Le chemin de la Vérité
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Le chemin de la Vérité
19 juin 2022
La Vérité. Voilà bien un autre mot, comme l'Amour, utilisé à tout escient et par tout le monde, regroupant tout et son contraire, source de nombreuses prétentions et confrontations entre les Hommes, et pourtant aussi source d'une aspiration profonde en chacun de nous !
Alors, puis je m'atteler à parler de ce sujet si essentiel sans risquer de tomber dans les pièges de la prétention moi-même ? Je vais m'y essayer en tout cas, avec modestie autant que faire je peux, puisqu'il s'agit bien là aussi d'un des objets de ce voyage dont je vous ai évoqué la teneur au premier article.
La vérité, l'authentique vérité, est à mon sens avant tout une impression que l'on éprouve au plus profond de soi, à la fois dans ses tripes dans son cœur et dans sa tête, dans une relation humble et sincère à nous même.
Elle s'impose à nous comme une évidence, une sorte de révélation qui nous prend, ce que moi j'appelle communément mes insights, ce que d'autres appellent l'intuition. Elle éclaire sous un jour nouveau quelque chose qu'antérieurement nous n'avions pas ou mal compris, peut-être trop pris le nez dans le guidon, peut être aveuglés par nos propres peurs, la fierté de notre égo, notre attachement à ce que nous avons, nos idées, l'image que nous voulons nous donner à nous même ou aux autres.
Elle amène une prise de hauteur, un élargissement du cadre de la perception et de la pensée, une ouverture à une dimension un peu supérieure de notre expérience de vie.
En ce sens, il me semble que toute vérité, in fine, est bonne à dire ou à s'avouer. Elle est porteuse de lumière, de lucidité, de discernement, d'une relation plus saine avec nous même et avec le monde qui nous entoure.
Mais elle peut être également très confrontante et douloureuse à vivre et à entendre, et nécessite donc pour être entendue, acceptée et appréciée à sa juste valeur, une extrême douceur, une extrême bienveillance, une infinie précaution, tels les gestes du soignant qui veut retirer une épine bien enfoncée dans le pied de son patient. (Petit clin d'oeil à toi, Gillou, le jour oy tu mas retiré mes epines d'oursin...😅)
Elle nécessite également une relation de confiance, confiance dans l'autre s'il est porteur de cet éclaircissement, confiance en soi si c'est nous vis à vis de nous même, confiance en la vie, en son harmonie et sa luminosité, et donc en sa qualité purificatrice de nos maux et souffrances.
Elle nécessite enfin une attitude de profonde humilité et sincérité, car elle n'est pas toujours agréable et facile à entendre.
Je me souviens de ma chère mère, (Maman, si tu me lis ! ;-)) que j'étais venue interpeller une nouvelle fois (fils ingrat..) à propos d'un sujet qui me tenait particulièrement à cœur. Elle avait alors observé un silence, puis m'avait dit : « Mon Doudou...Tu sais que tu es vraiment énervant des fois ! Il faut toujours que tu viennes mettre le doigt pile poil là où ça fait mal. Et tu sais ce qui est encore plus énervant ? C'est qu'en plus tu as raison. » S'en est suivi une discussion profonde et émouvante à la terrasse de ce café, empreinte de confidences personnelles, et depuis, je trouve qu'elle a beaucoup évolué et que l'intimité de nos rapports s'est nettement améliorée.
Alors, dans le rapport à l'Autre, il faut savoir trouver les mots pour l'énoncer. Les mots justes, la forme juste, le contexte et le moment appropriés, pour ne pas braquer notre interlocuteur, et risquer obtenir l'effet complètement inverse de celui auquel nous aspirions, une cristallisation et un renfermement plutôt qu'une ouverture et une dissolution des erreurs pointées.
Je sais que je peux paraître un peu brusque des fois, parfois très direct, sans détours, sans concessions. « Tu es tel un éléphant dans un magasin de porcelaine » m'a t on dit récemment. Et cela me désole profondément, de pouvoir donner parfois l'impression d'être tiraillant voire persécutant, car là n'est tellement pas mon intention ! Cela me pousse en permanence à essayer d'évoluer et de m'améliorer à ce sujet, sans pour autant devoir me renier, soyez en assurés.
Je sais aussi d'un autre côté qu'à trop vouloir mettre les formes, à trop vouloir ménager, à utiliser des voies indirectes, des allusions disséminées, des suggestions ou des métaphores ; bref, à pêcher par excès de prudence pour ne surtout pas blesser l'autre, le message profond peut s'en trouver dénaturé, noyé dans un brouhaha de mots qui en perdent alors leur substance et leur sens. Ce brouhaha envahissant est là aussi un autre de mes défauts, témoignant probablement d'une anxiété de fond, d'une agitation et d'une confusion des idées qui prennent forme en moi au fil de la discussion, d'un manque d'assurance aussi, et je m'excuse pour toutes les fois où je vous ai soûlé de mon flot de paroles, au détriment de vous écouter, vous aussi, dans la part de vérité qui était la vôtre. Le juste geste est certainement celui qui, après avoir installé la personne dans de bonnes conditions, retire l'épine d'un mouvement sec et précis, sans fioritures. J'ai encore beaucoup à m'améliorer à ce sujet, en apprenant à apaiser le tourbillon de pensées qui peut alors m'animer.
Enfin, je sais aussi qu'il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, et que pour celui là, il me faut accepter mon impuissance à pouvoir lui apporter quelque chose, et respecter la liberté de son choix, même si c'est de continuer à marcher avec une épine dans le pied. Peut être est ce trop confrontant ou obscur pour lui actuellement. Peut être doit il passer par d'autres étapes avant. Peut-être n'est ce simplement pas le bon moment pour lui. Tempérer l'âme de sauveur qui est en moi. Apprendre à me faire, même si je vois clair. Accepter que l'Autre a d'abord et avant tout à découvrir sa propre vérité par lui-même, suivant son propre chemin.
Et pour chacun, il s'agit je pense de trouver l'équilibre entre ce que nous avons à réaliser par nous même, et ce que l'échange et le partage dans la relation avec l'Autre/aux autres peut en même temps nous apporter et nous éclairer, dans notre recherche de compréhension. Un vaste sujet.
La démarche est exactement la même quand il s'agit d'écouter notre vérité pour nous même. Nous pouvons la nier, la rejeter, la décrier, la déplorer, l’abhorrer ; éprouver de la tristesse ou de la colère ; essayer de négocier avec elle, trouver un compromis acceptable entre nos désirs et attachements et ce qu'elle nous dit de nous ; mais rien n'y fait. Tant que nous n'adoptons pas une attitude humble et sincère d'acceptation de cette vérité qui s'impose à nous, elle continuera d'être pour nous une épine dans le pied. Une attitude néanmoins qui se doit d'être empreinte de tendresse et de bienveillance envers nous même, reconnaissant que nous sommes avant tout humains, et que c'est le propre de la condition humaine que de faire et reproduire les mêmes erreurs, jusqu'à comprendre et apprendre la manière appropriée de nous tenir sur nos deux jambes, pour pouvoir avancer sur le chemin de notre existence.
Tel est précisément le travail que nous réalisons avec l'Ayahuasca ! C'est une mise en relation sans concession avec les vérités qui nous animent intérieurement, les sublimes et extraordinaires autant que les douloureuses et sources de nos souffrances, pour nous donner la possibilité, si nous en trouvons le courage, de retirer une à une les épines que nous avons dans les pieds. Et nous sentir ainsi progressivement libéré de ces boulets que nous trainions depuis on ne sait combien de temps, pour pouvoir progresser plus agréablement sur le chemin de notre propre vie.
Il me semble important pour conclure d'évoquer aussi ceci : il n'y a de vérités que relatives, sinon celle absolue du Tout qui, par essence, est indicible, ne peut être enfermée dans des concepts ou des mots, ne s'approche qu'en l'éprouvant dans nos propres expériences de vie en relation avec ce qui nous entoure (cf l'article sur l'art d'aimer : l'amour de Dieu).
Bien prétentieux est celui qui, fort d'une vérité qu'il aurait perçu, l'érige en vérité intangible, en certitude ! Celle-ci devient alors un dogme, une forteresse impénétrable, une source d'intolérance et d'imposition de son point de vue aux autres. Elle enferme la vérité dans une structure psychorigide qui ne sert qu'à nourrir notre égo, elle va à l'encontre même de sa véritable nature qui est une attitude d'ouverture, de tolérance et de rencontre.
Une vérité est donc relative en ce sens qu'elle doit toujours pouvoir être requestionnée, remise en cause, élargie et ajustée dans un cadre plus vaste. La juste attitude repose ainsi sur notre propre capacité, aussi inconfortable soit elle, à douter. Douter pour faire grandir et évoluer ce que nous comprenons du monde qui nous entoure, des autres, et de nous même. Là encore, l'humilité est une qualité essentielle à ce processus de maturité. (A noter que cette question du doute est au fondement de la connaissance philosophique, mais aussi scientifique).
C'est ainsi, dans cette démarche de vérité et de sincérité, que nous pouvons aller véritablement à la rencontre de l'Autre et de Nous Même, dans la profondeur et l'authenticité de ce qui nous anime intérieurement.