Vous avez dit... TABAC?
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Vous avez dit... TABAC?
Le tabac et ses méfaits ont pleinement leur place ici.
Avec l’alcool et la mauvaise hygiène dentaire, il contribue grandement à favoriser la survenue de cancers des voies aériennes supérieures.
Lorsque Christophe Colomb débarque de la Pinta sur le sol du Nouveau Monde en 1492, lui et deux de ses compagnons assistent à ce qu’ils pensent être des fumigations rituelles pratiquées par les habitants de l’île (Cuba). Ces derniers portent à leur bouche des cylindres creux se consumant à leur extrémité et ils semblent prendre du plaisir à en aspirer la fumée et à échanger entre eux leur étrange tube.
Très vite cependant Christophe Colomb et ses amis réalisent que la fumée n’a pas, pour ces Indiens, le caractère sacré qu’ils leur attribuent.
Au fur et à mesure de leur expédition, ils découvrent que les autochtones fument partout, que ce soient des feuilles séchées roulées en cylindres, des pipes où ils aspirent les feuilles allumées par l’intermédiaire d’un tuyau ou d’un roseau. Et que ces inhalations semblent leur procurer beaucoup de plaisir.
Laissons parler Charles Saffray dans son voyage à la Nouvelle-Grenade (1869-1870) :
« Les Gaulois et les Germains humaient la fumée de chanvre brûlé sur des pierres rougies au feu… C’est de la même manière que les Indiens de l’Amérique du Sud faisaient usage du tabac. Oviedo nous le fait connaître dans son histoire des Indes.[…] Ils recevaient la vapeur et fumée grâce à cet instrument, une, deux, trois et plusieurs fois, tant qu’ils pouvaient, jusqu’à ce qu’ils demeurèrent sans aucun sentiment […] Ils appellent cet instrument à deux tuyaux, tabaco et non pas l’herbe ou sommeil qui les prend, comme aucun le pensaient. Nous voyons que le mot tabac vient de l’espèce de pipe des Indiens et non pas de la plante ou d’une île Tabago… Colomb dit d’ailleurs des habitants de Guanuharri qu’ils humaient avec des tubes nommés tabacos la fumée de la plante et la rendaient par la bouche et les narines… »
Les marins ramènent chez eux cette plante qui, très rapidement, se répand dans toute l’Europe parée de toutes les vertus médicinales…
C’est à Jean Nicot en 1560, alors ambassadeur de France à Lisbonne que l’on attribue la responsabilité (le bonheur, diront certains) d’avoir fait entrer le tabac en France. Son intention était louable, car il s’agissait de soigner les migraines de la reine Catherine de Médicis ! *
La jeune veuve d’Henri II qui dirigera le royaume de France avec ses trois fils successivement durant plus de trente ans en pleines guerres de religion, fera de son mieux pour tenter d’apaiser les deux factions. Est-ce cela qui lui vaudra ces maux de tête chroniques. Qui peut le dire ? Toujours est-il que le traitement fut efficace (il s’agissait de poudre de tabac utilisée en prises) et Jean Nicot sera anobli. Des siècles plus tard, l’État reconnaissant érigera une plaque commémorative sur la maison natale de l’ambassadeur à Nîmes.
C’est la combustion des feuilles (ici de tabac) qui relâche les substances cancérigènes.
Lors de l’aspiration, une bouffée de cigarette libère une phase particulaire (ou condensat) faite de goudrons (avec plus de 4000 substances cancérigènes), d’eau et de nicotine et une phase gazeuse avec en particulier du monoxyde de carbone (CO) qui bouche les artères beaucoup plus sûrement et efficacement que n’importe quelle autre pathologie (diabète/hypercholestérolémie…).
Pourquoi des feuilles de tabac ? Parce celles-ci possèdent un pesticide naturel, la nicotine, qui vous rend très vite captif de cette drogue. Toute autre feuille grillée est aussi nocive, mais la nicotine en est absente donc sans intérêt pour nos cigarettiers qui vous aiment et tiennent à ce que vous persévériez dans votre dépendance, et peu importe si elle tue.
On prête à Jeffrey Wigand, ancien vice-président de la recherche et développement du fabricant de cigarettes américain Brown & Williamson, transfuge de l’industrie du tabac, dont le combat pour la vérité a fait l’objet d’un film sorti en mars 2000 sous le titre Révélations, les propos suivants :
Ce qui sépare l’industrie du tabac de l’industrie du crime n’a plus que l’épaisseur d’une feuille… de papier de cigarette !
* Manuel à l’usage des fumeurs invétérés - même auteur