Chapitre 18 - Errance vers Saint-Trémeur
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Chapitre 18 - Errance vers Saint-Trémeur
Après quelques jours passés à Saint-Guénolé pour se ressourcer auprès de sa fontaine, Augustine se sentait prête à repartir mais elle voyait bien que la grossesse de sa mère commençait à lui peser et que quelques jours de repos supplémentaires étaient nécessaires avant de repartir pour Saint-Trémeur. C’était la dernière chapelle de son périple qui était située près du port du Tinduff, là où sa sœur jumelle avait vu Ar Vossen(1) débarquer la première fois. Plongée dans ses prières, Augustine n’entendit sa mère que quand celle-ci fut à quelques mètres d’elle. En sanglots, sa mère ne put dire un mot mais sortit de son tablier le bout de pain qui avait moisi.
Augustine interpréta aussitôt ce signe de mauvais augure et toutes ses prières se dirigèrent vers son père qu’elle savait à présent en danger.
Les deux femmes, seules auprès de la fontaine, décidèrent d’un même élan de se diriger dans la forêt plutôt que de retourner vers la chapelle, afin d’aller jusqu’au port du Tinduff où elles pourraient embarquer pour rejoindre le port du Yelen à Logonna. C’était leur combat, son mari, son père, et nul ne pouvait entraver leur désir de le rejoindre, même si c’était la mort qui les attendait au bout du chemin.
Augustine et sa mère marchèrent ainsi à travers les bois, pendant des heures, sans rien manger ni boire. Malgré sa grossesse, la mère d’Augustine marchait sans aucune peine sur le chemin. Elle était comme transcendée. Ses premières prières s’étaient mues en des phrases sans queue-ni tête, des onomatopées puis des borborygmes qui finissaient par faire peur à Augustine. C’était comme si sa mère avait perdu la tête. Un énième décès sonnerait-il la fin de la raison pour la mère Kervalle ?
Bien au contraire. Le cœur a ses raisons que la raison ignore et Augustine, avec son jeune âge, ne savait pas encore ces choses-là. La mère et le père Kervalle ne s’étaient pas unis par convenance ou intérêt. Ils s’étaient aimés alors qu’ils n’étaient encore que des enfants, et s’étaient mariés dès qu’ils avaient eu l’approbation de leurs parents. Il y avait entre eux un lien indéfectible qui apparaissait aujourd’hui aux yeux d’Augustine. Arrivée au pied d’un grand chêne, elle enjoignit sa mère de s’arrêter pour se reposer et prit sa mère dans ses bras. A son contact, elle eut une vision : son père, seul, au milieu d’une clairière, agonisant de la peste. Il ne pouvait rester ainsi sans aide. Elle pria alors pour qu’il ait de l’eau pour étancher sa soif et elle vit une source jaillir près de son père. Redoublant d’efforts, Augustine pria aussi intensément pour qu’il ait à manger et vit dans ses songes, un chien traverser une forêt de fougères pour emmener un morceau de pain à son père. Elle vit alors le père Kervalle sourire et lui dire :
- Tout va bien aller… Laissez-moi le temps de me remettre et je vous rejoindrai bientôt… Finis ce que tu as commencé Augustine, la fin d’Ar Vossen est proche.
Augustine reprit alors ses esprits et vit sa mère, les yeux fixés vers elle, silencieuse. Son regard était vide mais elle sortit machinalement, le morceau de pain de la poche de son tablier, il n’était plus moisi qu’à la moitié, la guérison était proche.
En sortant des bois, Augustine vit la mer et se rendit compte qu’elles étaient déjà arrivées au chemin de la croix du Tinduff et que la chapelle de Saint-Trémeur n’était pas loin. En passant par la grève, vers l’est, le chemin était plus abrupt mais aussi plus court, Augustine choisit alors de prendre le sentier côtier car la mer était basse.
(1)Ar Vossen : la peste