Balance ton ... quoi ?!
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Balance ton ... quoi ?!
« Lynch, c'est ce qu'il a dit ... O.K. Aline : c’est quoi, Lynch ?
- Tu veux dire : c’est qui ?
- Nan … C’est quoi ?
- Parce que … c’était mon réalisateur préféré au lycée. Barge, glauque mais …
- Aline : stop. C’est quoi Lynch ?
Coup d’oeil dans la glace. Duel de regards larmoyants qui reflètent l’auto-amertume :
"Un syndrome... Mon syndrome."
Ça commence comme un sketch anodin, plus pesant que drôle. Un courrier du service oncogénétique. Je pouffe en moi-même « Ah, les blaireaux ! », devant leurs termes aseptisés qui ont l’air de dire : « M’dme, ça fait deux ans qu’vous êtes pas v’nu. Allô ? Allô ! »
Soit.
"Allô ?"
J’appelle par politesse mais bien dans le seul but de me désister avec jovialité :
" Bon, j’ai eu votre courrier mais si c’est pour me dire qu’on n’a rien de plus, hi hi, ce n’est peut-être pas urgent, comprenez-vous… hi hi …
- Heu … Je vous passe le docteur, Madame. "
Même pas peur. Je poursuis mon numéro de clown.
« Oui, comme je le disais à votre secrétaire … Nan, mais vous comprenez, la dernière fois … hi hi
- Madame, vous aviez deux gènes inconnus : l'un ne l'est plus. Les laboratoires ont fait une découverte récente et l’on contacte les patients concernés. C’est notamment en rapport avec le côlon. Je ne devrais pas vous le dire au téléphone, mais … Il y a un risque, des mesures à prendre. Et puis, vos enfants …
- Ah …»
Touchée en trois impacts. Je ne ris plus. Je prends rendez-vous.
Le jour J, je décide de m’habiller en princesse des milles et une nuit pour rencontrer l’oracle de mes gènes. Je ne le sais pas encore mais je vais donc faire connaissance avec un « colônisateur » nommé Lynch.
Rien à voir avec mon réalisateur adoré, initiateur au trouble subconscient. Nan.
Enfin, si. Celui-ci est bien un réalisateur de cauchemars. Mais de cauchemars de la réalité vraie … C’est pire.
" … le dire à vos enfants. A votre famille. Dépistage, suivi … coloscopie tous les deux ans. Bon moyen, la coloscopie."
Ouf pour eux … Il enchaîne :
" Et puis, aussi : vous, femme … Là : pas bons moyens de dépistage … à part prélèvement mais surtout : couic-couic ovaires et utérus."
Hein ?! T’es pas George pour me balancer comme ça : « what else ?! » J’écarte les bras, les mains posées à plat sur la table, je le fixe de toute ma frousse de persuasion :
« Ah, non : je ne suis pas prête.
- Oui, mais vous ménopause-presqu’installer-c’est-pas-grave.
- Oui, mais non. »
Il plaisante parce qu’il ne sait pas sur quel pied danser comme je souris toujours :
"Je comprends. Vous en parlerez avec votre gynécologue qui vous expliquera la maladie. Car pour être franc : je ne suis en effet pas du tout certain que vous allez suivre nos recommandations »
Ah, ça ! Tu me convoques pour m’annoncer qu’on attend de moi un nouveau tribut pour rester en vie ! Anatomiquement c’est là. Ça y reste parce que pas malade ! …
Parce que ... à chaque fois qu’on m’enlève quelque chose, j’hérite de séquelles inhabituelles et de douleurs perpétuelles.
Mon utérus !? Mais comment vont tenir les autres organes en place ?! Fais pas comme si ce n’était rien, MON-SIEUR !
Mais surtout je pense déjà … ou plutôt je commence à soupeser :
« J’ai 50 ans. J'aurais moins, j'dis pas ... Je ne serais pas la crétaure de Frankenstien, j'dis pas ! Mais là ? Qu’est-ce qui vaut mieux ? Je suis en train de me redresser. Je suis en train de gérer mes douleurs un peu mieux. J’arrive au terme des 5 ans du cancer du sein triple négatif ! … je ne vais pas replonger dans un marasme boueux de cicatrices souterraines adhérentes ! Garce de vie ! Je peux vivre le corps LIBRE et HEUREUX, oui ? !!! »
Il a piqué du nez dans ses notes. Je l’ai déstabilisé avec mon inflexibilité rieuse. Mais il a pour lui l’arme suprême : la riposte administrative. Les mots écrits noir sur blanc qui hantent le subconscient. Alors bien sûr, une petite voix commence à émerger : « Mais … s’il avait raison. S’il n’y avait pas d’autre solution. »
J'ai peur.
Je repars abasourdie, assourdie de pensées.
Mais putain, quelle autorité suprême anonyme a décidé de me peler ainsi jusqu’au trognon ?! Ouais, Rabelais dirait philosophiquement jusqu'à la « susbtantifique moëlle ».
J’ai plus de jolis mots à la bouche : que de la bave de rage, avant celle des sanglots ! Car je finis par pleurer, bien sûr. Parce que là je me dis quand même, pour la première fois : « C’est pas juste ».
Je fais tout pour poursuivre ma vie dignement. Et vlan !
Ou plutôt : « tsssoiiinnnggg » - avec éclats métalliques aveuglants et énigmatiques - : une nouvelle épée de Damoclès se balance au-dessus de moi, qui vient prendre de façon synchrone le relais de l’autre que j’ai niquée :
« Ouais, parfaitement, Lynch : je l’ai niquée, LullaBy ! »
Sanglots de lassitude et de pitié pour moi-même. Quand même, « petite Aline » n’a jamais mérité autant d’acharnement. N’a même jamais méritée aucun acharnement.
Mais quel docteur Maboul s’est pris d’amour cruel pour mon corps au point de vouloir le racler ainsi, à l’économe karmique ?
Putain de sadique ! Il y va par zones de détresse, déclenche l’alarme, mais juste ce qu’il faut pour me maintenir en vie et sous espérances. Tactique de PN, comme matou avec mulot : il joue à me faire sauter en l’air avec adresse pour fait durer le carnage !
Mais que va-t-il rester de moi à la fin, hein ? … A la toute toute fin ?
L’oracle était en réalité une balance ! Mais pour qui tu bosses, l’indic ?
David, sérieux, c’est toi, qui veux me « lyncher » ? Pourquoi ?!! Tu es l’ADN de mes rêves cinématographiques, mais c’était il y a si longtemps …
Je m'arrête sur la "balance". Je sens bien que dans les prochains mois, tout va être dans ce mot. Mais qu’il ne concerne que moi et un choix à prendre :
Vivre bien, mais peut-être moins longtemps. Vivre plus, au prix de lentes cicatrisations, de douleurs, d’usure, d’amoindrissement … Encore.
Mais qu’est-ce que j’aurais à vivre plus ? Sur un long terme ? C’est maintenant, c’est maintenant que je veux être le moi le moins entaillé possible pour être entièrement avec ceux que j’aime.
Alors, oui, je pleure. Parce que je le sais bien : je n’ai aucun interlocuteur à vilipender. Aucun. Aucun auprès de qui revendiquer le droit de vivre épargnée du pire de ces scénarii mélodramatiques.
Pour vivre juste simplement. Sanglots. Et re-sanglots et … rage !!!
Et puis, merde ! Donne-moi au moins un vrai été, La Vie, qu’on se batte à armes à peu près égales quoi, si tu veux être une digne adversaire !!!
Tu veux savoir le choix de mes armes : mes loupiotes-tempêtes contre tes projections de nébuleuses.
Alors, c’est donc ça : tu veux poursuivre le soap-opéra de la mort-que-je-tue ? O.K. ! Alors, prépare ta bouche de kraken carnivore : je vais la savonner de flots littéraires abrasifs.
Ravale tes couleuvres, ma belle ! Et digère ceci une bonne fois pour toute : le dernier mot sera pour MOI !
Aline, luciole solaire. 🌟
Là où il n'y a pas d'espoir,
nous devons l'inventer.
Albert Camus
Aline Gendre 4 mesi fa
Hé, hé ! Merci, Jackie. Et merci de venir commenter aussi régulièrement. J'ai peur d'être la follower la plus désorganisée de Panodyssey. :))
Jackie H 4 mesi fa
Bienvenue au club 🙂
Jackie H 4 mesi fa
Courage Aline, et très beau texte plein de pêche ! Il paraît que la colère donne une force surhumaine 😉