Antoine de Tounens en majesté
Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 9 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
Antoine de Tounens en majesté
Le Roi du vent, Fabien Tillon et Gaël Tillon - La boîte à bulles, 2021
Le Roi des Mapuche, deux tomes, Nicolas Dumontheuil et Christophe Dabitch - Futuropolis, 2021
Par une étrange coïncidence, deux bandes dessinées sont sorties quasiment au même moment et traitant du même sujet : la vie épique d’Antoine de Tounens, un notaire périgourdin qui s’éprit d’une quête et devint, réellement, pendant quelques mois, roi du peuple des Mapuche, dans les Andes chiliennes. Pourtant, il n’y avait pas vraiment de date anniversaire : Antoine de Tounens est né en 1825 et mort en 1878, à Tourtoirac, en Dordogne. On est un peu avance pour le bicentenaire de sa naissance.
La première BD, le Roi du vent, signée Fabien Tillon et Gaël Remise, est parue à la Boîte à bulles en février 2021. La deuxième bande dessinée, en deux tomes, est signée Nicolas Dumontheuil et Christophe Dabitch, aux éditions Futuropolis, en octobre 2021.
Autant le dire tout de suite, les deux BD n’ont pas traité le sujet de la même manière. La version de Dumontheuil est graphiquement très réussie, j’adore le trait de cet artiste dont j’ai déjà parlé au sujet de la BD « Qui a tué l’idiot ? ». Elle est aussi assez sombre, montrant un Antoine de Tounens excentrique et mégalomane. Je ne suis pas très convaincu par le scénario de Dabitch, qui ne m’avait déjà pas convaincu dans « La Colonne », avec le même Nicolas Dumontheuil.
En revanche, la version de Tillon et Remise, dans une maison d’édition moins connue et surtout moins reconnue, m’a davantage séduit. Le graphisme est vraiment travaillé, plus sobre que celui de Dumontheuil mais de très bonne facture, et le scénario me paraît mieux construit et plus crédible. L’album finit par un mini documentaire sur le royaume d’Araucanie et les traces subsistantes aujourd’hui.
Antoine de Tounens n’est pas un héros national, et son expédition – assez folle – n’est jamais étudiée sur les bancs de l’école. Cela se comprend aisément par l’échec de cette aventure. Tounens a effectué trois voyages en Amérique du sud. Il n’est pas parvenu à chaque fois jusqu’où il voulait et il a été arrêté par les Espagnols, mis en prison, puis renvoyé en France avec interdiction de revenir au Chili. Après une brève reconnaissance par les Mapuche en 1860, il partit en Europe pour monter une armée. Mais Napoléon III n’en avait pas grand-chose à faire, l’expédition du Mexique était encore cuisante dans son esprit. Et cela précipita sa chute.
Ces deux bandes dessinées dressent le portrait de cet aventurier sans tenter de le réhabiliter mais en essayant d’en comprendre les motivations et les enjeux géopolitiques de l’époque.
Petite information : j’ai visité à Tourtoirac, en Dordogne, à environ 30 kilomètres au nord est de Périgueux, le musée rendant hommage à ce roi oublié, le Musée des Rois d’Araucanie et de Patagonie. Il se trouve dans une ancienne grange réhabilitée et assez vaste, où l’on peut trouver des documents de l’époque, quelques fac-similés de lettres, d’affiches, mais aussi des costumes de Mapuche, et quelques ouvrages traitant de l’Araucanie, avec les liens maintenus encore aujourd’hui entre les Mapuche et l’association qui s’occupe du « Royaume d’Araucanie ». Pour tous les férus d’histoires improbables, je recommande vivement la lecture de ces BD et la visite des lieux.