Un maux
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Un maux
Un mot m’a raconté tu sais.
Un mot m’a raconté ton secret.
Il était fin et flou aux alentours peut-être, mais je voyais bien que la courbe de ses lettres tentait de nous parler d’un jour sans queue ni tête.
Un mot m’a raconté tu sais, ton velours quand je te vois disparaître.
Je l’ai entendu une fois par mégarde en passant par la gare, sous les rails de ce train qui, après une longue nuit, s’enfuit vite au matin.
Il était grand à l’intérieur mais le point sur son « i » avait la petitesse de celui qui n’ose pas se le dire.
Oui.
Oui à la vue que l’on vit les yeux clos pour imaginer encore ce qui pourrait être beau.
Un mot m’a raconté ce que tu fuis, ce que tu sais, ce que je suis.
Il a murmuré à mon oreille au creux de l’oreiller pendant que tu dormais, la paume de ta main si bien installé sur la forme de mes seins.
Je lui ai dit de s’en aller car il était trop tôt pour que j’y crois mais il a brillé dans le noir pour me rappeler mes déboires.
Trou de mémoire.
J’ai murmuré que non ça je ne le voyais pas, car tu avais le rire de l’homme qui soupire de devoir ressentir.
Pour moi.
Pour moi.
Un mot m’a raconté, ce que tu essaies de me cacher.
Il était élancé à reculons pour tenter en vain de masquer l’éruption.
Un mot m’a raconté ce que tu essaies de te cacher.
De son aplomb il avait le canon du cœur en fusion qui essaie de se dire non (dis moi, en perds-tu la raison ?).
Fou d’être ce qu’il est alors il a prit tous mes tords pour que je me ronge en remord, et voilà que je me tord pendant que toi tu dors peut-être encore.
Un mot m’a raconté c’est vrai, que si jamais tu restais si près, c’est bien car un jour tu pourrais t’en aller si loin, si loin.
C’est bien car un jour tu pourrais me quitter.
« Je ne t’attendrai pas éternellement ».
Voilà ce que ce mot m’a dit, en dépeignant un tremblement.
Il a ouvert si fort la bouche que le son de sa voix a résonné plus d’une fois, en moi, en moi.
Moi, aveuglée par la fumée du grand froid, pour que je comprenne que oui, si tu es toujours là, c’est bien car tu veux le rester.
C’est vrai, c’est vrai.
Car si bien tu t’en serais allé.
C’est là que ce mot m’a tout raconté.
Ce n’est qu’un petit mot mais je l’ai vu grandir (c’est sot) à la manière d’un marmot :
« Toi ».
« Toi ».
Inscris en tout petit, tu t’es certainement dit que tu saurais comment ne pas te sentir envahi.
« Toi ».
« Toi ».
Dans sa poussée de croissance tu l’as vu prendre un contre-sens qui t’a coûté l’innocence.
« Toi ».
« Toi ».
Voici le mot interdit, celui qui finalement m’a tout dit.
Mais moi, je suis prête aujourd’hui.
Mais moi, ce que je veux c’est que tu en aies envie.
Alors au diable le passé que je passe à trépasser !
Car un mot m’a raconté c’est vrai,
Un mot m’a raconté qu’enfin en secret tu m’aimais.
Amelie Rollet hace 3 meses
Des frissons m'ont parcourus en lisant, bravo .
Solenn M hace 3 meses
oh merci beaucoup 🥹