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Poésies incandescentes

Poésies incandescentes

Publicado el 3, dic., 2024 Actualizado 3, dic., 2024 Poetry and Songs
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Poésies incandescentes

Le flambeau


Endormi

jusqu’au crépuscule de ma vie,

comme une montagne

paisible, en apparence.

Éteint par le vent, par la pluie,

par l’érosion toujours,

et le temps qui avance…

N’aurais-je pu, un jour,

déverser sur les pages,

le flot ardent d’une colère littéraire ?

Les rimes magmatiques d’une rage enfouie ?

N’aurais-je pu, dès l’aurore,

exploser sans remords

et déverser mon fiel en torrent de lave ?

Être brave ?

Me battre pour une cause, quelque chose,

comme ces montagnes bouillantes,

qui grondent en leur ventre

toutes les aigreurs du monde ?

À présent que mon soleil s’abaisse par-delà l’horizon,

que mes vaines fumerolles ne donnent guère d’éruptions,

j’use de mes mains, creusées comme des terres arides,

pour secouer un peu les volcans d’aujourd’hui,

faire trembler,

par mes vers,

les geysers endormis.

Ne sentez-vous donc pas les remontées acides que provoque cette époque ?

N’entendez-vous donc pas les paroles insipides des vendeurs de breloques ?

Tremblez, mes montagnes !

Faites péter les bouchons

des bouteilles de champagne de la révolution !

Grondez, mes fournaises !

Soyez incandescences !

Purifiez par la braise

la Terre souillée de nos silences.




L’allumette


La flamme est fragile et condamnée.

Un jour où l'autre, y aura plus de poésies.

Ils sont des millions à lui souffler dessus,

à vouloir l'éteindre d'une gouttelette d'urine

ou que sais-je...

Moi

je tiens l'allumette,

j'me brûle les doigts

mais je ne lâche pas.

J'ai plus que ça pour y voir clair

dans leur obscurité...




Flamme


Oh ma flamme...

Allume-moi!

Embrase-moi !

Braise-moi!

Qu'il ne reste que des cendres...




La tour de Sauron


J’ai l’œil qui brûle

au sommet de la tour

de t’avoir vu pleurer dans un coin de la cour,

sur ta Terre,

au milieu des moqueries incessantes

de gobelins malicieux, créatures malveillantes.

J’ai la rétine qui crame

sous une rivière de flammes

tant il est déchirant d’entendre le vacarme

de la triste bêtise d’une horde de nains

singeant la cruauté dont ils furent tous témoins.




La flèche de Notre-Dame


Remplacé par la technologie, oublié,

je n’ai plus que mes cieux pour pleurer.

Sonneur de cloche, bien moins moche

que cette tragédie :

1000 ans d’Histoire dans la fumée, consumés.

La flèche de Notre-Dame est tombée

par les flammes, emportée.

Et moi,

pauvre diable sans église,

je prie pour que mes larmes amenuisent

l’appétit du démon des enfers

avant qu’il ne dévore la dame de pierre.

Je n’ai plus cœur à faire sonner la Marie,

et Marie pleure d’avoir perdu un ami

au nom d’une modernité sans âme

qui comme souvent condamne

le beau au profit de l’infâme.

Quasimodo n’a plus sa place à Notre-Dame

et la cathédrale est en flammes…




Braise-moi


Calcinés tous deux

sur un sol charbonneux, rougeoyant

comme les yeux de celui qui s’oublie

dans les limbes.


Calcinés tous deux

dans la fumée crachée

par le désir ardent,

que le souffle et le soufre

nous nimbent.


Calcinés tous deux,

calcinés mais heureux

de se laisser brûler par les sens.


Calcinés tous deux,

consumé contre toi,

braise-moi jusqu’à l’incandescence.




Allume-moi


Libère tes ardeurs.

Allongé sur un lit de cendre,

l’altitude me fait peur

mais je refuse de descendre.

Brûlés de l’intérieur,

nos deux corps ne font qu’un.

Feux de forêt dans mon cœur,

douce chaleur dans le tien.


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon âme, incendie-moi !

Toi la flamme, embrase-moi !

Fais-moi partir en fumée…


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon âme et mon esprit !

Toi ma flamme, embrasse-moi 

dans la chaleur de ce brasier.


La nuit nous appartient.

Toi et moi au bord du monde.

Inhibe mes sens un par un,

qu’importe si la Terre s’effondre.

Suffoque et pleure, tousse et meurs !

Viens en moi si tu préfères.

Et durant des heures et des heures,

consume chaque lambeau de ma chair.


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon âme, incendie-moi !

Toi la flamme embrase-moi !

Élève-toi dans la fumée…


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon âme et mon esprit !

Toi ma femme envahis-moi !

Que nos ébats n’en finissent pas.


S’il est une braise ardente

qui jamais ne pourra s’éteindre,

si cette baise est indécente,

ne cessons jamais de nous étreindre.

Mets le feu à nos amours,

qu’ensemble nous nous brulions les ailes.

Explosons, tour à tour,

nos cœurs en millions d’étincelles.


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon âme, incendie-moi !

Toi ma flamme embrase-moi !

Fais-moi partir en fumée…


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon être et mon esprit !

Toi ma flamme qui flamboie,

offrons l’enfer au paradis.


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon âme incendie-moi !

Toi la flamme embrase-moi !

Qu’il n’en reste que des cendres…


Allume-moi, allume-moi !

Crame mon corps, incinère-moi !

Toi, ma femme, disperse-moi 

aux quatre coins du monde.




Cancer qui gêne


Peux-tu prendre

ma fâcheuse tendance à tout gâcher

et la rouler,

l'allumer.

Et l'avaler jusqu'au filtre.

La recracher, éventuellement,

pour pas qu'elle te brûle les organes.

Je ne voudrais pas que tu prennes feu.

Et si tu ne peux pas,

si tu ne veux pas

me soustraire de ma dépendance au chaos,

alors tire-toi

parce qu'un jour où l'autre

ça finira par te péter à la gueule

et t’encrasser bien plus

que tes foutus poumons.




Cendres et fumée


Je suis arrivée devant chez moi, près du fleuve enflammé par la chute du soleil. Je décide de me griller une dernière cigarette avant de monter dans ma piaule. Je sors le briquet, la flamme vacille quelque peu sous le vent. Je dois m’y reprendre à deux fois. J’embrasse mon incandescente avant de l’embraser. Elle rougit tandis que je l’aspire, l’avale. Elle brûle, crépite, et nous nous consumons toutes les deux. Je ferme les yeux, et imagine ma compagne sous les traits d’une gitane qui danserait sur mes lèvres. Elle est belle mon Esmeralda, dans sa robe virevoltante. Elle est belle, mais elle sent la mort, un parfum de fin du monde. Et doucement, lentement, elle m’assassine, la gitane. Sournoisement, elle m’invite dans sa valse enfumée, et me tue à petit feu. Je la sens m’envahir, calciner ma chair de l’intérieur. Je sens la chaleur de sa jeunesse éphémère. Elle qui vient juste de naître et qui déjà s’éteint. Triste danseuse, triste gitane, tirée puis jetée comme tant d’autres. Jamais unique et aisément remplaçable, ma gitane, comme tant de baladines, d’incandescentes…


Et moi, je suis comme cette cigarette. Une ardente ballerine que l’on allume, embrase et consume, et puis qu’on jette, qu’on oublie et qu’on remplace par une autre bohémienne, tandis que je refroidis au fond d’un cendrier ébréché, d’une canette vide ou d’une foutue coquille d’huître pour qui la grande salée n’est plus qu’un vague souvenir. Cendres et fumée… ni plus ni moins. Alors j’attends la brise, la petite bourrasque qui m’emporterait loin de ma sombre tombe où je végète depuis des lunes. Retourner à la terre et puis un peu aux cieux. Et retrouver l’amour perdu, le véritable. Le seul que j’ai connu, et dont je porterai le prénom sur la peau jusqu’à mon ultime combustion. Le rejoindre, où qu’il soit, en haut, en bas, qu’importe le lieu. Mon âme se contentera de peu tant qu’elle retrouve la sienne. [...]




Incandescence


Je veux rejoindre mes sœurs lumières

au sommet de la perche.

Qu'on m'embrase la mèche

qui consume la chair.

Lanterne gardienne,

chasseuse de démons

au cœur de la nuit ;

qu'Akuma quitte Akita

et réveille les endormis.

Je veux que l'on m'allume,

que l'on me porte.

Je veux effleurer la lune

qui nous escorte.

Qu'on m'enflamme,

qu'on me danse,

être femme,

"Incandescence".





Puissions-nous préserver la flamme « Poésie » du souffle « Violence » de l’indifférence.


Oren

''Le flambeau'' - texte inédit (2024)

''L'allumette'' - texte inédit (2024)

''Flamme'' - extrait de ''#Pleurnicheries - Poésies des réseaux'' (2024)

''La tour de Sauron'' - extrait de ''#Pleurnicheries - Poésies des réseaux'' (2024)

''La flèche de Notre-Dame'' - extrait de ''#Pleurnicheries - Poésies des réseaux'' (2024)

''Braise-moi'' - extrait de ''#Pleurnicheries - Poésies des réseaux'' (2024)

''Allume-moi'' - extrait de ''Nous n'irons plus voir la mer'' (2024)

''Cancer qui gêne'' - extrait de ''Journal d'un poète de fond de bouteille'' (à paraître 2025)

''Cendres et fumée" - extrait de ''Nuit de débauche au royaume des artistes torturés - partie 2'' (à paraître 2024/2025)

''Incandescence'' - extrait de ''Akiko, mémoires d'une fille d'automne'' (à paraître 2025/2026)

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