Je m'appelle Brahim
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Je m'appelle Brahim
Je m’appelle Brahim, je suis Algérien, j’ai 20 ans. Mon rêve: foutre le camp! Partir coûte que coûte, là où les cœurs sont plus cléments et les politiques plus humains. Partir pour vivre parceque rester c’est mourir tous les jours.
Je sais ce que sera ma vie dans dix ans. Rien. Une terre en jachère, des songes desséchés, des espoirs brûlés et une jeunesse momifiée. Je vivrais toujours chez mes parents dans un appartement exigu, dans une cité malfamée, sans jardin, dans un immeuble sans concierge et sans ascenseur. Une cage à poule. Un piège à con ! Je manquerais d’espace, d’amour, de liberté, de sexe, d’écoute, d’amis, d’ambition et d’air. Je n’aurais pas de petite amie.
Me marier serait comme créer un parti politique, une cause perdue. Il faudrait d’abord trouver le soutien financier, une subvention conséquente, nos mariages coûtent la peau des fesses ici et le bonheur, tout comme le paradis, n’est jamais garanti. Puis, je travaillerais dans une entreprise publique ou privée (c’est pareil) pour mourir à petit feu sous le diktat des entreprises familiales. Au début, je toucherais moins que le SMIG, je ne serais peut-être pas déclaré. Je serais dépassé par le travail et je me plaindrais sans cesse de mes patrons. Des vampires ! Tous !
La rue est un défouloir. La culture du trottoir me nourrit. Je drague les femmes qui passent, jeunes ou moins jeunes, je m’informe de ce que devient le pays, je confie mes problèmes, j’écoute ceux de mes potes. Nous avons le même soucis : Nous manquons d’argent, de liberté et de dignité ! Vie de chien !
Je sais aussi ce que je perds maintenant et ce que je n’aurais plus jamais. Ailleurs, ça ne sera, peut-être pas l’eldorado mais rester ne l’est pas non plus ! Alors, je veux choisir ma mort, tenter l’impossible, provoquer le destin et défier ma jeunesse. Je veux recommencer.
Alger me manquera, ses cafés forts, ses ruelles bandées, ses bus qui n’arrivent jamais, ses chauffeurs de taxis qui ne vous déposent jamais à destination, ses frites omelettes, ses femmes et mes discussions avec mes amis.
Partir, noyé de vie, de rêves brisés, de solitudes et de folie !
Je veux essayer de vivre et ne plus me contenter de survivre. Prendre mon sac, mes papiers et essayer de construire quelque chose avec le peu de moi qui me reste. Je brûle de l’intérieur, une voix s’élève, me secoue, me bouscule, me tue tous les jours. Et rien ne se pointe à l’horizon. Mes couleurs s’estampent, le temps et l'âge me traquent, le vide m’effraie et m(aspire. Comment faire pour ne pas mourir ? Comment faire pour ne plus vivre ce cauchemar les yeux grands ouverts ? Pour ne pas sombrer comme tout mes amis dans la drogue, les vols et le désespoir ?
Je souhaite passer à autre chose.
Partir c’est passer à autre chose.
Jackie H hace 2 meses
Nous on se plaint en Occident mais on n'imagine même pas à quel point ailleurs, c'est le désespoir...
Irane Belkredim hace 2 meses
Les jeunes ont leurs problèmes. Là où ils sont. Le désespoir prend différentes formes seulement.
Jackie H hace 2 meses
C'est sûr que les problèmes ne sont pas les mêmes...