Chapitre 3 : La route vers l’enfer
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Chapitre 3 : La route vers l’enfer
Image par Kohji Asakawa de Pixabay
Mon sac était prêt. Je m’étais levé tôt : 5 heures du mat. Je n’avais aucune information sur l’endroit ni le temps qu’on y passerait, mais il était clair que je devais être préparé à tout. Ma mère bougeait déjà dans tous les sens. Entre le salon, la chambre, la salle de bain. Je ne savais pas à quelle heure elle comptait partir, mais cela semblait être pour bientôt.
À peine le temps d’y penser, que la voilà qui déboulait dans ma chambre. Le sourire aux lèvres, ce qui n’était pas coutume ces derniers temps, elle me fit :
— Je vois que tu es paré. Super. On y go ? Tu conduis ? (Me fit-elle, en rigolant.)
Incroyable. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vue aussi joyeuse, aussi aimable, aussi fraîche. C’était agréable. C’était… Beau. Ma mère était redevenue magnifique. Elle avait retrouvé son énergie à revendre. Je sentais que j’allais… souffrir. L’ouragan « Mother » était de retour, comme dans mes souvenirs d’enfance. Et il n’était pas question de souffler quand elle me demanderait de m’exécuter. Un général d’armée n’aurait pas son mot à dire face à elle.
Je la suivis, toujours dans l’optique de savoir ce que cela cachait. Et aussi parce que je n’avais pas le choix. Mon père, lui, était resté au lit. Bien emmitoufler sous la couette. Le veinard. À peine le temps de charger le coffre des quelque 150 000 bagages de ma mère, ainsi que mon seul et unique sac, que nous étions sur la route.
J’eus l’impression de parcourir le pays entier. C’était long, fastidieux. Ma mère essayait de passer le temps en essayant de me faire participer au jeu des départements et, quand elle vit que ma barre de niveau de lassitude débordait, elle se mit aux lettres de l’alphabet.
— Énumère une suite de nom, prénom, lieu… en commençant par la lettre que je vais te donner. (Me fit-elle, comme si je ne connaissais pas les règles.)
Si elle avait pu dessiner un pendu pendant qu’elle conduisait, on aurait été bon pour qu’il soit dans la liste des jeux de route. Même si je me pliais aux moindres desiderata, j’affichais un ennui mortel. Cela ne l’empêcha pas de continuer. Comme si je faisais un devoir d’école et que la leçon n’était pas terminée.
Au bout d’un trop grand nombre d’heures, interminable, ma mère prononça enfin des mots qui me rendirent le sourire :
- Eh bien, il semblerait qu’on y soit.
Je me rappelle avoir levé les yeux d’impatience et ce que je vis à ce moment-là, me laissa grandement perplexe. Nous étions en bas d’une route de montagne, dans un parking qui devait accueillir au bas mot… cinq voitures. Une sorte de cabanon se trouvait face à nous, tout en bois. Le sol semblait boueux sous un tas de cailloux. J’avais tellement peu suivi la route que je n’avais aucun souvenir d’avoir emprunté un chemin de montagne. J’avais qu’une seule peur quand je vis cela à cet instant, c’était d’avoir de la terre jusqu’aux chevilles en sortant de la voiture. Je n’étais vraiment pas équipé pour passer quelques jours dans un endroit aussi inhospitalier que celui-ci. Mon premier réflexe de drogué de la ville fut de regarder mon téléphone. Pas de réseau ! Pas de Wi-Fi ! Rien ! L’enfer ! Heureusement pour moi, mon smartphone était à la pointe de la technologie. Je pouvais toujours écrire dessus, comme si j’étais sur un pc portable. Avant que ma mère tente de me rassurer, j’espérais qu’une chose : pourvu que l’on en passe pas plus d’une semaine ici.
— Fiston ? Nous allons confier nos bagages au monsieur et destination… VACANCES !
Elle cria si fort, que j’eus cru avoir les tympans percés. Une fois que j’eus vérifié que mon audition n’avait rien perdu, je lui demandai :
— Un quoi ?
— Le brave homme qui se trouve juste à ta droite, à côté de la porte de notre voiture, voyons.
Je tournai la tête et, sur un sursaut, je le vis collé à la portière, à quelques centimètres de moi. Seule la vitre le séparait de moi. Il arborait un large sourire et fit signe à ma mère de lui ouvrir le coffre. Je n’osais sortir de la voiture. Peur d’une autre surprise. Peur que ce ne soit que le début de la fin. Comment ma mère avait-elle pu penser à tout ça en si peu de temps ? Elle avait certainement des idées en tête depuis des mois. Que dis-je, des années ? Ça réfléchit beaucoup, une mère. Beaucoup trop. Et c’était loin d’être fini.