La semaine dernière, mon épouse et moi avons découvert une exposition fascinante au musée d’art de Hong Kong. Celle-ci déclinait l’art chinois en quatre univers distincts : Aventure, Perfection, Élégance et Air du temps. Chaque espace, égal en nombre d’œuvres et sans hiérarchie apparente, m’a immédiatement évoqué une analogie avec les styles de management. Une révélation : le management, comme l’art, se pratique avec une combinaison de méthodes, de contexte et de style personnel.

À l’ère de la standardisation des outils et des processus, cette approche artistique m’offre une échappatoire bienvenue. Car si les méthodes, techniques et procédures sont indispensables, le premier outil du management reste le manager lui-même.

Je vous propose d’explorer ces quatre styles, en espérant que vos retours et expériences viendront enrichir cette réflexion.

Aventure : l’art de l’improvisation sécurisée

Ce style s’épanouit dans des environnements où les règles sont minimales et où l’adage « tout ce qui n’est pas interdit est autorisé » prévaut. Les équipes y évoluent dans un contexte d’incertitude, où chaque situation , commerciale, technologique ou accidentelle, est abordée avec une improvisation maîtrisée, nourrie par l’expérience et l’apprentissage.

Le manager « aventurier » fait confiance à ses équipes. Il fixe des objectifs clairs et exigeants, mais leur laisse une liberté totale sur les moyens. Chaque défi devient une opportunité de créer des solutions sur mesure, uniques et adaptées. L’entreprise, ici, vend bien plus que des produits : elle propose des réponses personnalisées à des besoins complexes.

Perfection : la quête de l’excellence opérationnelle

Dans les organisations où la perfection est une obsession, la sécurité, la conformité et la qualité sont garanties par des procédures rigoureuses, souvent certifiées. Chaque problème y est traité à l’aune de bases de données précises, et même l’innovation est encadrée.

Les managers adeptes de ce style s’appuient sur des modèles éprouvés : qualité totale, matrice des 5M (méthodes, moyens, milieu, main-d’œuvre, matériel), normes ISO… Leurs clients exigent une fiabilité absolue, des produits et services identiques, où que ce soit dans le monde. La prévention et la correction des dysfonctionnements , qu’ils soient sanitaires, environnementaux ou techniques , y sont sacrées.

Élégance : l’art de la relation et de la tradition

Ici, la fidélisation des clients et partenaires repose sur des valeurs intemporelles : l’élégance des gestes, l’intimité avec les parties prenantes, et la durabilité des produits, souvent ancrée dans des traditions artisanales.

La culture d’entreprise est un trésor à préserver, porté par des valeurs et comportements exemplaires. L’image de marque et la réputation sont au cœur des communications, tant en interne qu’en externe. J’ai connu une chaîne hôtelière dont la devise résumait cette philosophie : « Des ladies et gentlemen au service de ladies et gentlemen. » Chaque collaborateur incarne ces valeurs, et le manager en est le premier ambassadeur.

Air du temps : l’innovation comme oxygène

Dans ces univers, la performance repose sur une créativité et une innovation permanentes. Les produits et services deviennent rapidement obsolètes, sous la pression concurrentielle et l’appétit des clients pour la nouveauté.

Les managers dynamiques et transversaux y recréent l’esprit « start-up », évitant l’écueil d’une bureaucratie étouffante. Ils embarquent leurs équipes dans une aventure collective, où le design et l’audace deviennent des leviers d’attraction majeurs, pour les clients comme pour les talents. L’esprit du « garage » qui a vu naître les ruptures innovantes y est cultivé comme une culture d’entreprise.

Et vous, quel est votre style dominant ?

À l’instar de l’exposition de Hong Kong, où chaque univers était pur, je pense que chaque manager possède une dominante et une ou deux mineures. Ce style est façonné par notre histoire personnelle, nos goûts, notre personnalité, mais aussi par le contexte technologique, scientifique et culturel de nos organisations.

Qu’en pensez-vous ? Ces liens entre art et management vous parlent-ils ? Avez-vous identifié votre propre style, ou des nuances que vous aimeriez partager ? Vos retours et expériences sont précieux pour enrichir cette réflexion , partagez les en commentaires !