Thich nhat hanh* me l'a enseigné : il faut pratiquer l'arrêt. Arrêter la course, arrêter le combat. Celui de nous battre contre une maladie, des émotions, la tristesse ou la douleur. Car cela ne nous empêche pas de souffrir. Au contraire cela nous éloigne du bonheur du moment présent. Il préconise de s'arrêter de fuir ou de vouloir vaincre pour s'adonner à l'arrêt, et à l'accueil de ses émotions. Douleur tu es là,  je te vois, viens je vais m'occuper de toi. Et de prendre sa douleur dans les bras comme on bercerait un nouveau-né apeuré et sans défense. Il faut accueillir ses émotions et s'occuper d'elles car elles font partie de nous,  elles sont une partie de nous. 

Alors moi, au lieu de me battre contre mes sentiments amoureux, de les chasser, de les excommunier, je vais les accueillir. Quoi de plus noble et beau qu'un sentiment amoureux ? Pourquoi devrai-je avoir honte,  culpabiliser ou être en colère quand l'émoi m'assaille à sa vue ? Je vais accueillir ces sentiments comme faisant partie de moi, et en prendre soin.. Je vais me cajoler me bercer et cela atténuera ma peine. Plutôt que la peine la douceur. Plutôt que la colère la compréhension. Plutôt que l'envie la compassion. 

***

Vous vous en doutez peut-être, mais la pratique de l’arrêt n'a pas fonctionné. Je suis restée engluée dans plusieurs mois de dépression qui ont pu se résorber grâce à la Deep TMS.** 

Mais je reste toujours coincée là, mes pensées se figent sur Lui, mon énergie m'abandonne. Nathalie m'écoute. Je lui dit que je crois que je l'aime, que je sens qu'on est proche, intime. Un peu comme un frère, un alter-ego. Et je souffre de son indifférence amoureuse, bien qu'il me témoigne de l'intérêt sur le plan social. 

Pourtant depuis 4 ans il ne se passe rien, il me l'a dit en face, l'a écrit. Il ne se passera rien.

Nathalie est surprise de ce mot, proche. Comme si je cherchais un double, un miroir rassurant, m'extirpant de l'altérité des miens avec qui je vis depuis si longtemps et qui me coûte à présent.

Alors elle m'a dit tout simplement : -"Et si vous renonciez ?"

J'ai senti comme un mécanisme se déclencher, comme si on avait tourné une clef dans une serrure qui mettait en marche un engrenage qui bloquait tout sur place.

- Renoncer ? Non, impossible, dis-je avec un sourire.

Elle m'a regardé, et j'ai compris que l'enjeu était là. Qu'ai-je donc peur de perdre en renonçant à cette histoire ? Et d'ailleurs qu'est-ce que cette histoire raconte pour moi ? Quels échos du passé réveille-t-elle ?

J'ai cherché la définition du mot renoncement. Ce fut très instructif. Ça m'a parlé. 

Par exemple " Fait d'accepter que quelque chose ne se fasse pas, d'abandonner un projet." et aussi " Fait de cesser de revendiquer un droit, un avantage, de ne plus défendre ce à quoi l'on tient, de cesser volontairement de poursuivre un effort".

Tout au fond de moi, il y a 1% qui croit que je peux avoir l'ascendant sur lui et le faire craquer, le faire abandonner ses propres valeurs et tout ce à quoi il tient le plus. Ce 1% pense que je peux avoir le pouvoir sur lui, sur sa chair ou son esprit (alors que c'est lui qui a le pouvoir sur moi en tant que chef et en tant qu'être inaccessible), et le rendre malléable, faible, vil, le contraire de ce qu'il est et de ce pour quoi je l'admire. Parce qu'au fond, j'ai la folie de penser que je rayonnerais d'une force surpuissante qui me rendrait invincible et irrésistible, et qu'une fois brisé, je me détournerai de cet homme qui ne mériterait désormais plus mon attention. Je me prends pour une salope de sirène. Les sirènes qui dévoraient les marins fidèles compagnons d'Ulysse.

Et pour moi, renoncer à gagner, cela signifie perdre, pas besoin de dictionnaire. Mais perdre quoi bordel ? Je n'ai rien. Rien gagné, rien obtenu de lui, que des simulacres de flirt qui sonnaient creux. Je n'ai que l'espoir que quelque chose d'impossible arrive, quelque chose d'irréel, d'idéal. Pourquoi m'attacher autant à cette illusion ? 

Donc, pour en finir avec cette non-histoire, j'ai décidé de faire une séance de kinésiologie pour me permettre d'accepter de renoncer à ce à quoi je m'attache, à lâcher prise et enfin passer à autre chose.

Thích Nhất Hạnh

est né le 11 octobre 1926 à Hué (Vietnam) et mort le 22 janvier 2022, est un moine bouddhiste vietnamien et un militant pour la paix. Il est l'un des maîtres bouddhistes les plus connus en Occident après le Dalaï-lama - notamment pour ses messages de paix, ses engagements contre la guerre du Viêt Nam ainsi que sa contribution à populariser le concept de pleine conscience.

Thích Nhất Hạnh se réfugie en France en 1966. En 1967, Martin Luther King le nomme pour le prix nobel de la paix. 

En 1982, Thaï et soeur Chân Không ont établi le monastère du village des pruniers, un monastère en Dordogne, dans le sud de la France.

Le village des pruniers est le plus grand monastère bouddhiste d'Europe et d'Amérique, avec plus de 200 moines et plus de 10 000 visiteurs par an.

*** La stimulation magnétique transcrânienne (ou TMS, abréviation de l'anglais : Transcranial Magnetic Stimulation) est une technique médicale de stimulation transcrânienne utilisée dans le diagnostic et dans le traitement de certaines affections psychiatriques et neurologiques.