37. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry. Livre 2 : L'Utopie de Mohên, Chapitre premier, 1, 2
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37. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry. Livre 2 : L'Utopie de Mohên, Chapitre premier, 1, 2
Yvi ne tenta pas de s’opposer au départ d’Oramûn, mais elle parvint à lui arracher un sursis : il ne partirait que dans un mois franc.
— Ce mois sera nos noces, Oramûn. Durant ce temps, notre union sera notre secret, elle ne sera qu’à nous. Nous n’aurons rien à faire d’autre que nous aimer.
Chaque soir, Yvi priait Oramûn de lui faire lecture des mystérieuses origines de leur peuple. Comme un rituel, Oramûn devait alors s’allonger sur le lit, nu, Yvi, à ses côtés. De temps à autres, elle venait sur lui, lire par-dessus son épaule. Il ne devait pas se laisser distraire, lorsqu’elle le caressait de ses lèvres sur tout le corps, avec une préférence pour les endroits intimes qu’elle aimait respirer, car c’est là qu’elle se sentait fusionner avec Oramûn.
— Oui, c’est toi.
— Que veux-tu dire ?
— Je m’assure que c’est bien toi.
Après la lecture — et avant qu’elle ne fût achevée — ils faisaient l’amour.
— Me permets-tu de te faire « quelque chose » ? demandait ensuite Yvi avant de disparaître sous la couverture. La première fois, Oramûn fut surpris de recevoir le doux et bref contact d’une pointe de langue entre les fesses. Après quoi, elle s’endormait, pleine de la conviction qu’il est totalement à elle. Cependant, le destin ne leur octroya que trois semaines à peine, car le vingtième jour après leur arrivée à Sarmande, le jeune couple apprit une nouvelle terrible. Un compagnon d’Asber leur annonça que ce dernier avait été trouvé mort, près du fortin. Quant à Zaref, il s’est évadé, voilà maintenant plus d’une semaine.
— C’était affreux. Asber a eu le crâne et le visage défoncés. Il ne s’est pas assez méfié. Depuis une fenêtre, Zaref l’a probablement agrippé pour le ramener violemment contre le mur. J’y ai vu des traces sanglantes. J’espère qu’il a été assommé du premier coup. Asber avait les clés du fortin sur lui. Zaref a pu s’emparer du trousseau pour s’échapper. Il a dû quitter l’île sitôt commis le meurtre. Je ne saurais vous dire pour quelle destination. Ce qui est certain, c’est qu’il a pris l’une de nos barques de pêche. Si je le retrouve, je le tuerai de mes mains, même si je dois y laisser la vie.
Oramûn resta d’abord sans voix. Puis le sentiment de sa propre faute le gagna. Il se reprocha d’avoir agi légèrement : comment peut-on confier la garde de Zaref à de pauvres marins qui ignorent à peu près tout des ruses et traitrises ? Il proposa au vieux marin de rester au moins la nuit chez eux, pour ne retourner qu’au lendemain vers l’île des Collines escarpées. Mais le compagnon d’Asber ne l’entendit même pas, trop occupé qu’il était à s’accabler lui-même :
— Nous aurions dû être toujours au moins deux à nous rendre auprès de Zaref, pour lui porter sa nourriture et assurer la surveillance. Je ne me pardonnerai jamais cette négligence.
Oramûn tenta de le réconforter :
— C’est ainsi, le destin l’a voulu, ne vous accusez pas, il n’y a pas faute de votre part. Vous me feriez plaisir en restant pour cette nuit. La mer est agitée, ce soir…
Le vieillard lança vers lui un regard perdu, puis il hocha la tête :
— Soit ! Mais alors j’irai dormir à quai, dans ma barque.
— Non, vous seriez trop secoué ! Allez plutôt, de notre part, à l’auberge de Sarmande. Vous y serez bien.
Malgré les protestations du vieux marin, Oramûn tint à l’accompagner à l’auberge. Au moment de prendre congé, il lui demanda s’il accepterait de conduire Yvi, le lendemain matin, à Is. Le vieil homme acquiesça, heureux, dans son malheur, de pouvoir rendre au moins ce petit service.
À son retour, Yvi l’attendait sur le seuil. Un nuage de tristesse passa sur les yeux d’Oramûn. Il n’aurait sans doute plus avant longtemps le bonheur de se réveiller auprès de son aimée, avec ce ravissant visage pour première image, dès le lever du jour ; de la serrer contre lui, de sentir sous ses mains et contre lui la chaleur et les formes de son corps. Mais il se reprit vite. L’heure n’était pas à la nostalgie.
De façon presque solennelle Oramûn posa ses mains sur les épaules de la jeune femme et, la regardant dans les yeux :
— Je vais partir, dit-il.
Yvi hocha la tête et sourit bravement.
— À la poursuite de Zaref ?
— Il serait absurde de le pister à l’aveugle. J’ai des contacts en chaque lieu stratégique. Peut-être irai-je sur la Terre de Sarel-Jad trouver Ferghan, le garçon qui avait défait vos liens, à Sarmande, ainsi que sa compagne, Ôm. Mais avant tout, je dois me rendre à Syr-Massoug, pour aviser le roi Ygrem de l’évasion de Zaref et lui demander son aide policière.
Il prit entre ses mains le visage de la jeune femme.
— Je tâcherai à cette occasion de rencontrer mon père. Je lui dois des explications. Je désire lui parler de nous.
Yvi se dégagea doucement.
— Et de moi, Oramûn, qu’attends-tu ? demanda-t-elle d’un ton grave.
Face à l’éclat intense de son regard bleu, Oramûn se sentit fondre de tendresse.
— Voici ce qui m’aiderait, Yvi. Retourne d’abord à Is, afin d’alerter la population contre Zaref. Presque un avis de recherche, vois-tu ? Même chose dans les autres îles de l’Archipel, de sorte qu’il soit impossible à ce bandit de circuler à visage découvert.
— J’irai, promit Yvi.
— Ensuite, rends-toi dans la Grande Île, à quelques lieues de Mérov, sa capitale. Là vit ma famille. Demande où se trouve la maison de Santem, tu y seras accueillie par ma mère, Masitha. Remets-lui cette lettre. J’y exprime qui tu es pour moi. Tu peux te confier à elle comme à tes parents.
Le lendemain matin, tandis qu’Yvi embarquait pour Is avec le compagnon d’Asber, Oramûn mit le cap au Nord-Ouest, afin de gagner Syr-Massoug, la capitale des Terres bleues. Avant même le mariage, la lune de miel était terminée. Désormais, c’est vers la poursuite de Zaref, que devait se tourner ses pensées.
Parti de l’île de Sarmande pour joindre Syr-Massoug, la capitale des Terres bleues, Oramûn voguait en pleine mer au milieu de la nuit. Il s’offrait une petite plongée sous-marine à portée de son navire dont il avait affalé la voilure, lorsque son attention fut attirée par des claquements insolites suivis de cliquetis et de grincements sonores. Il remonta prestement sur le pont, dirigea son regard vers l’endroit d’où ces bruits lui avaient semblé provenir. Il aperçut deux cachalots qui s’ébattaient à quelques encablures de son voilier.
« Trop tard ! Il m’a aperçu ». Oramûn parlait du mâle qui risquerait de prendre le bateau pour un rival. En effet, l’un des deux cétacés fonça droit sur le navire. La mer était sombre et tranquille, Ohlân et Âsel, les deux lunes de Nil, éclairaient suffisamment la surface des flots pour permettre au jeune homme d’évaluer précisément la situation. « Rien d’autre à faire ! ». En une seconde, il avait pris sa décision : mettre vent debout et affaler les voiles. Bien lui en prit : le cachalot venait de plonger pour heurter le navire par le fond, ce qui l’aurait brisé à coup sûr. Mais ayant anticipé sa trajectoire en fonction de la vitesse que tenait le voilier avant d’être stoppé, il passa juste devant la proue. Oramûn était demeuré calme. Il avait avec célérité enchaîné des mouvements parfaitement coordonnés. Il se trouva ravi d’avoir évité le heurt, mais fut presque dépité en regardant s’éloigner l’animal : « Je les ai dérangés. C’est dommage… » Il regrettait de n’avoir pas eu le loisir de les observer.
L’incident avait excité son esprit. Sans cette rencontre inopinée, il aurait pu s’endormir pour quelques minutes. A présent, plus question de trouver le sommeil. Ce n’est qu’en arrivant, à l’aube, au vieux port de Syr-Massoug, qu’il s’autorisa un peu de repos — d’autant plus mérité, qu’il venait d’essuyer une de ces tempêtes qui, dans cette région de la Mer du Milieu, surgissent à l’improviste.
Oramûn dormit deux heures durant avant de sortir la tête de sa cabine. Les maisons du vieux port font face au soleil levant. Elles étaient encore mordorées, quand il se fit la réflexion qu’elles diffèrent de celles de Mérov et des villages de l’Archipel : « Leurs toits… Ces toits en pente, et recouverts de tuiles. Chez nous, ce sont des terrasses… Il y pleut moins souvent. Et les couleurs… Le vert et le rouge dominent ici… À Mérov c’est surtout l’ocre clair et le bleu... » Oramûn goûta l’éveil de la capitale. Vues du port, les maisons, à flanc de montagne, paraissaient montées les unes sur les autres. Les toits en flèche alternaient avec des dômes. De places en places émergeaient les arbres puissants qui firent l’admiration du jeune homme : « Autrement plus hauts que chez nous ! Voilà le signe de la rive Nord ». Puis il réfléchit au programme de la journée. « C’est trop tôt, encore, pour rendre visite à mon père ainsi qu’à ma sœur et mon beau-frère… Je ne connais pas encore leurs deux enfants. » Oramûn brûlait d’envie de faire la connaissance des jumeaux. Et puis, il n’avait pas revu Almira, sa sœur, depuis bien longtemps, ni Santem, son père. Tous lui manquaient. Il lui tardait de les retrouver ; avant toutes choses, de les serrer dans ses bras, de parler avec eux de ce « tout et rien » qui n’est pas rien. Si importante que fût l’information à donner à son père, et urgente la discussion qui devrait s’ensuivre en vue du Conseil, l’affection, l’amitié, l’amour, chez lui, passent avant les affaires, y compris les affaires d’État. Certains, qui avaient peine à comprendre, s’en tenaient à considérer qu’Oramûn a « l’esprit de famille ».
C’est d’abord à sa sœur, Almira, et à Ols, son mari, le fils d’Ygrem, qu’Oramûn rendit la première visite. Il eut la joie de découvrir Âsel, son neveu, et Naej, sa nièce. Bien qu’ils fussent à peine en âge de marcher, ils eurent vite compris qu’ils allaient en leur oncle trouver un bon camarade de jeu. Pour jouer avec des enfants ou des animaux, celui-ci n’a pas à se forcer. Il pouvait y passer des journées. D’aucuns diraient qu’il est resté ou retombé en enfance, mais un tel jugement était le dernier de ses soucis. En jouant à corps perdu avec Âsel et Naej, il ressentait ce désir, que d’ordinaire on suppose féminin, d’avoir des enfants, et il dut s’arracher du jeu comme on sort d’un rêve, lorsque sa sœur Almira mit fin à la récréation. Les jumeaux se roulaient en piaillant sur leur oncle qui riait aux éclats, allongé sur un tapis. En relevant la tête, il aperçut, au fond du petit salon, son beau-frère Ols et son père, Santem, qui le regardaient en souriant. Aussitôt il se redressa. Après avoir détaché les deux jumeaux hilares qui s’agrippaient à lui, il se dirigea vers son père. Prétextant le soin des enfants pour prendre congé, Almira et Ols s’éclipsèrent, laissant père et fils face à face.
Oramûn détailla le visage de son père, conscient d’un changement qu’il ne parvenait à identifier. Puis il comprit : sa chevelure ! Toujours aussi épaisse, elle était passée du grisonnant à un blanc étincelant, soulignant encore l’impression de pouvoir social, qui se dégageait de sa personne.
Après un silence, Santem prit la parole :
— Tu es immergé dans la nature, Oramûn, tu sais vivre mieux que quiconque.
D’un geste il fit signe à son fils de s’asseoir avant de prendre place à son tour sur un large fauteuil.
— J’imagine que tu as des choses à me raconter. Je sens un changement. Tu aimes une femme, c’est cela, n’est-ce pas ?
Oramûn remercia le ciel de ce don de divination qui lui facilitait l’entrée en matière :
— Elle se nomme Yvi. Elle vient d’Is. C’est vers elle que m’a mené l’enquête pour laquelle tu m’avais missionné, te rappelles-tu ? après que nous ayons fait prisonniers ces Aspalans…
— … Bien sûr, je me souviens ! Pourquoi ne l’as-tu pas menée avec toi ?
Alors, Oramûn dut faire à Santem le récit de sa capture de Zaref, de la remise du prisonnier à Asber, de l’évasion meurtrière qui s’en était suivie…
— J’ai chargé Yvi d’alerter autant que possible les insulaires, à Is et dans les autres îles, afin que Zaref ne puisse circuler à découvert dans l’Archipel ; puis de se rendre chez nous, trouver Mère avec une lettre que je lui ai remise.
L’expression de Santem s’assombrit en entendant ces paroles. Il hésita avant de se décider à exprimer à son fils sa réprobation :
— Oramûn, je crois qu’il n’aurait pas fallu charger cette jeune femme d’une telle mission. Tu l’exposes. Vois les conséquences : elle est devenue une cible pour Zaref, et cela, sur un double motif…
Santem s’interrompit en constatant le trouble, l’agitation de son fils.
— Calme toi, Oramûn ! Je te disais à l’instant que tu sais vivre mieux que quiconque. Cela me porte vers toi plus que vers tout autre de mes fils. Mais il faut aussi savoir survivre dans les moments critiques. Celui-ci en est un. Se tourmenter ne peut que faire du mal à celle ou celui pour qui l’on se tourmente. Convertis ton esprit en dispositions pratiques ! Je t’ai vu avec les jumeaux. J’imagine que tu es aussi bon à aimer qu’à jouer. Je ne suis guère doué en ces domaines…
Santem se détendit en s’adossant plus fortement au dossier du siège confortable que ses hôtes lui avaient offert. Il paraît reposé, en pleine forme. Santem est discret. Il élève rarement la voix. S’il peut entrer dans des colères qui plongent l’auditoire dans la consternation, son souci premier est cependant de comprendre les situations et les personnes. Sa perspicacité est surprenante, redoutable presque, au point qu’elle en viendrait à passer pour un don de voyance. Raison de plus pour que l’avertissement du père ait suscité chez le fils une inquiétude extrême. Il s’en trouva démuni comme un enfant :
— Dis-moi, je t’en prie, quels sont ces motifs pour lesquels mon Yvi serait devenue une cible de Zaref ? Tu parlais d’un « double motif ».
— Défense et vengeance, voilà les deux motifs. Ai-je besoin d’expliquer ?
Oramûn dut convenir que ce n’était pas nécessaire. Il était clair que Zaref avait intérêt à stopper cette sorte d’avis de recherche ; et qu’il ne laisserait pas l’acte impuni. Or quelle meilleure vengeance contre Oramûn que de frapper l’objet de son amour ? Le jeune homme secoua la tête, accablé. Son père s’approcha de lui et lui tapota affectueusement l’épaule.
— Allons, cesse de t’inquiéter ! Ta femme est sans doute parvenue à Mérov. Elle doit être, j’en ai le sentiment, auprès de notre famille. Là, elle ne risque rien. Bien sûr, je n’ai pas laissé Masitha seule à la maison. Tes frères sont auprès d’elle, ainsi que les gens de nos champs, vergers et fermes. Tu n’as rien à craindre, m’entends-tu ?...
L’inquiétude du jeune homme n’était guère calmée, mais elle se déplaça dans l’expression d’un souci tourné vers le jugement de son père :
— Tu me trouves… irresponsable, n’est-ce pas ?
Oramûn ne doutait pas du jugement de celui dont il se sait aimé et estimé. D’ailleurs, le sentiment de culpabilité lui est passablement étranger, et l’anxiété ne l’étreignait que parce qu’il ne pouvait pas aussitôt agir. À vrai dire, il avait à cœur, en changeant de sujet, d’honorer l’apaisement voulu par son père à qui la délicatesse de son fils n’avait pas échappé. Santem n’en répondit pas moins à la question, comme si, chez Oramûn, le souci d’être jugé « irresponsable » était authentique et ne dissimulait la préoccupation persistante du risque couru par sa bien-aimée.
— Tu as fait exactement ce qu’il aurait fallu faire, Oramûn…, si Zaref avait été un bandit ordinaire. Il est facile après coup de te reprocher l’imprévoyance. J’en connais peu qui, sur le moment, auraient vu le risque. Tu voulais empêcher Zaref de trouver un refuge dans l’Archipel. Se voyant aux abois, il aurait alors, tôt ou tard, fait un faux pas. C’est bien ce que tu pensais, n’est-ce pas ? Ton raisonnement n’est pas faux, mais il n’est pas complet.
— Cependant, le fils de Santem se doit…
Santem interrompit avec brusquerie :
— … Et le père d’Oramûn « se doit », lui, de ne pas juger son fils avec des critères aussi étroits ! Tu sais combien je me plaisais, naguère, à contempler les tortues d’eau prenant des bains de soleil sur les berges de notre rivière ; et l’un de mes intenses souvenirs est l’apparition d’un chat des marais à l’affut de sa proie. Je l’avais attendu près d’une heure, dans les roseaux, sans bouger un cil…
Un silence passa, laissant le fils pensif.
— Oramûn, regarde mes yeux !
Santem venait de retourner l’index et le majeur, pointés en V vers ses propres yeux. Il n’avait pas élevé la voix, mais la force de son appel semblait venir du fond de sa poitrine. On n’aurait su dire si parlait la colère ou l’amour.
— Quel homme crois-tu avoir en face de toi ? Celui qui calcule, prévoit, répond de tout, et dont l’esprit n’est occupé que d’affaires économiques, militaires, politiques ? J’espère être encore assez ouvert pour aimer et comprendre ta propre orientation de vie.
Sans lui laisser le temps de répondre, Santem poursuivit :
— … Demain, Ygrem me reçoit pour assister à l’entrevue qu’il aura avec ton ami Rus Nasrul. Il a des nouvelles importantes, ainsi que des projets. Il va de soi que tu seras des nôtres. Ygrem ne sait pas encore que tu es là, mais il t’aime bien. Il attache une haute importance à cette rencontre qu’il veut secrète.
— Qui y assistera ? Almira et Ols, je suppose ?
— Et aussi une femme, une scientifique, amie d’Ygrem.
— Nïmsâtt ?
— Nïmsâtt, oui. Tu la connais donc.
Ce n’était pas une question.