17 oct 22

Je préfère prévenir de suite : Âmes sensibles ou en phase dépressive d’entrée hivernale, abstenez vous de regarder la suite ! Car je dois bien l’avouer, ce que je vais vous montrer frise avec l’insolence et l’indécence …

Ici, c’est carte postale sur carte postale : vues époustouflantes sur le lagon à la luminosité et aux couleurs éclatantes, petits motus recouverts de cocotiers aux allures paradisiaques, reliefs montagneux recouvert d’une végétation luxuriante… pas besoin d’aller à Bora Bora, la perle du Pacifique, pour voir ces subtiles nuances de bleues et de turquoises lumineuses et mirifiques, que relèvent les verts et jaunes des cocotiers et autres palmiers et plantes des bords de mer ! D’ailleurs, Bora est régulièrement visible au large, à à peine quelques dizaines de kilomètres de là… Elle a l'allure de l'île parfaite et est beaucoup plus touristique, ayant développé une renommée dans l'hôtellerie de luxe avec ses bungalows sur pilotis ; mais les autres îles Sous le Vent ont elles aussi tout leur charme, et conservent en outre leur authenticité !

De Raiateia, je pars pour la journée faire le classique tour de Tahaa, sa petite soeur séparée de quelques kilomètres et qui partagent entre elles le même lagon, le même récif coralien. Le tour est classique et somme toute assez cliché, mais comment ne pas faire cliché ici ? La jovialité et la bonne humeur de notre pilote Rai pour la journée rend ce tour en tout cas extrêmement agréable à profiter.

Le tour de l’île comporte plusieurs étapes :  on traverse d’abord la baie de Apu en longeant l’île où ont été apparemment tournés les deux derniers Koh Lanta, pour se rendre en premier lieu dans une vanilleraie, qui est la ressource principale de cette île surnommée l’Île Vanille.

La vanille est une orchidée, une liane que l’on fait pousser sur une base de déchets de coco et sur un arbre tuteur. Environ 3 ans pour que la plante puisse produire les premières gousses, qui proviennent de la fécondation manuelle  par l’homme du pistil et du pollen qui sont contenus dans la même fleur, puisque la vanille est hermaphrodite. S’ensuit 9 mois  pour que la fleur donne une gousse mature qui commence à brunir, puis 4 mois de séchage 4h/j en massant journalièrement la gousse pour en faire suinter son huile et éviter qu'elle ne dessèche. On comprend alors pourquoi la gousse de vanille coute si chère ; mais une gousse de vanille conservée dans les vapeurs d'un fond de rhum garde tous ses arômes, et peut être réutilisée pendant des années ! 

S’ensuit la visite de la rhumerie artisanale, car on y plante aussi ici la canne à sucre. On découvre toute le processus, de l'extraction du jus à la fermentation puis à la distillation. Le rhum produit sort à 70-80°, on le dilue ensuite avec de l'eau et on peut le faire maturer dans des futs de chêne ayant servi à faire vieillir du Xérès, du Sauternes ou du Whisky.. Vous me connaissez, je n’ai pas pu résister à ramener quelques bouteilles que l’on ne peut acheter qu'ici ! Comme chante la Rue Ketanou : " C'est qui qui croque cul-sec la pomme, Qui met du calva dans son rhum, Sa ponctuation fait des *hic*, Le capitaine de la barrique... "

Visite ensuite d'une ferme perliere : la encore, on insère manuellement la sphère d'un coquillage et un fragment de nacre pour que l'huitre produise une enveloppe navrée de la même couleur, donnant des perles dont la taille, la sphericite et la perfection du revêtement en définissent la valeur..et le coût.  Les perles d'ici ne sont pas blanches, mais plutôt noires, grises, légèrement rosées ou bleutées. Elles peuvent etre ensuite simplement assemblees, ou sculptées. 

On se rend ensuite à proximité du seul hôtel de luxe de l'île pour explorer en snorkelling le jardin de corail.

Pas de photos sous marine, mais j’ai pu enfin voir mon premier poisson-clown, qui passe sa vie camouflé dans les filaments des anémones de mer, très sympa à observer ! Autres poissons distinguables que l’on voit ici fréquemment, dont je vous mets un petit aperçu : les Balistes avec notamment le Baliste Picasso, ou le Baliste strié, les poissons Papillons ou l'Idole Maure, les poissons perroquets, les poissons anges avec le superbe poisson Ange peau de citron, l'Ange empereur ou l'Ange Royal, des Loches, des Mérous et des poissons écureuils, des Labres et des Chirurgiens, sans oublier le poisson flute et le poisson trompette.. Plus rares et dangereux, le poisson pierre et les poissons scorpion. Et enfin, les Bénitiers, coquillages dont l'ouverture ondulée révèle de jolies nuances de bleu. 

Puis c’est l’heure du repas, que nous prenons sur le motu détente de Koh Lanta : On arrive sur un petit îlot de cocotiers, les tables et le buffet sont installés les pieds dans l’eau, le cuisinier y prépare déjà ses brochettes de poissons et de poulet les pieds dans l'eau également. Quelques transat installés sur une plage rien que pour nous le temps de quelques heures.. Tout le décor parfait pour la carte postale de rêve y est !

On savoure donc un excellent buffet de poisson cru, poulet grillé, patate douce et taro (tubercule proche de l'igname), et le delicieux poe (morceaux de potiron ou autre mélangé à de l'amidon et arrosé de lait de coco..mmm... un régal !), les pieds dans l’eau, des centaines de poissons venant nous chatouiller les pieds dans l'espoir de quelques grains de riz tombés. Quand à quelques mètres à peine de nous, des requins pointes noires par l’odeur du barbecue alléchés viennent guetter également de quoi manger. Impressionnant de voir de si près ces ombres se contorsionner dans quelques mètres d'eau à peine et ces ailerons jaillir hors de l'eau !  Les pilotes et cuistots, quant à eux, nous chantent quelques chansons tahitiennes accompagnées de percussions et de ukulélé… Oui, ça fait très cliché effectivement, mais on sent que le coeur et la volonté de partage y est, conservant ainsi un certain goût de l’authentique malgré tout. 

Au retour, nous nous arrêtons à un endroit du lagon où nous pouvons de nouveau observer de nombreux requins. La pratique du Shark Fidding (nourrissage des requins à la main) est désormais interdite, car cela a pu rendre ces requins habituellement inoffensifs agressifs, mais ils ont depuis élu place ici… Quand au milieu d’eux, nous apparaît une raie pastenague d’un bon mètre d’envergure.

Depuis, j’ai quitté Raiatea pour Huahiné, une autre île haute des îles Sous le Vent. J’y loge dans un camping pas cher au sud de l’île, où j’y croise de nombreux tourdumondistes en escale ici. En mode détente, je parcours désormais l’île sur mon petit scooter, admirant baies et motus à chaque détour, pratique un peu de snorkelling, visite les importants marae du bord du lac, et grimpe les deux sommets importants de cette île, qui sont en fait deux îles accolées reliées par un pont d'une dizaine de mètres, afin d'y admirer de superbes panoramas… La légende raconte que le dieu Hiro s’étant endormi, a coupé l’île en deux de sa pirogue...

Connexion internet souvent inexistante, poster les photos qui vous intéressent bien plus que mon bla-bla prend beaucoup de temps ! Je vais essayer malgré tout. Je repars demain retrouver Antoine et Gigi pour la dernière semaine entre Tahiti et Mo’orea juste en face.

Bonne journée à vous, et j’espère vous avoir fait voyager sans trop avoir été scandaleux et faire que vous ne vouliez plus me parler désormais ! ;-)