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Le Murmure des Arbres - chapitre 01

Le Murmure des Arbres - chapitre 01

Publicado el 23, ene, 2025 Actualizado 23, ene, 2025 Science fiction
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Le Murmure des Arbres - chapitre 01


Le Gwez-kunduer, Piotr Cazimir, grimaça. Une douleur l’électrisa de la tête aux pieds, suivie d’une contraction qui tétanisa ses muscles. La sensation de paralysie l’étreignit. Son cœur s’emballa. Son sang tambourina à ses oreilles.

Il paniquait.

Il s’éveilla en sursaut, hurla, mais son cri s’étouffa à peine sorti et se transforma en gargouillis.

Il écarquilla de grands yeux, des yeux d’un blanc maladif.

Tout était flou dans cette semi-pénombre qui régnait dans l’habitacle.

Peu à peu, sa vision nocturne gagna en sensibilité, en netteté, et il perçut la douce lueur, ardente, des Pommes de l’Arbre.

L’Arbre, son Arbre, leur Arbre, l’ange gardien des esprits, comme l’appelaient encore certains. Sa silhouette majestueuse se découpait dans un jeu d’ombres envoûtantes. Des gris foncés se noyant dans des gris plus clairs. Les larges feuilles de l’Arbre, d’un vert profond, presque noir tranchaient sur le rouge étincelant de la centaine de fruits.

À ses yeux embués, l’Arbre resplendissait. Il palpitait de toutes ses branches, de tout son feuillage, de toutes ses racines. C’était comme un bourdonnement de basse fréquence, à peine audible. Mais Piotr le ressentait jusque dans ses tripes. Il vibrait d’une résonance émotionnelle au cœur même de son cerveau.

Gwezenn eo he kêr.

Le Gwez-kunduer récitait mentalement les préceptes des grands maîtres tels qu’il les avait appris.

Piotr éprouva un fourmillement dans ses membres, il fit jouer au ralenti les articulations de ses doigts.

Ainsi il revenait peu à peu à l’instant présent.

Il vérifia ses constantes sur les consoles devant lui, puis, satisfait, laissa le lien psychique de l’Arbre reprendre sa place au sein de son être.

L’Arbre était sa maison. Il était le Gwez-kunduer.

Pourtant, une crainte l’assaillit.

Le lien était-il encore vraiment là ou son esprit lui jouait-il un tour ?

Il ne rêvait pas. Ce n’était pas possible.

Il était bien éveillé.

Il soupira.

Il fronça les sourcils.

Pourquoi avait-il perdu connaissance quelques secondes, juste après le début du saut ? Pourquoi cette douleur l’avait-elle tétanisé ?

C’était la première fois. Sa mémoire était sur ce point infaillible, il n’avait jamais eu de doute à ce sujet.

Il était Gwez-kunduer, un Gwez-kunduer navigant, un Moraer. Après son apprentissage, il avait passé trois ans à faire de l’irrigation dans des vaisseaux de seconde zone et cinq ans en tant qu’Arboriculteur en second. À l’époque, certains l’appelaient le Jardinier pour se moquer, d’autres, par respect, le surnommaient, Piotr la main verte. Il n’y avait pas prêté attention, sa tâche l’accaparait totalement.

Aujourd’hui, il servait sur un navire commercial de classe Quasar, l’un des plus grands vaisseaux de transport sillonnant dans ce secteur de la galaxie. Une fierté mêlée d’un peu d’incertitude conduisait sa vie et l’aidait à tendre vers ce qu’il désignait comme sa perfection. Un but inaccessible, un travail de toute une vie de Gwez-kunduer. Il était encore débutant, il avait beaucoup à apprendre, beaucoup à expérimenter. Sous les ordres du capitaine Onia Gofurst, il avait grandi rapidement et il continuerait. La progression ne se faisait pas toujours dans le cadre attendu, mais il s’accrochait à son objectif, atteindre sa perfection. De toute façon, c’était cela où il retournerait sur un de ces navires de seconde zone.

La lumière artificielle inonda la salle.

Il était seul.

L’Arbre frémit.

Piotr frissonna.

Une boule, dure et inextricable, se forma dans son ventre. Ses muscles se contractèrent de manière erratique.

Il balaya du regard l’espace autour de lui.

Ses yeux se fixèrent soudain sur une feuille posée au sol. Une feuille couleur rouille, sèche, immobile, détachée de l’Arbre.

Comment était-ce possible ?

Était-ce la raison de son évanouissement ?

Engoncé dans sa combinaison de saut, sanglé à son siège, Piotr brûlait d’envie d’aller voir de plus près, mais il n’aurait pas fait un mètre. Son corps ne lui obéissait plus. Avachi, il subissait les fluctuations de la gravité quantique du saut.

Il fallait attendre.

Même l’IB, l’Intelligence Biologique du vaisseau, qui baignait dans son fluide sirupeux, se laissait guider par l’Arbre. Pendant le saut en hyperespace, seul l’Arbre importait, seul l’Arbre subsistait.

Gwezenn eo hon buhez stag.

Le compte à rebours commença.

Les chiffres apparurent sur les écrans de la console et défilèrent.

5. 4. 3. 2. 1.

L’aspiration du tunnel cessa. Les fluctuations s’interrompirent. Le saut se termina. L’apesanteur reprit son règne.

Peu de temps après, les déconnexions des liens d’accolement s’effectuèrent une à une en douceur.

Piotr perçut le picotement caractéristique de la dissociation avec son Lare.

Il cligna des yeux, son visage se décontracta.

Il venait de retrouver toute son autonomie encéphalique.

Son esprit palpitait par lui-même.

Piotr serra les mâchoires. Ses jambes endolories répondirent, peu à peu, à ses sollicitations. Ses orteils s’agitèrent. Ses mains se crispèrent. Son esprit se libérait. Son sang affluait dans ses extrémités, la pulpe de ses doigts sembla doubler de volume. Ses poumons se gonflaient, les sangles compressaient sa poitrine. Il expira longuement pour soulager sa cage thoracique.

Puis il détacha le harnais de son fauteuil, sans gestes brusques, avec minutie.

Il se mit à flotter dans l’habitacle.

Il plana autour de l’Arbre, inspecta l’ensemble de ses branches, de ses fruits, de ses feuilles. Tout lui semblait normal. Il refit un tour plus lentement. La vibration basse fréquence le dorlotait. Il ne détectait aucun dysfonctionnement, pas d’excès, pas de manques. Les fluides vitaux qui alimentaient l’Arbre circulaient sans encombre. L’eau, les sels minéraux, l’huile de synthèse, l’oxygène. Il jeta un œil aux écrans de contrôle. Les analyseurs n’avaient rien remarqué dans les échanges amniotiques ni dans les pulsations électromagnétiques induites par l’Arbre. Il vérifia par acquit de conscience les différents monitorings de l’équipage. Ils étaient tous vivants et leurs constantes étaient stables. Le capitaine présentait peut-être un léger déséquilibre hormonal, mais sans conséquence.

Il se décida enfin à se poser à côté de la feuille morte.

Il n’osa pas y toucher.

Il la regarda de plus près. Elle était desséchée, ses nervures ressortaient alors que sa consistance se désagrégeait déjà.

Un robot de nettoyage s’avança.

Piotr hésita, puis il fit signe à l’automate de stopper.

— Je vais l’analyser. Ce n’est pas… Quelque chose ne va pas…

Le robot retourna d’où il était venu.

Cazimir alla prendre des ustensiles et déposa la feuille dans une boîte en verre totalement transparente. Au moment de sceller le couvercle, sous le choc minime, la feuille se réduisit en poussière. Il n’avait jamais observé un phénomène aussi rapide.

Un frémissement le secoua et un courant glacé remonta le long de sa colonne vertébrale. Il ouvrit la mâchoire en grand et son menton buta contre le bord de son casque.

— J’espère que tout est consigné ?

L’IB ne commenta pas. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Il n’y avait pas matière à discuter, de toute façon le Gwez-kunduer connaissait la réponse.

— OK ! J’ai compris. J’exige un examen complet des résidus. Procède comme s’il s’agissait d’une autopsie. Je souhaite savoir ce qui s’est passé ici ! Je veux dire durant le saut.

Il plaça la boîte dans l’analyseur moléculaire. Un bruit de succion résonna à ses oreilles quand l’échantillon fut aspiré dans la machine.

— Je désire voir les images de l’Arbre avant et pendant le saut. Sur le grand écran central !

La vidéo s’afficha aussitôt.

L’Arbre luisait dans les rouges sombres.

— Éclaircissement de l’image ! Encore.

Il vit la feuille se détacher et prise dans l’accélération du saut, tomber.

— Ralenti !

Les autres feuilles n’avaient pas bougé, les branches n’avaient pas tressailli, les Pommes étaient restées immobiles, aucune oscillation, aucune vibration.

— Rejoue et effectue une rotation lente.

Il fit défiler le film une quinzaine de fois avant d’abandonner. Aucune explication n’émergeait de ces projections.

Devait-il passer cet incident sous silence vis-à-vis de l’équipage ? Du capitaine ? Il pouvait, mais Ki Vib, le guide spirituel, avec sa manie de fouiner dans les journaux de bord, allait sans aucun doute mettre son grain de sel s’il le découvrait.

Il activa le communicateur d’un doigt ferme et volontaire.

— Capitaine ? Pourriez-vous venir dans la serre, j’ai quelque chose à vous montrer ?

— C’est urgent ?

— Euh…

— Je passerai, j’ai d’autres préoccupations pour le moment. Sinon je peux envoyer Hadj. Je te rappelle qu’il est aussi habilité que moi.

— Ça ira, je peux attendre que vous soyez disponible.

Il grimaça et coupa la communication.

Les résultats de l’analyse apparurent sur la console.

Il lut.

Matière organique, sels minéraux, molécules carbonées diverses.

Pas de trace d’eau. Aucune. C’était comme si l’Arbre avait soudainement repris son eau. Était-ce ce qui avait causé la mort de la feuille ou était-ce une fonction inconnue de l’organisme de l’Arbre qui avait senti la feuille dépérir et l’avait asséchée ? Un réflexe de survie.

Le double sas émit une alerte sonore.

Quelqu’un arrivait.

Piotr se retourna. Ce qu’il redoutait se concrétisait.

Ki Vib, le guide spirituel du bord, visage sévère, yeux verts aiguisés comme des lames de scalpel, pénétra dans la salle. Il n’avait plus sa combinaison. Sa combinaison de survie. Était-il inconscient ?

— Que se passe-t-il, Gwez-kunduer ?

Cela avait le don de l’énerver quand une personne l’appelait par son titre, il avait un nom et un prénom. Mais venant du Guide, il avait très vite compris qu’il ne serait pas possible de le raisonner sur ce point. Et bien d’autres points. Il avait baissé les bras sur ce sujet ne souhaitant pas perdre de temps et de l’énergie à se défendre contre sa suffisance ecclésiale.

— Et qu’as-tu fait de ton équipement ? Tu sais très bien que le capitaine n’apprécie pas quand des membres de son équipage se baladent, peu après un saut, sans combi.

— Cela ne répond pas à ma question, répliqua-t-il avec un sourire froid, tu as convoqué le capitaine donc ce doit être important.

— Tu sais qu’une dépressurisation pendant un saut est toujours fatale ? Oui, tu le sais.

Ki s’approcha de lui, les mains levées, paumes en avant.

— Je prie pour tous à bord. Notre destin n’est pas de disparaître dans un accident de tuyauterie… Donc si tu répondais simplement à ma question. Je te rappelle que j’ai autorité sur toi, jeune Gwez-kunduer.

Qui avait bien pu avoir cette idée saugrenue d’élever les Guides au rang d’officiers ? Cette interrogation ne cessait de laisser perplexes nombre de membres d’équipages.

— C’est à propos de l’Arbre ?

— C’est sans importance…

— Tu n’essaierais pas de nous cacher des données essentielles…

— Non, non !

Il avait répondu trop rapidement. Il se mordit la langue.

— Tu mettrais consciemment la sécurité de ce vaisseau en péril ? Tu le sais…

— Non ! Tu m’agaces. L’Arbre a perdu une feuille, il n’y a pas de quoi s’alarmer !

Silence.

Ki fléchit les genoux et colla ses mains, paume contre paume. Il baissa la tête, ferma les yeux et articula une prière.

— Par le Nombre et la Multitude, que l’espace nous préserve et que nos âmes se soumettent à leur bon vouloir. Croyez-en nos vitalités. Nous vous renouvelons notre confiance. Pardonnez-nous notre suffisance et nos faiblesses. Illuminez nos consciences.

Il se tut.

Puis, il récita d’autres paroles à consonance religieuse, à voix basse.

Piotr leva les yeux au plafond et maugréa. Il n’avait pas besoin de l’intervention du Guide et encore moins des boniments d’un cénobite.

— Tu as terminé ?

— Nous sommes maudits, je le sais, affirma Ki de cet air grave qu’il adorait arborer.

— Tu nous bassines avec ça depuis combien de temps ?

— Tu es jeune. Tu es inexpérimenté et tu es insolent, irrespectueux avec un supérieur.

Piotr se renfrogna.

— Vous n’écoutez pas la parole du Nombre. Même l’IB me l’a confirmé. Nous courrons au désastre.

— Que peut-elle en savoir ? L’IB n’a pas de don de prescience de ce que je sais.

— Pour la sérénité du vaisseau, nous nous devons d’être humbles et reconnaissants. Je suis la voix de la raison.

— La sérénité du vaisseau ? Tu veux dire de ton esprit.

— De nos esprits à tous. Je vais ordonner un recueillement à l’IB pour un instant de communion.

— C’est au capitaine de décider si la chute d’une feuille doit être communiquée à tous. Alors tu devrais…

— Le capitaine, j’en fais mon affaire !

— Ouais… OK ! Allez, retourne à ton monastère, et occupe-toi de l’IB. Et enfile ta combinaison ! Je ne crois pas que le capitaine verrait d’un bon œil la perte d’un autre Guide Spirituel. Tu serais le quatrième…

Ki dévisagea Piotr. Il s’apprêta à déclarer quelque chose puis se ravisa. Il sortit.

Le Gwez-kunduer vérifia l’horloge. La durée avant le prochain saut était de trois heures et vingt minutes. Autant dire qu’il avait du temps pour un examen complet du système de survie de l’Arbre et de l’Arbre lui-même. Un examen pour s’occuper l’esprit et oublier les propos accusateurs du Guide Spirituel.

Avec son scaphandre, cela ne facilitait pas le travail. Ouvrir une simple trappe lui demandait plus d’effort et il avait l’impression que tout se déroulait au ralenti.

Pourtant, les ordres étaient clairs. Ils devaient garder leur combinaison entre deux sauts rapprochés.

Malgré tout, il retira son casque et respira à pleins poumons. C’était une infraction mineure. Pas comme celle de ne pas porter sa combinaison.

Qu’avait voulu dire Ki Vib avec ses prédictions de malheur ? Il avait beau se dire de ne pas y penser, le guide avait réussi son coup. S’insinuer insidieusement dans son esprit et miner ses réflexions, c’était la patte de l’Ecclésia. Bon sang de Guide !

Néanmoins, il ne pouvait se permettre de se laisser emporter par la colère. Il s’imposa, professionnel, de passer en revue, revue détaillée et précise, les 97 Pommes de l’Arbre.

Cette vérification prendrait aisément deux heures de son temps. Cela l’occuperait suffisamment pour ne plus y penser. En tout cas, c’était l’objectif qu’il se fixait.

Ainsi, il se lança dans l’inspection du premier fruit.

Gwezenn bezañ he kêr.


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