Les lignes se superposent entre des formes qui s’imbriquent avec aisance, s’adaptent aux façades et aux murs enrichis de motifs découpés dans un équilibre que la nature aurait pu revendiquer.
Bon nombre de personnes, enfants et parfois conservant cette capacité une fois adultes, dessinent ainsi dans leur univers personnel des figures géométriques ;
elles s’entrelacent dans notre imaginaire
ou se devinent dans la matière qui nous entoure.
On en fait parfois un jeu : trouver des tracés, les unir et les faire signifier dans une image comme si nous savions que l’espace invisible autour de nous en était meublé.

Ici parmi ces figures régulières se glissent certaines, échancrées - ou bien des silhouettes évoquant ces fresques préhistoriques que des analystes ont parfois suggéré de la main d’une femme, telles ces peintures sur ces maisons d’Afrique du Sud.

J’admire cette volonté de supplanter les conditions difficiles de l’existence par le désir de colorer ce qui a été terni, de positiver le foyer menacé mais ce qui reflète aussi les traditions, raconte les événements familiaux, honore un membre de la famille …
Les couleurs, la plupart élémentaires, s’enrichissent de leurs juxtapositions et alternances produisant avec le recul une luminosité exceptionnelle.

L’artiste ne vit plus de sa création mais vit à l’intérieur d’elle
L’art d’une tribu qui ne devrait pas s’éteindre avec elle.

Ô Combien aurais-je aimé être femme Ndebele pour avoir peint ces maisons !

Photo de couverture : Margaret Courtney-Clarke

Film : Chantal Perrin Verdier
Source : Ndebele L'Art d'une tribu d'Afrique du Sud, livre de Margaret Courtney-Clarke, édité chez Athaud

Musique : Grand Canyon, suite IV Sunset, de Ferde Grofé