Chapitre 5 : Apprentissage à la survie
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Chapitre 5 : Apprentissage à la survie
Image by Mrexentric from Pixabay
J’avais vécu l’impossible : survivre à la première journée. Elle n’était qu’un lot de déballage de valise, de repérage de pièces, de remplissage de placard et autres tiroirs. Astreignant. Lourd. Harassant. Loin du confort de mes habitudes, je me sentais las. Je ne demandais qu’une chose, m’abattre sur le lit, en me laissant tomber comme si mon corps pesait une tonne et demie. Ce moment tant attendu fut fort décevant. Malgré un matelas bien épais, bien dur au centre, mais gardant assez de moelleux en surface, histoire de ne pas s’allonger sur une planche à pain, la nuit fut difficile. Mal dormir dans un lit différent du sien n’était pas un mythe. Une partie de la nuit fut blanche, mais la fatigue fut telle qu’elle me fit plonger dans une série de rêves douteux. Du peu de souvenirs que j’en ai, j’étais passé du cauchemar où la maison s’écroulait sur moi, à l’agent secret qui avait pour mission de chasser les… rats. Oui, vous avez bien lu. Totalement saugrenu. Aucun rêve de belles jeunes filles sortant en serviettes de la salle de bain, qui aurait pu contrecarrer ces bizarreries.
Une chance pour moi, ma mère m’avait laissé faire la grasse matinée jusqu’à bien… 9 h. Une grasse matinée de parent. Elle avait déjà fait les courses. Préparer le petit déjeuner, et même fait les repas pour le midi et le soir. Comment pouvait-elle avoir autant d’énergie ? Levée à l’aurore, elle avait planifié toute la journée. Après une tartine et 3 cafés, il fallait bien cela pour me réveiller, on irait en balade. Elle avait repéré un parcours de 2 h sur un sentier balisé, de quoi s’occuper jusqu’au soir. Elle avait entendu au village en contrebas qu’un feu de camp était fait chaque soir. Animation du coin. À ne pas manquer. À faire absolument. Ne pas passer à côté de cette animation amusante et enrichissante. Bref, des arguments types d’une brochure commerciale. De mon point de vue « chiantisique », j’allais encore souffrir.
Même si l’aspect extérieur du chalet faisait croire que c’était petit à l’intérieur, j’oserais avouer après contre coup, que c’était bien aménagé. 50 m2, tout de même. Pas d’espace perdu. Enfin, c’est ce que ma mère répétera sans cesse plus tard aux copines qui demanderont des nouvelles des vacances. Mais, pour une fois, elle n’était pas loin de la réalité. Les chambres faisaient un bon 10 m2. Juste suffisant. Placard mural spacieux et haut. Il fallait juste aimer la décoration. Plancher en bois, véritable. Un poil sombre, certainement pour donner un peu de caractère à la pièce. Grincement à chaque pas. Normal… pour du vrai bois d’arbre. Les murs en lambris clair sur toute la surface. Et plafond blanc sur un fond de poutre apparente, qui prenait bien 50 % de la place. Bref, un chalet en bois, dans toute sa splendeur. Et je ne parle pas de l’odeur. L’air avait une senteur légèrement résineuse et humide. La cuisine était ouverte sur le salon, qui faisait aussi office de salle à manger. Équipé de stricts nécessaires, mais un oubli majeur avait été fait : pas de télé. Pas d’écran. Pas de chaîne à regarder. Comme avaient-ils pu ne pas mettre de télévision ? Faute de budget ? Faute de goût ? Faute… tout court. Il faut dire que les télés, déco en bois, c’était dur à trouver.
Une fois mes 3 bols et demi de cafés finit et un ¾ de tartine manger par obligation, un toilettage sur le pouce, un brossage intensif et surveillé des dents, nous allions entamer, tout équipé, notre randonnée du jour. Ma mère avait même pensé à me prendre des chaussures de montagne et un short. Dingue. Elle était dingue. S’il venait à ce qu’un jour on me demande à quoi consistait le métier de « Mère », je répondrais sans hésiter : à penser à tout.