Nouveau monde
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Nouveau monde
Sur la planète Numar, un jour supplémentaire d’enseignement…
Nils avait le corps qui glissait, glissait… Est-il sur un toboggan ? Son corps était-il élastique ? Il semblait s’étirer perpétuellement. Devant la stupeur qu’il éprouvait, son cerveau s’activa pour lui faire prendre conscience qu’il rêvait. Il était dans son lit et il dormait. Il bougea sa main, elle n’était pas si éloignée de sa tête, il ne s’étirait pas. Qu’il était stupide, bien sûr qu’il ne s’étirait pas. Il s’assit contre son oreiller, quel rêve étrange, il avait eu l’impression d’être un chewing-gum.
Quand il fut bien réveillé, il sourit, c’était sûrement son cours d’hier qui le perturbait.
La terre, la planète bleue avec ses mers, ses océans, ses volcans et ses failles s’était fissurée. Cela avait duré des centaines d’années, avec des périodes d’accalmies et des périodes d’intenses perturbations. La réaction des hommes avait consisté à échapper aux catastrophes, à trouver des lieux où survivre, malgré le jeu cruel du sol qui s’effondre sans prévenir. Évidemment, cela avait été une lente et terrible catastrophe avec de nombreux morts, mais ce ne fut pas une nouvelle extinction car les hommes et les animaux avaient survécu.
Jamais personne n’avait imaginé une telle évolution, que la terre se scinderait ainsi, dans des mouvements de terrain, des tremblements de terre, des orages, des pluies diluviennes… A partir des failles, les strates rocheuses avaient coulissé et la terre s’était courbée pour se séparer en six planètes.
Voilà pourquoi, Nils, en rêve, s’imaginait se courbant comme la terre pour prendre une nouvelle forme. Cette évolution le remuait, cette histoire commune de l’univers et de ses six planètes l’interrogeait.
Lui qui voulait apprendre les sciences, comprendre l’évolution, se posait beaucoup de questions.
Que la vie était étrange ? L’homme avait finalement si peu de connaissances, un big bang, des dinosaures, une météorite, des changements climatiques, des extinctions, des survies, et lui Nils était là sur la planète Numar, la vie était surprenante ! Il faisait partie des survivants.
La formation des six planètes expliquée par son professeur de sciences l’avait passionné, il connaissait leur existence mais connaitre leur origine commune, les phénomènes qui avaient abouti à la séparation de leur terre d’origine le laissait pensif.
Les six planètes pouvaient-elle se réunir à nouveau pour ne faire qu’une ? L’expansion de l’univers ne laissait-il pas plutôt présager de leur éloignement ? Voilà des questions auxquelles il aurait bien aimé apporter une réponse. Comme d’habitude son cerveau semblait s’agiter en tous sens avec toujours plus de questions. Le problème de Nils était de trouver des réponses acceptables pour que cesse le vacarme dans sa tête.
Aujourd’hui pour l’exercice d’expérimentation, il faisait partie du groupe d’étude qui devait représenter les liens entre les planètes.
Des sortes de trous noirs ou lumineux qui permettaient de passer d’une planète à l’autre.
Les conditions d’accès restaient assez mystérieuses, elles semblaient étonnantes de complexité pour certains passages ou d’une simplicité déconcertante pour d’autres. Les témoignages variaient d’un bout à l’autre de l’univers. Des phénomènes physiques d’attraction semblait se coupler à un état mental particulier combinant de la motivation, de la curiosité et du respect. Un chargement en énergie spécifique semblait nécessaire. Cette recherche allait être passionnante. Évidement il n’était pas un chercheur professionnel, mais certaines énigmes étaient soumises à la compréhension de tous pour favoriser la multitude de pistes à explorer et Nils participait à celle-ci.
Il était l’heure. Il fallait vraiment qu’il se lève, qu’il s’active, sinon il allait écoper d’un bon de retard à son cours de gestion. La gestion, ce cours l’ennuyait au plus haut point, mais aujourd’hui personne n’y échappait, tout se gérait, c’était la matière principale. Les humains, les animaux, l’espace, les relations, les distances, les attractions, sur sa planète surpeuplée plus rien n’était laissé au hasard.
Il enfila son pantalon en toile, un tee-shirt, croqua dans une pomme, passa devant la glace pour ajuster ses cheveux en bataille, enfila ses chaussures souples, il sembla glisser sur le chemin, son corps se mouvait comme s’il n’avait pas d’articulation.
*
Quel drôle de démarche pensa la vieille voisine en le regardant passer de son potager. Elle le connaissait depuis longtemps, depuis toujours. Elle le regardait grandir, il était un repère de temps pour elle. Léon était mort l’année de sa naissance, déjà quinze ans de solitude, à vaquer à ses semblants d’occupations qui rythmaient sa journée de manière immuable. Son petit déjeuner, son bol de café et ses deux tartines, remplir la gamelle de Foster, son adorable chien puis elle consultait sa tablette pour connaitre les nouvelles du monde, faisait faire un tour du quartier à Foster puis elle se servait un jus de fruit, tournait dans son petit espace extérieur, un potager qui s’était réduit avec l’âge. Deux arbres fruitiers et de jolis rosiers qu’elle aimait tailler. Elle préparait le repas, mangeait, faisait la sieste, envisageait le repas du soir et du lendemain… Le ménage, le rangement s’était réduit depuis qu’elle vivait seule. Son ennui faisait de ses voisins sa meilleure attraction.
*
Nils longea les immeubles, l’odeur n’était pas agréable, les nombreux chiens et chats avaient laisser leurs traces sur les parois bétonnées. Il manquait vraiment d’espace vert pensa Nils. Il finit par accélérer le mouvement de ses enjambées et arriva avant la fermeture de la grille. Le bâtiment avait une architecture ancienne, il avait résisté au temps. Sa construction avait duré de nombreuses années probablement en plusieurs étapes, mais l’architecture n’était pas le thème préféré de Nils.
Il trouva facilement une place, n’importe qui pouvait assister au cours sur la gestion des ressources de la terre. Aujourd’hui l’espace des cultures diminuait, c’était sans compter sur les jardins suspendus, évidement les aliments perdaient en saveur et s’uniformisaient, qu’importe les gens s’adaptaient. Nils avait conscience de cette perte de qualité, la saveur des fruits de sa voisine était tellement meilleure que ceux servis au self-service et dans les multitudes de petites échoppes. Cultiver se préparait, s’anticipait, s’entretenait… La gestion devait se faire sur le long terme, malheureusement la gestion se faisait souvent à l’année pour répondre aux besoins immédiats de la population toujours grandissante.
Avec la séparation des planètes, ils étaient très nombreux à vivre sur la planète Numar, nourricière et pleine de ressources. Pourtant en quelques centaines d’années et quelques générations, ses ressources demandaient à être gérées avec plus de responsabilité et d’égalité. L’argent restait le nerf de la guerre et régulait les rapports humains, de l’argent donnait du pouvoir, pas d’argent menait à la dépendance. Heureusement la culture et l’enseignement étaient dispensés à tous, sans contrainte d’âge ou de revenu, seule la motivation pour participer comptait.
Nils se demandait bien comment la vie s’organisait sur les autres planètes. Il savait que chacune avait développé des spécificités surtout en fonction de leur composition géologique, de leur géographie et de leur météorologie. Finalement il se trouvait bien adapté sur la sienne. Ses parents avaient tous les deux un travail rémunérateur, il n’était privé de rien. Tout était payant, pour faire partie du système il fallait donc posséder de l’argent. Les pauvres vivaient dans des quartiers loin de chez lui, il ne les côtoyait pas. Pas de travail, pas de revenus, le troc avait fait son grand retour ainsi que la violence.
Les jeux d’argent s’étaient développés de manière exponentielle. C’était même une activité régulière pour la plupart d’entre eux.
En sortant de son cours, Nils ne manqua pas de passer tenter sa chance au jeu, il choisit celui des chevaliers, peut-être comme un acte de bravoure. Pour garder un semblant de suspense, les résultats n’étaient donnés que le surlendemain, le délai de quarante-huit heures était une prérogative obligatoire. Avoir de l’argent était bien, mais en avoir pour, en plus, en mettre de côté était encore mieux pour s’affranchir du système. Un rêve inatteignable.
Nils savait faire preuve de patience, il ne croyait pas vraiment à ses chances de réussite et n’envisageait pas forcément de pouvoir gagner, c’était un amusement comme un autre.
Ses jeux vidéo l’attendaient à la maison, c’était son moment de détente préféré.
Il s’échappait de la réalité, des nouvelles règles, des nouveaux enjeux, des nouveaux défis.
Il serait tant de se poser de nouvelles questions sur les liens entre les planètes et de faire des hypothèses cet après-midi, son cerveau était momentanément en pause pour se divertir.
Il reprit le chemin de la maison avec la même démarche molle que le matin. Son corps semblait trop grand et trop souple dans ce monde rigide.