Nous disions donc qu'une famille comme celle de Mike Horn semble bien prouver qu'il est possible d'être un aventurier et un explorateur et d'avoir en même temps une famille unie - à condition, bien entendu, que la famille en question "joue le jeu", s'unisse et se solidarise autour des projets de l'aventurier en question.

Évidemment, même lorsque cela semble à première vue être le cas, une majorité de gens ordinaires resteront sceptiques à ce sujet et préfèreront croire qu'en réalité, dans de tels cas, l'entourage familial fait plutôt contre mauvaise fortune bon cœur, qu'en cas d'interview il fait bonne figure pour sauver les apparences mais qu'en réalité tout le monde lave son linge sale en famille sans le montrer pour autant à l'extérieur, et que l'entourage familial se résigne en réalité et s'arrange pour s'accommoder de la situation parce qu'il estime soit ne pas pouvoir la changer, soit qu'il s'agit de la solution la "moins pire" comme on dit aujourd'hui. Ou alors, ajouteront cette majorité de gens ordinaires, c'est que ledit entourage familial est aussi inconscient, autant dans le rêve et dans l'exaltation et aussi peu dans la réalité et dans la lucidité que l'aventurier lui-même, et pas du tout dans la responsabilité, parce que dans la majorité des cas, c'est la naissance des enfants et les charges, obligations et responsabilités qui viennent avec qui remettent beaucoup de choses en question à ce niveau-là, parce qu'en principe, élever un ou plusieurs enfants demande deux parents présents et un minimum de sécurité matérielle, et que tout cela est en principe par nature incompatible avec une vie aventureuse, donc dangereuse et matériellement aléatoire. Et avec au moins un parent plus souvent absent que présent.

La majorité des gens ordinaires feront à ce sujet le rapprochement avec les créatifs en tous genres qui, à moins de rencontrer le succès dont beaucoup rêvent mais que peu atteignent, exercent - et doivent bien exercer - un autre métier plus classique à côté ne serait-ce qu'histoire d'avoir des revenus assez élevés et assez constants pour les assurer de pouvoir payer leurs courses, leur loyer, leurs charges, leurs factures et leurs traites - et aussi les frais générés par leur activité. La même chose peut être dite des entrepreneurs débutants - à moins qu'ils disposent déjà d'une fortune personnelle et d'un capital de départ, ce qui, on s'en doute, est loin d'être le cas de tout le monde. Si à leurs débuts les aventuriers font de même, il est indéniable que leur priorité sur le plan matériel sera de mettre de l'argent de côté pour financer leurs expéditions et leurs aventures - et que cela peut très facilement entrer en conflit avec les attentes de partenaires qui ont des projets de vie moins ambitieux et surtout plus ordinaires et plus classiques, et qui préfèreront la sécurité d'un salaire (et une présence plus constante à leurs côtés quitte à se contenter d'un salaire moins élevé) aux risques d'une entreprise, quelle qu'elle soit, et particulièrement à ceux de l'aventure. 

C'est là que l'on commence à comprendre pourquoi et comment entrepreneurs, créatifs, chercheurs, inventeurs et aventuriers, quand ils (ou elles) ont réussi, ne manquent jamais de remercier avec émotion leurs partenaires et leurs entourages non seulement pour leur inspiration, mais aussi et surtout pour leur soutien sans faille. C'est déjà suffisamment difficile de se lancer dans de tels projets tout(e) seul(e), mais si en plus il faut gérer une opposition plus ou moins ouverte (ou plus ou moins larvée) de la part de ses proches, les conflits (ou le malaise) qui en découlent et la culpabilisation qui s'ensuit, cela devient carrément infaisable ! 

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