le releva devant ses yeux et passant une langue concentrée sur ses lèvres en fronçant le nez. Snape vit le vieux mage se tasser à nouveau sur sa chaise avec lassitude. Il s'autorisa donc pour l'occasion un sourire presque entier, et se risqua, amusé, à demander :

« Je vous peux vous laisser, Monsieur le Directeur… ?

— Non, Severus, vous restez ! » Répliqua Albus, en guise de punition.

Jane ne fit pas attention à cet échange, pas plus qu'elle ne sembla saisir le duel silencieux qui opposait à présent les deux sorciers. Elle tourna plusieurs pages dans un bruissement, marmonnant de temps à autre, tout en prenant son temps. Elle finit par retourner à la première page de la liste « Poudlard », et se fendit d'un « Alors… » Annonciateur d'une tempête de questions. Les deux hommes se raidir imperceptiblement, certains de ne pas être à l'heure au déjeuner.

« Alors… J'hésite entre la Chambre des Secrets et… commença-t-elle doucement.

— Et… ? poursuivit Albus, d'un air inquiet.

— La Chambre des Secrets, donc… Et…

— Et… ? Miss, osez ! s'impatienta le Directeur.

— Et le nom de mes ancêtres, l'explication précise de vos attentes à mon encontre, et la raison de la présence du Professeur Snape. » Termina-t-elle avec un sourire victorieux.

Severus ouvrit la bouche avec stupeur. Albus cligna des yeux. Et la jeune femme leur lança une œillade amusée. Maligne se répéta alors songeur l'ancien Mangemort. Dumbledore soupira de soulagement, et touilla son thé, sous le regard inquisiteur de la Moldue.

« Vous êtes…, se décida enfin Albus, semblant ravi de l'attention de son auditoire. Vous êtes l'héritière des maisons Gryffondor et Serdaigle.

— Ah, se contenta de répondre l'héritière en question.

— Vous semblez déçue, Miss…, releva Dumbledore.

— Un peu, j'aurais aimé retrouver quelques qualités de Serpentard, je dois admettre. Non pas que j'embrasse l'entièreté de ses préjugés – cela serait cocasse – mais, le courage aveugle, je ne crois pas en disposer. »

Un vif éclair passa dans les yeux du grand mage, avant qu'il ne pose son regard perçant sur son protégé. Severus répondit en arquant un sourcil dubitatif, et Albus se contenta de sourire.

« Miss Smith, l'hérédité ne détermine pas le caractère, et vous l'avez prouvé, il me semble. »

Snape saisit l'allusion et renifla. Mais, il avait beau tenter de sauver les apparences, oui, Jane Smith ferait une très bonne Serpentarde.

« Quant à mes attentes et à la présence de Severus, l'explication est très simple : j'ai pour projet de vous confier la classe d'Étude des Moldus à la rentrée prochaine. »

Jane éclata de rire.

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