Rapt raté
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Rapt raté
Charlotte avait tout de suite SU qu'ils s'étaient trompés.
Poussée par des hommes cagoulés en combinaison aussi noire que la fourgonnette dans laquelle elle distinguait à peine les six complices, elle respirait maintenant avec difficulté à cause du scotch collé sur sa bouche. Sous peine d'être asphyxiée - rhume des foins oblige ! - elle essayait d'attirer le regard de ses kidnappeurs quand l'un d'eux - le chef, sans doute - se rapprocha pour la détailler.
Avant que sa grimace cabalistique ait pu signifier à l'homme son étouffement, celui-ci avait déduit son malaise.
- Si vous criez, je vous AS-SOMME !!! Menaça-t-il
Paupières baissées vite relevées dans un OK en règle, elle se crispa dans l'attente d'un arrachement brutal qui ne vint pas : il décolla délicatement le bâillon au-dessous de ses grands yeux surpris.
Elle aspira gorge et poumons ouverts à fond.
Il l’observa - Elle, de même.
Elle crut déceler une pointe d'amusement dans l'oeil droit masculin ... Mais avait dû la rêver puisqu’il se dirigeait à nouveau vers son équipe, toute indifférence pour elle.
C'est un mutisme général ambiant qu'elle choisit pour assener :
- Je ne crois pas être la bonne personne !
Ils se tournèrent tous vers elle et pesamment la dévisagèrent.
Elle haussa ses poignets semi-attachés en signe de regret.
- Vous prétendez ne pas être Ludmilla Agglomérécci ?
Le chef la scrutait avec cette fois une ironie au fond de la prunelle - ( qu'il avait fort belle, au demeurant ... )
CharLOTTe !!!!
- Oui ; moi, c'est Charlotte PAR-PAING,
Amorce qui n'aurait pas mieux désarmer cette bande de tueurs prêts à l’éliminer.
- Vous pouvez vérifier : j'ai mes papiers d'identité dans le petit sac en bandoulière, sur moi - finit-elle
Chacun en garde du corps autour d'elle - où diable aurait-elle bien pu aller ? - l'un d'eux fouilla son sac et confirma sur inspection des papiers ce qu'elle avançait.
- Que faisiez-vous à cette station de taxi à cette heure, près d'une boîte de nuit, à la place qu'aurait dû tenir Ludmilla Agglomérécci à qui vous ressemblez tant ?
- J'attendais un taxi, pressée de rentrer chez moi à cette heure, sortant de la boîte de nuit que j'ai quittée apparemment avant Ludmilla à qui je ressemble tant.
Derrière son air d'exterminateur, le Commandant dissimulait sa perplexité : à vrai dire il était épaté par cette femme que la situation ne semblait ni surprendre ni terrifier comme si la méprise était son destin.
- Appelez Icare. Il faut le prévenir.
L'agitation qui bouscula l'escouade laissa penser à Charlotte qu'il devait s'agir là d'un appel fort rare.
- Euh ... Vu que l'ambiguïté est levée ... Auriez-vous l'obligeance de me déposer chez moi ? Il est très tard et mon quartier peu sûr …
Silence et immobilité SUBITS dans la camionnette.
- Ça ne vous fait pas un détour, si ? retenta-t-elle
Le Commandant l'étudia.
Avait-elle la moindre perception du danger qu'elle risquait ?
Apparemment pas.
Vu le soulagement que sa charmante silhouette exprimait.
Qu'allait-il faire d'elle ?
* * * * * * *
- Et c'est comme ça que t'as rencontré papy ? demanda l'un de ses nombreux petits enfants assis autour d'elle.
- A peu près, s'émut Charlotte devant son parterre de futurs malfrats.
Photo de Couverture et Image dans le texte : illustrations de Chantal Perrin Verdier