Il était une fois ... Halloween 3 : Fascination
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Il était une fois ... Halloween 3 : Fascination
Journal d'Eléonore - Jeudi 31 octobre 2024
En traversant les rues pavées de ce qui se trouvait être la célèbre ville de Salem, nous ressentions presque les énergies suinter à travers les murs, chargés d’histoire, des maisons ornées de décorations d’Halloween.
Les porches étaient illuminés par des citrouilles sculptées, leurs visages grimaçants projetaient des ombres inquiétantes sur les murs en briques rouges. L'air était empli d'une douce odeur de feuilles mortes et de cidre chaud, se mêlant à des notes de cannelle et de bonbons sucrés.
Nous arrivâmes devant le Salem Witch Museum, un édifice imposant aux allures gothiques. Des visiteurs déguisés en sorcières et en créatures fantastiques faisaient la queue à l'extérieur, impatients de découvrir les récits des procès de sorcières. Les lumières tamisées et les murmures mystérieux des guides touristiques ajoutaient à l'atmosphère envoûtante.
Jack nous guida ensuite à travers un défilé de couleurs. Des enfants vêtus de costumes éclatants parcouraient les rues, leurs rires et leurs cris de joie résonnant dans l'air frais de la soirée. Les adultes, eux aussi déguisés, se mêlaient à la foule, créant une symphonie colorée de personnages effrayants et fantastiques. Les décorations scintillaient sous la lumière des réverbères, amplifiant la magie du moment.
Nous fîmes une halte chez un sculpteur de citrouilles. À l'intérieur de son atelier, l'odeur de la chair fraîchement coupée des courges se mêlait à celle des épices de saison. Gabriel, en éternel enfant, tenta de sculpter sa propre lanterne tandis que je peignais laborieusement des motifs fantomatiques. Même si je rêvais d'essuyer son nez barbouillé de cucurbitacée.
Puis, Jack O'Lantern nous mena à la lisière de la forêt, tristement connue pour être le lieu où de nombreuses sorcières furent injustement accusées et tuées pendant les procès de Salem. L'air semblait plus lourd, résonnant encore des drames de l'histoire sous le souffle des esprits du passé. Les arbres centenaires se dressaient tels des gardiens silencieux de ces tragédies anciennes
Jack s'arrêta et, d'une voix grave, commença à raconter « En 1692, une hystérie collective s'est emparé de cette ville. Des dizaines de personnes furent accusées de sorcellerie, souvent sur la base de preuves fragiles et de superstitions. Les procès se déroulaient dans un climat de peur et de suspicion. Les accusées étaient interrogées de manière brutale, contraintes de confesser des crimes imaginaires. Beaucoup furent condamnées à la pendaison, et certaines moururent en prison en attendant leur jugement. Ces événements tragiques restent un sombre chapitre de l'histoire de Salem. »
Ses paroles résonnèrent dans l'air froid, ajoutant une dimension solennelle à notre visite. D’incontrôlables frissons serpentaient sur ma peau sans que je ne puisse définir s’ils étaient dû à ses mots ou aux âmes errantes qui hantaient encore leur lieu de supplice. Probablement un peu les deux.
« Souvenez-vous » nous dit Jack, « Halloween est bien plus qu'une simple fête. C'est un lien entre le passé et le présent, un moment pour se souvenir et célébrer. Portez ce message »
Puis il frotta sa lanterne, et la lumière nous engloutit à nouveau. Un tapis de mousse amortit notre chute. Dans le feu de la tempête, ma main de sa propre initiative s’était d’elle-même nichée dans celle de mon Gabriel et nous atterrîmes l’un face à l’autre. Et d’abord, je ne vis que ses yeux, rieurs et charmants, éclats de lumière dans la presque-pénombre. Puis, des effluves d’océan et de plantes sauvages me chatouillèrent le nez. Nous balayions alors le décor des yeux.
Autour de nous, la beauté sauvage des falaises bretonnes s'étalait à perte de vue. Les parois abruptes, couvertes de bruyères pourpres et dorées, plongeaient dramatiquement dans l’Atlantique en contrebas. Les vagues, en indomptables géantes, s'écrasaient avec fracas contre les rochers, projetant des embruns scintillants dans l'air vif. Le rugissement de la mer résonnait comme une symphonie sauvage, chaque note ajoutant à l'atmosphère envoûtante. La lumière dorée de l’automne baignait le paysage, ajoutant une touche magique à chaque élément de notre nouveau décor.
Soudain, la voix deJack se mit à résonner, sans qu'aucun de nous ne puisse le voir.
« Bienvenue en Bretagne » déclara-t-il.
« Votre mission, désormais, est de redonner toute sa noblesse à Samain, ici, sur ces terres où la nature et les traditions ancestrales se rejoignent. »
Nous nous regardâmes, Gabriel et moi, ressentant, de par notre incroyable voyage, le poids de cette tâche mais aussi l’excitation de nos aventures à venir.
La magie de l’automne breton, avec ses couleurs chatoyantes et ses enivrants parfums allait être le cadre parfait pour raviver l'esprit de Samain et au delà de lui, celui des mythes ancestraux...
Carnet de Gabriel - Fascination
C’est un souffle gourmand, qui nous a déposés
Sur les pavés luisants, d’une ville connue
Pour son passé puissant, aux sinistres procès
De sorcières d’un temps supposé révolu.
Salem était le choix de ce nouveau voyage,
Au milieu des citrouilles aux porches des maisons,
Notre intemporel Jack, en guide à ce maillage,
Avait choisi l’endroit pour sa comparaison.
Ici, point de navets, mais de grosses citrouilles
Que je me suis surpris à aimer ciseler,
Alors que sur mon nez naissaient quelques chatouilles
Sous la chair de la courge qui m’avait aspergé.
Et tandis qu’à côté Éléonore coupait,
Puis peignait avec soin de multiples fantômes,
J’eus cette envie, fugace, de la solliciter,
Pour qu’elle débarbouille la figure du grand môme.
« Venez, nous dit notre hôte, venez voir la forêt. »
Il nous mena ainsi, près d’arbres centenaires,
Témoins des jugements des sinistres procès,
Menant aux pendaisons de multiples « sorcières ».
« Souvenez-vous de tout, nous dit Jack O’ Lantern,
Souvenez-vous de nous, de ces liens du passé
Qui peu à peu s’étiolent en vos années modernes.
Souvenez-vous de ceux qui sont déjà passés.
Célébrez Halloween, en tant que gratitude,
En hommage aux anciens, en solidarité.
Transmettez ce message contre la solitude,
Redorez le blason de mon éternité. »
Alors dans un sourire, proche de la supplique,
Jack amena sa lampe jusqu’à nous éblouir,
Et sur la mousse fine et verte d’Armorique,
Je retrouvais ces yeux qui m’avaient fait venir.
Je retrouvais le sel aux embruns de Bretagne,
La caresse iodée d’une mèche d’ébène.
Nous étions de retour afin que l’on témoigne,
Éléonore et moi, des légendes humaines.
Note
Illustration via l'outil Microsoft Copilot Pro