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Rencontre improbable, la belle miss au chapeau.

Rencontre improbable, la belle miss au chapeau.

Pubblicato 6 feb 2022 Aggiornato 7 feb 2022 Cultura
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Rencontre improbable, la belle miss au chapeau.

Juin 1984, j’ai 25 ans. Je vis depuis presque 1 an en région parisienne, j’ai quitté Toulouse pour faire des études d’informatique. Et c’était le bon choix, car avec mon diplôme de technicien de maintenance informatique de Control Data, j’ai obtenu un CDI une semaine avant la fin de la formation. Embauché par Burroughs, je surveille les machines des plateformes informatiques de traitement des chèques de toutes les banques sur Paris. Je fais de la maintenance préventive et curative, sur les trieuses de chèques, les imprimantes rapides, les dérouleurs de bandes magnétiques, les disques durs et les unités centrales. Je suis spécialement affecté à une banque dans le quartier de la Bastille. Je n’ai pas beaucoup de moyens financiers, j’ai dû faire un crédit pour me payer la formation Control Data. Je vis dans un foyer ADEF de jeunes travailleurs, à Thiais, tout près de Belle-épine juste au nord d’Orly. Je prends le bus tous les jours. Et quand je le prends entre 6h45 et 7h15, il est très souvent bondé et rempli de travailleurs pauvres et résignés. On se situe en lointaine banlieue sud de Paris et ces gens correspondent à ceux qu’on va appeler pendant le confinement de 2020 les « premiers de corvée ».

Donc, un matin de juin 1984, je suis surpris de voir dans le bus qu’il y a une place assise de libre. Mais pas n’importe quelle place. Elle est juste derrière le chauffeur dans le groupe de 4 places qui se font face (et un peu en hauteur car au niveau de la roue du bus). La place est libre alors que l’allée centrale est remplie de voyageurs. Je ne me fais pas prier et je m’installe. Cette place est libre parce qu’elle fait face à une miss en chapeau. Une belle pin-up, brune, distinguée, tellement impressionnante pour les autres pauvres voyageurs, habillée chic grand luxe comme aucun des autres voyageurs. Elle détonne, que fait-elle donc dans ce bus ?
Moi-même, habillé correct sans plus, imposé par la profession et le milieu bancaire, je suis en veste gris clair et chemise blanche, cravate sobre, et pantalon de ville, je suis déjà un cran au dessus des autres passagers mais pas au point de les gêner, et loin du standing de la belle. Bref, la sublime miss ne m’impressionne pas suffisamment pour que je ne m’assoie pas en face d’elle. Les places sont « riquiqui », nos genoux se frôlent à 10 cm d’écart. Les voyageurs sont silencieux, je m’installe comme quand j’ai la chance d’avoir une place assise, je pose mon attaché-case sur mes genoux et je sors mon magazine habituel, je crois me souvenir qu’à l’époque je lisais Grand-Reportage. Le temps de trajet de ce bus pour rejoindre Paris approche des 30 minutes (en fonction des bouchons aléatoires, même si le bus a souvent des voies dédiées).
J’ai adressé un regard interrogateur et surpris à la miss en m’asseyant, mais sans insister, elle a de très beaux yeux noirs maquillés, et physiquement elle est vraiment une miss. Elle a plusieurs beaux bracelets aux poignets. Et je les ais vus de force, car je sens que la miss veut communiquer avec moi, elle fait tourner frénétiquement ses bracelets, comme si elle voulait que je quitte des yeux ma lecture. Elle est si distinguée que je lui fais un ou deux coups d’oeil tout au long de ce trajet, elle semble avoir du caractère, avec de l’intelligence de retenue. Physiquement de mon coté, je ne me sens pas en difficulté. Je mesure 1,81m, je dois peser 80Kg, je fais du squash, j’ai une allure sportive (mon frère jumeau joue au rugby). Je suis aussi joueur d’échecs et j’échafaude une stratégie pour échanger avec cette magnifique miss. Quand le bus arrive à la station de métro Kremlin-Bicêtre, deux stations avant le terminus porte d’Italie, tout le monde descend pour foncer dans le métro, ce que je fais aussi d’habitude depuis 4 mois que je fais ce trajet. Nous sommes assis dans le « 4 places » près de l’allée centrale.
Les passagers qui étaient assis près des fenêtres ont prévu de descendre, mais j’ai constaté que la miss ne bougeait pas. Quand j’ai rangé mon magazine dans mon attaché-case, j’ai vu qu’elle faisait une mine d’immense déception en imaginant que j’allais descendre tandis qu’elle avait prévu de rester. Alors, au lieu de me lever avec les autres passagers, j’ai juste effectué une rotation pour libérer le passage aux autres voyageurs, en restant assis. Les passagers ne se sont pas fait prier et se sont glissés entre nous deux, c’est toujours la course le matin.
J’ai eu le temps de voir que la miss avait compris que j’allais rester, nos regards se sont croisés entrecoupés par le passage des personnes puis elle a tourné la tête en regardant vers les vitres pendant au moins 10 secondes, j’ai pu constater qu’elle avait un sourire jusqu’aux oreilles. Juste après la fermeture des portes du bus, j’ai pu lui dire des banalités, comme quoi on était enfin tranquille, car on était seuls dans le bus. Je lui ai demandé si elle savait où elle allait, de mon coté je savais qu’au terminus je récupérerais le même métro qui m’amenait à la Bastille. Elle savait plus ou moins quel métro elle devait prendre même si elle était là de façon inhabituelle. Cette miss était ravie de me plaire, ravie de m’avoir poussé à vouloir l’aborder et la connaître. Je lui ai dit que je travaillais dans l’informatique et les banques, elle m’a dit qu’elle était étudiante en droit en première année. Il y avait eu des grèves du RER qu’elle prenait d’habitude et son père l’avait déposée dans ce bus au niveau d’Orly. Elle n’avait pas beaucoup de temps pour discuter, elle devait filer à sa fac à coté du Panthéon. Pas beaucoup de temps non plus pour moi, même si j’avais une certaine latitude. Elle a décidé tout de go, sur le trottoir après être descendu porte d’Italie au terminus du bus, de me donner son numéro de téléphone et elle souhaitait qu’on se revoit. Elle était radieuse, pétillante et rayonnante de bonheur, son chapeau de feutre noir lui donnait un style aguicheur de jeune « mondaine ». Elle avait un chic fou (beaucoup plus que cette photo mais avec le même physique splendide https://fr.dreamstime.com/photo-libre-droits-femme-bandit-chapeau-chapeau-feutr%C3%A9-image22051965, photo que je sélectionne en priorité par rapport au chapeau).

Je l’ai eu deux fois au téléphone dans la semaine. Ses études ne lui laissaient pas beaucoup de temps, surtout avec les perturbations dans les RER. Elle a mis la barre très haut : les jeunes amis étudiants qu’elle côtoyait étaient fils de notaire ou d’avocat, et l’invitaient dans leurs Ferraris à passer des week-ends en Sologne dans les propriétés des parents. J’ai réussi à aller un samedi chez-elle à Juvisy-sur-Orge, je n’ai pu discuter que 15 minutes avec sa mère, standing de haute bourgeoisie mais vivant quand même en appartement, la miss n’est même pas venue me saluer car elle avait trop de travail au dire de sa mère. J’ai facilement compris que les fréquentations de la belle étaient totalement sous contrôle des parents. Je n’ai pas insisté, c’était une belle rencontre improbable qui ne pouvait pas déboucher sur autre chose. Le destin s’en est mêlé quand une semaine plus tard, le bout de papier avec son téléphone est passé dans la machine à laver quand je l’ai oublié dans la poche de mon pantalon. J’avais son prénom et son adresse, je ne me souviens plus de son nom. J’ai pensé à elle jusque mi juillet. Comme je commençais le boulot très tôt le matin, j’étais libre dès 16h. J’avais tous les après-midi pour tout type d’activité. Deux ou trois fois, j’ai essayé de la rencontrer à la sortie de la fac de droit. Et lors de la promulgation des résultats des étudiants de l’université de droit, je suis allé scruter les listes d’étudiants reçus. Je ne l’ai pas retrouvée. Je n’ai pas fait une enquête plus poussée, elle avait aussi mon téléphone du travail, elle ne m’a jamais appelé. Je l’ai gardée en souvenir merveilleux et inaccessible.

Merci Panodyssey de stimuler la remontée de tels souvenirs.

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Toujours magnifiques ces souvenirs de "jeunesse" que l'on a parfois tendance, avec le temps, à rendre idylliques. La suite, si suite il y a eu, n'appartient qu'à vous et reste du domaine du privé.
Merci pour ces instants de douceurs dans notre monde si peu civilisé de nos jours.

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