

L’impossible du possible
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L’impossible du possible
Nous avons vu, mon épouse et moi, ce film hier soir dans une salle quasiment vide. Ça m’a inspiré des réflexions sur notre monde tel qu’il va. Je les partage avec vous.
Depuis Prométhée, l’histoire est inlassablement la même : nos créations finissent par nous échapper. De Frankenstein à l’intelligence artificielle contemporaine, en passant par HAL 9000 dans 2001, l’Odyssée de l’espace, Skynet dans Terminator et Oppenheimer jouant aux apprentis dieux, l’homme s’ingénie à bâtir des puissances qu’il ne maîtrise plus.
Le dernier Mission Impossible s’inscrit sans complexe dans cette lignée mythologique moderne. Son ennemi ultime ? Une IA omnisciente, baptisée « l’Entité », capable de manipuler l’information, de produire des illusions, et surtout de retourner contre nous les armes que nous avons conçues. Une sorte de miroir technologique de nos propres dérives.
L’Entité ne détruit pas par la force, elle ronge nos sociétés de l’intérieur, en exploitant nos failles : notre crédulité, notre addiction au flux permanent, notre propension à nous diviser face à la complexité. En ce sens, ce film ne fait que pousser à l’extrême ce que nous vivons déjà : l’ère des fake news, des vérités alternatives, et des narrations fragmentées où il devient presque impossible de démêler le vrai du faux.
Et qui reste-t-il pour sauver le monde ? Évidemment, Ethan Hunt/Tom Cruise, figure désormais quasi messianique, incarnation du héros solitaire capable de s’opposer à la machine quand les États, eux, se sont déjà rendus.
Dans une époque où les récits collectifs s’effondrent, Mission Impossible fait le choix d’un individualisme total : un seul homme peut (et doit) porter le poids du monde. Plus Hercule que Prométhée, mais sans la tragédie du héros dépassé. Ici, la volonté triomphe toujours de la fatalité, et c’est précisément ce qui interroge.
Le film joue en effet sur une double injonction : on nous affirme que « nous sommes la somme de nos choix » – une maxime empruntée à Sur la route de Madison – mais, en même temps, on nous répète que c’est notre « mission » et qu’on ne peut y échapper. Liberté ou déterminisme ? Choix personnel ou chemin déjà tracé ? Le film ne tranche pas, il les superpose, et c’est peut-être là sa plus grande ambiguïté. Il reflète parfaitement une époque où l’on glorifie l’individu autonome tout en s’abandonnant aux algorithmes qui prédisent et dictent nos comportements.
Au fond, Mission Impossible rejoue le vieux fantasme occidental : croire que, face aux systèmes tentaculaires, il y aura toujours un héros pour reprendre la main. Une croyance rassurante… mais peut-être de plus en plus illusoire.

