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46. La Légende de Nil. Jean-Marc Ferry. Livre 2, L'Utopie de Mohên, V, 2

46. La Légende de Nil. Jean-Marc Ferry. Livre 2, L'Utopie de Mohên, V, 2

Pubblicato 24 ott 2023 Aggiornato 24 ott 2023 Cultura
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46. La Légende de Nil. Jean-Marc Ferry. Livre 2, L'Utopie de Mohên, V, 2

 

 

— Nous demandons, Majesté, à être libres, libres d’acheter, vendre, investir, employer, libres de déployer nos activités industrielles, commerciales, bancaires, sans avoir à supporter des entraves à la circulation de nos produits. C’est le droit du marché. Cela ne vaut-il pas mieux que guerres et brigandages ? Nous ne forçons personne, et puisque tout est contractuel dans nos façons de procéder, pourquoi devrions-nous être soumis à des servitudes de protection ? Salariés, consommateurs, usagers, que sais-je encore ? Faut-il entraver notre liberté pour rassurer ceux qui craignent quelque changement de leur mode de vie ? Nous ne prétendons à rien de plus qu’à cette liberté, mais à rien de moins non plus.

Ols dut prendre sur lui pour ne pas interrompre le Président du Syndicat. Celui-ci avait été convoqué par Ygrem, à Syr-Massoug. Santem, présent à la réunion, a insisté pour qu’elle se déroule dans la capitale des Nassugs, plutôt qu’à Iésé, en Terres noires. Oramûn y avait rejoint son beau-frère. Depuis le lac de Lob, il avait, avec Yvi, gagné le village des Olghods. Il y récupéra son aéroglisseur qui conduisit le jeune couple jusqu’au navire laissé au mouillage en vue des montagnes de Welten. De là, il gagna par mer Syr-Massoug. Il remarqua que, de Iésé à Syr-Massoug, la côte est à présent bordée d’ateliers, de boutiques, d’échoppes, de magasins, d’usines et d’entrepôts. Outre ce continuum on distingue trois bourgades, un peu en retrait sur les hauteurs. Oramûn se rappela l’époque où, avec son père, sur une embarcation de papyrus il avait pour la première fois abordé la côte des Terres bleues, pris contact avec les Nassugs. On n’y voyait que la forêt à perte de vue. Ces temps sont déjà loin…

À peine arrivé à Syr-Massoug, Oramûn s’empressa de présenter Yvi à sa sœur, Almira, ainsi qu’à Santem à qui il raconta dans le détail sa dernière conversation avec Lob. Il fut surpris que son père se montrât si attentif aux paroles du vieux sage. Le lendemain, il se rendit à la confrontation qui semble s’annoncer entre, d’un côté, le Président du Syndicat des Industries Autonomes, établi à Iésé, et, de l’autre, Ygrem, Ols, Santem et lui-même.

C’est Ols qui engagea la réplique :

— Nous tous, ici, préférons certes le droit du marché à celui de la guerre. Tous, ici, sommes aussi des amis de la liberté. En politique, cependant, que vaut la liberté de déployer ses activités sans entraves, si cette liberté n’est pas égale pour tous ? C’est ma question : pensez-vous que cette liberté que vous revendiquez pour vous, industriels, soit égale pour tous : artisans, ouvriers, sans parler de ceux qui errent dans les campagnes en quête des moindres opportunités ?

Le Président n’avait nulle intention de se laisser démonter :

— Monsieur, les mouvements du marché reposent sur la négociation. Je l’ai dit : le marché ne force personne. Tous sont libres d’accepter ou refuser. Tous peuvent aussi faire des contre-propositions ; et cette liberté est la même pour tous.

— Soutiendriez-vous que la liberté soit égale dans une négociation d’emploi entre vous, industriel, et, par exemple, un ancien serf venu en ville pour trouver un travail moyennant quelques Sols ? Pensez-vous qu’il pourra refuser le salaire que vous lui offrez ? En théorie, oui, on pourra toujours prétendre qu’il est libre de refuser le salaire proposé. Mais en pratique il n’a pas le choix. Au cas où ce malheureux se résignerait à refuser votre offre qu’il jugerait par trop dérisoire, comparez, je vous prie, le coût que ce refus représenterait pour vous avec celui qu’il entraîne pour lui ! Est-ce cela l’égale liberté pour tous ?

— Monsieur, il s’agit d’une égalité de droit. N’y voyez pas d’hypocrisie. Ni les industriels, ni le marché en général n’ont la responsabilité de réaliser entre les parties une égalité dans la situation de fait. Ce serait d’ailleurs une tâche impossible pour l’État lui-même.

Ygrem sentit que son fils avait mal engagé la discussion. Il fit alors cette proposition :

— Il est clair que le marché n’a pas pour fonction d’égaliser les conditions de départ dans la négociation. Justement il vous faut par conséquent admettre que le marché ne saurait constituer l’unique instance de la répartition des dotations matérielles. D’où notre proposition : acceptez le complément que représente l’action régulatrice de l’État. Mon fils nous a rapporté la discussion qu’il avait eue, à Iésé, avec vos assesseurs. Vous vous dîtes favorables au principe de la confiance. Elle nous épargne en effet des réglementations qui n’en finiraient pas de quadriller les situations. Cependant, vous seriez hostiles aux mesures de protection sociale et de participation économique des employés. Mon fils et Oramûn vous ont fait valoir un intérêt commun. Je ne puis croire que vous n’y êtes pas sensible. Pourtant, vous ne voulez ni assumer le reclassement des employés que vous seriez appelés à licencier, ni et encore moins, je présume, considérer que vous n’êtes pas propriétaires exclusifs de vos entreprises. Seriez-vous prêts à considérer que vos employés ont, eux aussi, part à cette propriété ? Auquel cas, celle-ci ne serait plus privée, ni publique, bien sûr ! L’entreprise serait bien commun. Cette proposition vous choque-t-elle ?

— Oui, Majesté. Elle me choque profondément.

— Alors, Monsieur le Président. Développez devant nous quatre, je vous prie, ce qu’il y a de choquant dans cette proposition.

— C’est simple : l’entrepreneur a engagé son argent. Il prend le risque de tout perdre, si l’entreprise n’est pas rentable. Dans le cas où l’entreprise prospère, ce qui, bien entendu, est le but, il est normal que la plus-value lui en revienne en sus du capital de départ. Quant aux salariés, ils ont été rémunérés pour leur apport à l’entreprise. Pourquoi exiger qu’en outre ils en soient considérés comme des propriétaires ? C’est en revanche légitime chez ceux qui ont pris des participations.

Le roi n’est pas convaincu, loin s’en faut, par la réponse de l’industriel.

— Pratiquement, donc, un employé qui aurait travaillé dans votre entreprise durant la moitié de sa vie active n’aurait aucun titre à faire valoir pour participer à une décision de mettre fin à l’entreprise. Certes, l’entrepreneur a investi son argent. Mais cet employé a investi son existence. Malgré cela, l’entreprise, à vous en croire, pourrait légitimement et sur décision des seuls détenteurs de parts dans le capital être vendue ou liquidée, sans que l’employé ait un mot à dire ! Car c’est bien ce qu’implique le statut de propriétaire privé, n’est-ce pas ?

— En effet. C’est son capital. Il peut en disposer comme il l’entend. C’est le principe, il me paraît logique et, dirais-je, juste, en dépit de la froideur. Considérez que les entrepreneurs ont la passion de l’entreprise. Leur but n’est pas de mettre les employés à la rue sans raison. Vous parliez d’un système qui repose sur la confiance. Que l’État donne l’exemple et qu’il fasse alors confiance aux entrepreneurs pour se soucier du bien de tous ceux qui contribuent à l’entreprise !

— Oui, et parmi « tous ceux qui contribuent à l’entreprise », vous comptez les salariés non propriétaires, si je vous suis bien ?

— En effet. Pourquoi ?

— Ils contribuent à l’entreprise. Mais si le propriétaire décide de la vendre, voire de la brader, ces salariés qui, pourtant, « contribuent à l’entreprise », n’ont nul droit d’opposition ni même de consultation. Est-ce bien logique ?

Santem mit à profit le silence embarrassé du Président. Rien qu’à un imperceptible mouvement de son corps, on comprit qu’il allait prendre la parole.

— Vous êtes un homme avisé. Votre sens de la justice n’a pas besoin d’être affiné pour qu’il vous soit clair que la logique de marché n’y satisfait pas. Elle est une base nécessaire mais non suffisante. Cependant, vous résistez à la perspective de ce qui vous apparaît comme des entraves à votre liberté. Vous y voyez des servitudes inutiles, néfastes, peut-être. Il est vrai que les dispositions qui vous sont suggérées représentent une charge financière pour les entreprises. De votre point de vue, c’est un surcoût. Mais qui vous contraint à produire au moindre coût ? Ce ne sont pas les entreprises des Terres bleues, puisqu’elles sont soumises aux dispositions voulues par le Royaume et acceptées par l’Union qu’il forme avec Seltenjœth et l’Archipel.

Santem marqua une pause, car il voulait maintenant aller au fond du problème :

— Bas prix et bas salaires ne sont pas une fin en soi. Considérez que les salaires que vous distribuez sont appelés à constituer le principal du revenu qui sera dépensé pour l’achat de vos produits. L’économie est une boucle. Vous trouverez votre intérêt à pratiquer de bons salaires ainsi qu’à assurer aux salariés une existence stable. Cela leur permettra d’anticiper l’avenir, de faire des prévisions et, partant, des investissements à moyen et long terme dans des équipements durables. Cela aussi, c’est votre intérêt.

Puis après une seconde pause :

— Comprenez mon argument. Si vous entrez dans l’Union, vous pourrez sans crainte aligner vos coûts de production sur les nôtres. Cela n’empêchera pas la compétition entre les entreprises, mais sur des bases communes. La concurrence se fera alors sur la qualité des produits, l’anticipation des besoins et toutes les compétences qui requièrent savoir-faire et intelligence. De cette compétition-là vous n’avez rien à craindre !

C’est à ce moment qu’Oramûn risqua une objection dont l’insolence pouvait faire capoter la discussion. Cependant, le risque est assumé :

— A moins que vous n’ayez une stratégie incompatible avec votre entrée dans l’Union…

— Que voulez-vous dire ?

— Que votre option en faveur des strictes disciplines du marché, qui, selon vous, devraient s’imposer en toute rigueur, serait aussi bien une machine de guerre pour éliminer la concurrence de l’Union.

Avant que le Président n’ait répliqué, Santem estima le moment venu de passer d’une joute encore superficielle à une confrontation de fond.

— Je suggère de regarder comme une hypothèse d’école la supposition d’Oramûn, et je vous propose ce jeu de fiction : admettons que votre stratégie soit d’éliminer des rivaux. Je pense aux entreprises des Terres bleues, mais aussi au système politique lui-même que fait valoir le roi et qui contredit votre vision de l’ordre économique. Qu’estimez-vous gagner à une telle compétition ?

— Mais, Seigneur Santem, j’espère tout naturellement gagner le marché pour lequel nous sommes compétitifs.

— Et que signifie « être compétitif » ?

— Offrir le même produit ou son équivalent pour un meilleur prix ; et c’est bien ce que nous comptons faire. Nos entreprises n’ont pas à supporter les charges qui sont imposées par le royaume. Nos coûts de production sont moins élevés que les vôtres. Nous sommes par conséquent en mesure de mettre sur le marché des produits qui auront la préférence des consommateurs et des entreprises clientes.

— Très bien ! Et quels sont les secteurs dans lesquels vous comptez conquérir le marché ?

— La mécanique de précision, la sidérurgie, les nanotechnologies, la téléphonie, et beaucoup d’autres encore.

— Excellent ! Si vous étiez dans l’Union, nous vous céderions bien volontiers ces domaines. Il est exact que vous y êtes performants. Pour toute entreprise qui a accepté et intégré le droit de l’Union, être la plus « compétitive », comme vous dîtes, mérite d’avoir le marché, à condition que celui-ci demeure ouvert. Or j’aimerais soumettre deux considérations à votre sagacité. La compétitivité ne se fait pas que par les prix pour les produits de qualité comparable. C’est ma première remarque. Avez-vous songé que les entreprises du royaume pourraient aussi concurrencer les vôtres par les salaires et les conditions offertes aux travailleurs ? Ceux-ci ne délaisseraient-ils pas vos entreprises pour les nôtres ? Ma deuxième remarque est qu’au sein de l’Union la liberté de circulation des produits comme des capitaux et des personnes est certes totale, mais il n’en va pas de même entre l’Union et son extérieur. Rien ne nous empêche de contrer votre offensive sur les prix en taxant les produits importés.

— Mais, Seigneur Santem, vous aurez besoin de certains de nos produits ! Ni les Terres bleues ni l’Archi­pel ne sont riches en minerais. Les Terres volcaniques, bien qu’elles fassent exception à cette pauvreté, ne pourront jamais suffire à vos approvisionnements. Vous aurez besoin de la production des Terres noires. Dans cette mesure, il vous faudra accepter nos conditions. Ce que vous prélèveriez sur les produits d’importation pour lesquels, vous l’avez reconnu, nous sommes performants, nous le récupérerions sur nos fournitures de métaux : cuivre, argent, nickel, molybdène, tungstène, chrome, sans parler de l’or et aussi, j’oubliais, des cristaux ! Eh oui ! Figurez-vous, nous avons notre filière d’approvisionnement pour ce secteur, stratégique, s’il en est.

— Et comment nourrirez-vous vos travailleurs et la population des villes ? Avec du cuivre ? De l’argent ? Du nickel ? Du chrome ? De l’or ? Du tungstène ? Des cristaux ? Vos terres sont stériles. Vous ne pouvez espérer l’autosuffisance alimentaire. Vous n’aurez ni le blé ni les fruits, ni le fourrage en suffisance pour les bêtes à viande. Qu’avez-vous fait pour une mise en valeur de vos terres ? Votre économie dépend de ressources dont vous n’avez pas songé à vous pourvoir sur vos propres efforts. Voyez vos industries de pointe : elles reposent sur la recherche et le développement ; partant, sur la recherche fondamentale ; et au bout du compte, sur la culture de base, sans laquelle aucun grand savoir ne saurait éclore. Or, où sont vos écoles ? Qu’avez-vous fait pour l’enseignement général ? — À peu près rien ! C’est pareil dans les domaines de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans ces domaines vous ne comptez que sur nous. Les consoles portatives et autres produits dont vous dotez les ménages, sans parler de vos technologies appliquées à l’industrie des rayons cohérents, d’où cela vient-il, si ce n’est de la recherche menée dans nos académies et dont vous exploitez les résultats sans même en avoir obtenu licence ?... Où sont vos instituts ? Où vos universités ? Ols me rapporte que l’université de l’île de la Nohr est dans un état d’abandon lamentable. Pourquoi ? Est-ce parce que vous n’y voyez aucune rentabilité ? Forts d’un préjugé négatif pour ce qui revêt un caractère de bien public ou de bien commun, vous ne jurez que par le privé. Je vous pose la question sérieusement : combien de temps croyez-vous survivre en absence de ces fondements que sont la culture et l’agriculture ?

Le Président ne souhaitait visiblement pas approfondir davantage ce jeu d’économie-fiction :

— Vous êtes convainquant, Seigneur Santem. Je ne suis qu’un homme de terrain. Vous l’êtes vous-même, certes, mais vous êtes bien davantage. Il me faut tester les raisonnements par la pratique. J’entends vos arguments, mais seule l’expérience concrète pourra me prouver que j’ai tort.

Sur ces paroles, le Président du Syndicat salua ses hôtes et se retira. Entre eux le silence qui s’ensuivit fut rompu par Santem.

— En effet, c’est bien un jeu de fiction. Rien du scénario envisagé ne se réalisera.

— Pourquoi ? Est-ce parce que tu voulais juste l’impressionner ?

La question émanait du roi Ygrem :

— Non. J’ai joué franc jeu. Je n’aime pas finasser…

Santem ajouta avec un clin d’œil à l’intention d’Oramûn :

— … L’agir le plus franc est aussi le plus rusé, car il pousse l’adversaire à se dévoiler.

Ces paroles de Santem faisaient écho à celles de Lob, ce qui laissa Oramûn songeur. Cependant, Ygrem voulait savoir :

— Alors, dis-nous, Santem, ce que tu prévois. Que va faire le Syndicat ?

— Peut-être va-t-il tenter de rallier les Aspalans et les convaincre d’engager une expansion vers l’Ouest.

— Tu veux dire : envahir les Terres blanches. Mais personne n’a osé s’y risquer jusqu’alors !

— C’est que l’on a entretenu au sujet des tribus la légende de barbares cruels et sanguinaires. Elles sont déjà divisées entre elles. Certaines risquent de se voir lancées dans une aventure qui leur sera fatale, s’il leur prend d’attaquer les Aspalans. Les peuples des Terres blanches ne résisteraient pas à une riposte coordonnée.

— Quel serait l’objectif d’une telle invasion ?

Oramûn répondit à la place de son père :

— Les Terres blanches ne sont pas qu’un espace semi désertique. Certaines contrées, par-delà les monts de Welten, sont propices à une agriculture de bon rendement. Les Aspalans y pourraient produire les ressources alimentaires dont ils ont besoin. Tel fut peut-être le raisonnement du Président. Il aura réalisé que le point faible de sa stratégie est la dépendance alimentaire, et donc, l’agriculture. Quant à la culture, il n’y croit pas, n’y voit guère de lien, ou très vaporeux, avec le développement économique. Quoi qu’il en soit, sa stratégie, si je vois juste, va contrarier d’autres plans qui eussent pour nous été plus redoutables…

Ygrem ne pouvait saisir l’allusion, à la différence de Santem et d’Ols qui ont été avertis par Oramûn des sinistres projets qu’aux dires de Lob fomenterait la secte de Sarmande, sous l’égide de Falkhîs, le Supérieur de la Congrégation. Oramûn répercuta donc au roi la conversation qu’il avait eue avec un certain Lob-Âsel-Ram, « sage parmi les sages ». À mesure que le récit avançait, Ygrem fronçait les sourcils, la tête baissée qu’il finit par relever, les yeux rivés en direction de son ami :

— Santem, je me demande : c’est toi, n’est-ce pas, qui as tout… ?

Ygrem n’osa pas employer le mot « manigancé », mais son air suspicieux était assez expressif. Santem se contenta de répondre :

— J’ai dit au Président du Syndicat ce que je pense, sans détour. Tu le sais : je n’aime pas finasser. Qu’il fasse ce qu’il estime devoir faire. Tôt ou tard, c’est lui qui sollicitera la négociation. En attendant, notre problème immédiat n’est plus de défendre nos frontières au long de la Nohr et sur nos côtes. D’après Oramûn qui le tient de Lob-Âsel-Ram, le Sage, des malfaisants veulent déclencher entre les peuples une guerre totale : Terres blanches contre Terres noires ; Aspalans contre Aspalans et ces derniers contre les Nassugs. Le principal agent de terrain en est notre ennemi personnel, Zaref. C’est ce que trahit la fanfaronnade du Président à propos de sa « filière » de cristaux. Zaref veut le pouvoir, la guerre totale serait plutôt un moyen. Je pressens autre chose… qui pourrait survenir dans nos contrées. Cependant, il nous incombe à présent un devoir moral.

— Et lequel ?

— Nous préparer à venir aider les peuples des Terres blanches, ceux qui parmi eux sont pacifiques. Je suggère d’en parler avec Rus Nasrul.

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